Nelly Arcan Analysedu roman : Putain

Dissertation finale

Putain

Par

Catherine Dumoulin

Travail remis à

Audrey-L. Lessard

Enseignante

Dans le cadre du cours 601-102-MQ

Littérature et imaginaire

Groupe 60105

Cégep de Saint-Hyacinthe

14 juillet 2021

Nelly Arcan est une auteure québécoise qui a fait parler d’elle dans la première décennie des années 2000. Elle s’est fait connaître pour son premier roman d’autofiction en 2001 intitulé Putain. La protagoniste du récit est une escorte nommée Cynthia, en l’honneur de la grande sœur décédée de l’auteure. Elle parle de son enfance, de sa relation avec ses parents, de ce qui l’a amené à travailler comme escorte durant ses études universitaires en littérature. Elle parle aussi de son rapport avec les hommes, avec son propre corps et avec les femmes. La narratrice dénonce l’hypersexualisation des individus dans la société actuelle. À l’aide de différents procédés littéraires, elle critique la marchandisation du corps de la femme et l’hypersexualisation du rôle de la femme dans la société d’aujourd’hui. 

D’une part, on marchandise le corps de la femme. En échange d’argent, l’homme peut se procurer le corps de la femme. L’auteure décrit comment les hommes sortent de l’appartement duquel ses rendez-vous d’escorte ont lieu et passent dans le couloir en direction de la sortie : « […] comme si de rien n’était, comme si payer une femme pour coucher avec elle était impensable que lorsqu’on croise un témoin […]. » (p.28) À l’aide d’une comparaison, l’auteure soulève que le client feint de ne pas avoir fait une transaction avec elle pour un service sexuel. Elle évoque l’hypocrisie de ceux-ci relativement à la marchandisation de son corps et de l’utilisation de celui-ci à des fins de satisfaction sexuelle. Le corps de la protagoniste est loué par son client le temps du rendez-vous. Aussi, les magazines vendent le corps de la femme. Dans l’appartement de l’agence d’escortes, on retrouve des revues empilées et la protagoniste critique ce que celles-ci ont en commun. Leurs couvertures font toutes l’objet de femmes sexualisées : « […] leurs quinze ans et leur perfection de bouche entrouverte, à leur royaume de postures affolantes […]. » (p.29) Dans ce passage, elle énumère des caractéristiques de l’hypersexualisation de la femme qu’elle observe des magazines. Elle soulève aussi que le contenu écrit encourage la sexualisation de la femme, que même si elle jetait les publications, les mêmes images et les mêmes discours apparaîtraient dans celles de la semaine suivante. Le corps de la femme, acheté par l’homme et vendu par les magazines, est une marchandise convoitée. 

D’autre part, le rôle de la femme dans la société est hypersexualisé. Le corps de la femme fait partie de l’identité de celle-ci et se définit comme d’être un objet sexuel. La femme se valorise et s’accomplit grâce à sa beauté, à son aptitude à séduire et à attirer sexuellement les hommes. Dans le but de se trouver un homme, une femme doit attirer son attention en utilisant son corps et valorisant sa sexualisation : « […] vois comme je suis désirable sur cet écran, vois comme je fais bander les hommes dans la salle, vois comme je ne suis que ça […]. » (p.102) Un procédé de répétition menant à l’accumulation est utilisé pour démontrer que la femme souhaite être vue comme désirable, jusqu’à se réduire à être uniquement un objet de désir sexuel. L’auteure décrit comment les femmes construisent leur identité autour de l’hypersexualisation dans le but d’accomplir leur rôle dans la société. Dans le but de garder un homme dans sa vie, la femme se doit de maintenir son rôle d’objet de désir : « […] la poupée qui veut retenir son homme à la maison […]. » (p.102) Cette métaphore compare la femme à une poupée et illustre qu’elle se doit de maintenir un rôle d’objet de désir sexuel afin de garder un partenaire dans sa vie. L’auteure dénonce la nécessité pour la femme de séduire et de faire de son corps un objet sexuel pour accomplir le rôle que la société lui dicte d’avoir.