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Nazisme Et Islam

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ent au Maroc. La seconde solution concernait Israël, en profitant de l’existence d’un yishouv juif. Les exigences nazies comportaient aussi le paiement d’une rançon par individu juif, qui rendit le départ massif de Juifs vers Israël virtuellement impossible.

Cependant, ce furent les Arabes et non les Sionistes qui amenèrent les Nazis à revoir leur position « pro-sioniste ». Entre 1933 et 1936, 164 267 immigrants juifs arrivèrent en Palestine. dont 61 854 au cours de la seule année 1935 . La minorité juive se développa jusqu’à passer d’une proportion de 18% de la population en 1931, à 29,9% en décembre 1935, de sorte que les Sionistes purent envisager qu’ils constitueraient la majorité de la population dans un futur assez proche.

Les Arabes réagirent très vite face à ces statistiques. Il n’avaient jamais accepté le mandat britannique sur la Palestine et son but déclaré d’y créer un foyer juif. Dès 1920 et 1921 eurent lieu des émeutes. En 1929, après une série d’échauffourées entre Juifs et Arabs au Mur du Kotel, les musulmans massacrèrent plus de 135 Juifs, les Britanniques faisant à peu près autant de victimes chez les Arabes. La politique des Arabes de Palestine suivait une logique de clan. Le clan le plus nationaliste était celui des Husaynis, sous l’égide du Mufti de Jérusalem, al-Hajj Amin al-Husayni. Très pieux, il se méfiait aussi de toute réforme sociale qui pourrait mobiliser la masse paysanne illettrée des paysans Arabes palestiniens.

Il se mit donc en quête d’un soutien extérieur pour contenir des soulèvements internes. Son choix se porta sur l’Italie.

Cependant, le projet allemand pour créer une réserve de Juifs, ainsi que la présence de troupes allemandes en Egypte, favorisèrent la prise de contact des nazis avec le grand Mufti de Jérusalem pendant la guerre.

1. La rencontre d’intérêts

Le Mufti avait, quant à lui, ses propres visées sur les possibilités offertes par sa collaboration avec le régime nazi. La photo ci-contre le montre lors de l’une de ses rencontres avec Hitler.

Le 21 Juillet 1937, il décida de reserrer ses liens avec l’Allemagne en rendant une visite officielle au Consul général allemand Döhle en Palestine.

Il présenta son soutien en faveur de la politique menée par l’Allemagne, en déclarant « qu’il voulait savoir jusqu’à quel point le Troisième Reich était prêt à soutenir le mouvement arabe contre les Juifs ». Bien que les Allemands aient officiellement refusé de changer leur politique, ils décidèrent de porter plus d’attention à la Palestine. La révolte arabe de 1936-1939 avait déjà bénéficié de l'appui direct, financier et militaire, de l'Allemagne et de l'Italie. Les Archives du Haut Commandement de l'armée allemande saisies à Flensburg après la deuxième Guerre Mondiale avaient livré un rapport selon lequel "seuls les fonds mis à la disposition du Grand Mufti de Jérusalem par l'Allemagne lui avaient permis d'organiser la révolte de Palestine."

En septembre 1937, deux jeunes officiers SS, Karl Adolf Eichmann et Herbert Hagen, furent envoyés en Palestine, « afin de se familiariser avec le pays et son mode de vie, et d’établir des contacts avec les gens », dont le Mufti. Il y eut donc rencontre entre ces représentants du régime nazi et les représentants du Mufti. Leurs tractations constituaient, en fait, les préliminaires de la liquidation "à l'allemande" du Foyer National Juif en Palestine. La presse arabe de l'époque s'associait au "Martyre du peuple allemand sous le joug de la juiverie internationale". Des portraits d’Hitler, Mussolini et des drapeaux nazis, étaient fréquemment arborés par les populations arabes.

Bien que le Mufti ait échappé à plusieurs arrestations des autorités britanniques, il se refusa à se réfugier parmi les Libanais musulmans, il se trouva bientôt investi par le Reich de la fonction d’agent de l’Allemagne nazie en Palestine. Ce rôle devait parfaitement lui convenir, car, selon Brenner, un spécialiste de l’histoire de cette période, le Mufti figurait parmi les bénéficiaires des salaires versés par Abwehr II, la division allemande de sabotage et de la contre-intelligence. Yisraeli, quant à lui, estime que le Mufti commença à percevoir de l’argent allemand dès 1936 ( David Yisraeli, 'Germany and zionism', Germany and the Middle East, 1835-1939). En 1938, Abwehr II avait pour plan de livrer des cargaisons entières d’armes au Mufti, par le biais de l’Arabie saoudite et de l’Irak. Les transferts furent annulés devant les vives protestations des Britanniques.

Comme les forces de l’Axe ne pouvaient s’immiscer plus avant dans la politique en Palestine, ce fut l’Irak qui devint victime de ces alliances à travers l’organisation massive du Mufti. Les Irakiens en firent un héros national, et il établit son quartier général à Bagdad. Le gouvernement irakien finança ses activités, ainsi que ses nombreuses « oeuvres de charité », établissant des taxes particulières touchant les officels irakiens, ainsi que des donations aux Arabes palestiniens. S’ajoutaient à tout cela de très importantes contributions émanant de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Arabie saoudite, et de l’Egypte. Tout cela permit au Mufti de vivre très confortablement tout en menant sa propagande contre les Juifs et les Anglais.

Sa propagande consistait à établir un groupe d’officiels irakiens en faveur de l’Axe. Au début de 1941, le Mufti et le « Cercle d’Or » d’officiers de l’armée irakienne pro-allemands, menés par Rashid Ali, forcèrent le premier ministre irakien, Nuri Said Pasha, pro-britannique, à démissionner. En mai, il déclara le jihad contre la Grande Bretagne. Cela signifiait que les Musulmans, ou du moins ceux qui décidaient de suivre son édit, étaient tenus de combattre l’Angleterre, « ce grand ennemi de l’Islam. » Le coup en faveur de l’Axe fut d’une efficacité limitée dans le temps. En quelques mois, les troupes britanniques écrasèrent la rebellion, et le Mufti dut disparaître à nouveau, cette fois pour l’Allemagne, en passant par l’Iran, la Turquie, et le bureau de Mussolini à Rome.

[pic]

Le Grand Mufti de Jérusalem Haj Amin el-Husseini passant en revue les troupes musulmanes bosniaques – une unité des "Divisions Hanjar (Sabre) » de la Waffen SS, qu’il avait personnellement recrutées pour Hitler

2. Le Mufti à Berlin

Le Mufti avait accusé les Juifs irakiens d’avoir été à l’origine de l’échec du coup d’État en Irak. Il traita les Juifs de « cinquième colonne de l’Irak », eux dont les ancêtres étaient installés dans ce pays depuis l’exil de Babylone. Des soldats irakiens et des civils convaincus par le Mufti, attaquèrent les Juifs qui s’étaient rassemblés en public pour accueillir le nouveau gouvernement. Les conséquences furent terribles : 600 Juifs furent tués, des milliers blessés dans le Fahrud, et 586 magasins et hangars vandalisés et pillés. Une commission d’enquête, nommée par le gouvernement irakien, découvrit que Haj Amin avait été l’une des personnalités instigatrices du pogrom. Comme sa politique avait progressivement consisté à accuser les Juifs des maux dont souffrait le pays, nulle surprise qu’il se soit allié au gouvernement nazi à Berlin.

Le 20 Novembre 1941, le ministre allemand des affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop, le reçut à Berlin. Leur conversation fut un préalable à la conversation du Mufti avec Hitler. Les thèmes abordés furent rapportés fidèlement dans le carnet de notes de Ribbentrop et dans le journal personnel du Mufti :

« Le Mufti.... Les Arabes sont les amis naturels des Allemands... C’est pourquoi ils sont prêts à collaborer avec l’Allemagne de tout leur coeur et à participer à une guerre, non seulement de façon négative, en commettant des actes de sabotage et en instigant des révolutions, mais aussi positivement, en formant une légion arabe. Dans cette lutte, les Arabes se battent pour l’indépendance de la Palestine, de la Syrie, de l’Irak... Le Führer avait, quant à lui, l’intention de demander aux nations d’ Europe de régler l’une après l’autre leur propre « problème juif » et d’adresser le temps venu le même message aux nations non-européennes...

L’échange était clair : une fois les armées entrées dans le Caucase, Hitler se débarrasserait de tous les Juifs est-européens, et le Mufti devait quant à lui obtenir le soutien des Musulmans des Balkans, et des républiques soviétiques où ils constituaient des groupes importants. Puis Hitler « libèrerait » les peuples arabes qui souhaitaient leur indépendance et les aiderait à exterminer les Juifs du Moyen Orient.

En fait, des documents découverts récemment par la BBC montrent qu’un parachutage de commando eut même lieu, devant aboutir à l’établissement d’une base, espionnant, et travaillant au recrutement de combattants palestiniens avec l’or nazi. Le groupe était sous le commandement du Colonel Kurt Wieland, un arabisant qui connaissait bien la Palestine. Le projet échoua après que le parachutage, en Octobre 44, ait eu lieu bien trop au Sud de Jéricho (le pilote, perdu, parachuta les

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