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Peut-on appliquer à Alcools d'Apollinaire ce mot que Rimbaud lance dans son recueil Une saison en Enfer : « Il faut absolument être moderne » ?

Dissertation : Peut-on appliquer à Alcools d'Apollinaire ce mot que Rimbaud lance dans son recueil Une saison en Enfer : « Il faut absolument être moderne » ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  14 Novembre 2021  •  Dissertation  •  1 515 Mots (7 Pages)  •  2 319 Vues

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Enzo TORCHY

Dissertation Français – Alcools, Apollinaire

Sujet : Peut-on appliquer à Alcools d'Apollinaire ce mot que Rimbaud lance dans son recueil Une saison en Enfer : « Il faut absolument être moderne » ?

        Après 15 ans d’écriture et sa publication en 1913, Alcools est le recueil le plus connu d’Apollinaire. Mélangeant thèmes nouveaux et classiques, la dualité de cette œuvre lui apporte une certaine richesse. Apollinaire se penche sur une écriture plus personnelle, mêlant amour et déception. Ce lyrisme élégiaque est courant au XXe siècle, de nombreux autres auteurs, prédécesseurs d’Apollinaire font des œuvres centrées sur le partage des sentiments personnels. Avec d’autres procédés, ces auteurs renouvellent la poésie et la change. Dans son recueil « Une saison en Enfer », Rimbaud affirme qu’il faut absolument être moderne. Peut-on appliquer cette affirmation pour le recueil d’Apollinaire, voulait-il être absolument moderne ? Après avoir vu comment il voulait revendiquer une nouvelle modernité, nous verrons comment Apollinaire garde tout de même une certaine traditionalité.

        

        Alcools est une forme de rébellion contre l’héritage du passé, Apollinaire écrit une modernité nouvelle, encore inconnue pour l’instant.

Le poète rejette les conventions littéraires traditionnelles et brise la syntaxe accoutumée de la poésie du XXe siècle. De plusieurs manières, la plupart des poèmes d’Alcools n’ont pas la même facture que des poèmes traditionnels. On relève le recourt aux vers libres dans des poèmes comme « La Synagogue », « Zone » et d’autres. Apollinaire apporte une importance à ce rejet, en plus de la facture plus libre il brise les organisations classique et fait de ses poèmes des êtres libres : « Les Femmes » est un mélange de plusieurs voix et donne l’impression d’un dialogue et non d’un poème. Il s’approprie la métrique classique des poèmes et la modifie, comme dans « Chantres », un poème d’un seul alexandrin, vers classique. Dans « Schinderhannes », l’auteur utilise un registre familier. Cette envie de briser les contraintes métriques imposée par la tradition est retrouvée aussi dans « Zone », où Apollinaire utilise des jeux de mots comme « soleil cou coupé » afin de révéler le surréalisme, un mouvement littéraire du XXe siècle, dont il est un des bâtisseurs, aux côtés de André Breton par exemple, ayant écrit un Manifeste du Surréalisme, en 1924. Parmi l’irrégularité des vers comme dans « Les Femmes », la présence de vers libres, rimes plates et de dytiques dans « La Loreley », la section « Rhénanes » est un vrai manifeste du rejet de la tradition.

Cependant, cette section est aussi un trésor de thèmes nouveaux, encore jamais vu par des autres classiques. L’idée directrice de cette section est le Rhin, Apollinaire ayant écrit « Rhénanes » durant son séjour en Allemagne s’en est énormément inspiré. Le Rhin se trouve dans chaque texte sous une métaphore du mouvement, ce mouvement symbolisant souvent le rejet du passé, la fuite du temps. Ainsi dans « le Brasier », Apollinaire veut mettre à bas son passé, et renaître comme un Phénix. Cet aspect de la poésie est purement moderne. Dans Zone, c’est une ville nouvelle, fraîchement industrialisée qui est décrite, la « Tour Eiffel », des automobiles, le début de l’aviation et y mêle le thème de l’immigration. Deux thèmes encore jamais mentionnés en poésie. La peinture d’une ville se faisait déjà avec Baudelaire, dans les Fleurs du Mal, « Tableaux Parisiens », afin d’honorer la modernité.

Apollinaire connait une volonté d’être moderne. En effet, il se sent libre de faire ce qu’il veut. « Zone » était écrit en dernier mais pourtant placé en premier. Ce choix montre bien de l’importance de vouloir montrer cette modernité, car « Zone » était un poème plutôt moderne que classique. Grâce à ce choix, le premier mot du recueil est « tu es las de ce monde ancien » faisant allusion au fait que l’auteur en a assez du monde tel qu’il est, « ancien » donc traditionnel et veut créer un univers poétique plus moderne qu’il n’était avant. Il prend parti de cet univers moderne car il supprime toute ponctuation afin d’éveiller le lecteur et affiche la volonté de liberté. Cette liberté se voit aussi dans l’envie de créer sa propre image comme dans « Mai ». Ce procédé peut être comparé à une appartenance au cubisme, volontairement élaborer quelque chose d’abstrait afin que le spectateur s’approprie son propre environnement. Dans la section « Rhénanes », la notion de mouvement, effectué par le Rhin peut être symbole de cette affirmation de modernité. Le Rhin passe dans chaque texte, par un mouvement de mélancolie ce qui peut signifier la tristesse des auteurs, voulant tourner la page sur la tradition ? Le désir de renouveau dans le monde poétique est retrouvé dans d’autres textes comme « Les Femmes » où Apollinaire souhaite passer à autre chose sur le plan amoureux, ou Hugo disant dans Les contemplations qu’il « fis souffler un vent révolutionnaire ». Tout en plaçant des indices d’une modernité poétique et ne voulant pas faire table rase de la tradition mais la renouvelle, Apollinaire perpétue dans la lignée classique avec une inspiration d’écriture plutôt coutumière, avec un fort désir d’un authentique renouveau de la poésie.

        Apollinaire écrit ce recueil en ayant cette volonté de modernité mais a quand même un certain attachement à des signes de traditions pouvant être retrouvés dans ses poèmes.

Tout d’abord car l’auteur suit la trace d’anciens, les poèmes d’Alcools peuvent être inclus quand même dans une certaine voie qui était déjà explorée auparavant par d’autres auteurs comme Du Bellay, Baudelaire et d’autres. En effet, de nombreux poèmes du recueil gardent une certaine métrique, déjà connue auparavant, de nombreux poèmes de « Rhénanes » ont une facture traditionnelle, de part le nombre de syllabes ou bien de vers car l’auteur opte souvent pour des alexandrins/octosyllabes et des quatrains ou quintils. Apollinaire garde aussi une certaine sonorité dans sa poésie. Il ne veut pas faire complètement disparaitre son passé et utilise des rimes riches ou suffisante pour garder cet attachement à la tradition. Il use aussi d’assonances et d’allitérations comme dans « Rhénane d’automne » et un certain rythme des vers dans « Mai » avec « Le mai le joli mai en barque sur le Rhin ». Il se nourrit aussi de la tradition en abordant le thème de l’amour insatisfait dans « Le Pont Mirabeau » ou bien de poèmes parlant d’un exemple d’un amour perdu qu’il a vécu, avec Annie Pleyden, « Annie », ou encore « Mai », hante et court dans tout Alcools. Dans « Zone » on retrouve une certaine importance à la religion, quand il raconte la triste vie des immigrés à qui il leur apporte un grand rôle dans le poème et dit qu’ils « croient en Dieu [et] ils prient », ou bien encore une fois dans « Rhénanes » avec « La Synagogue ».

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