Polygamie En Afrique
Mémoire : Polygamie En Afrique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoirese. Également, de façon traditionnelle, le fait d’avoir plusieurs femmes manifeste la virilité de l’homme. Un second avantage de détenir plusieurs femmes était d’avoir beaucoup d’enfants. Si ceux-ci ont la chance de ne pas être touchés par une maladie dans leur enfance, ils grandiraient et constitueraient une sorte de sécurité sociale pour les parents. Ainsi, « la polygamie constituait une parade objective contre les risques d’une fin de vie misérable. » Ceci démontre une certaine solidarité familiale à l’intérieur d’une Afrique où les systèmes modernes de protection sociale n’existaient pas ; une retraite était donc garantie. Cependant, l’homme passait beaucoup de temps à régler les innombrables conflits qui naissaient et s’éteignaient entre ses femmes. En passant tout son temps à résoudre les problèmes familiaux, il était dans l’impossibilité de susciter des réformes dans son milieu et dans sa société en général. Ce phénomène est toujours présent, mais autrefois (moins de nos jours), « l’homme pratiquait des corrections corporelles à ses femmes et imposait ainsi un climat de soumission servile par la terreur. Les femmes expriment donc la résignation. »
La polygamie était souvent expliquée par une instabilité numérique entre les deux sexes, ce qui jadis pouvait être expliqué par une plus faible chance de survie pour les hommes que pour les femmes. En effet, quoique la proportion des deux sexes soit normale à la naissance, le nombre d’hommes était anéanti par la chasse et la guerre, des pratiques plus dangereuses que ceux traditionnellement pratiquées par les femmes comme la cuisine. On peut donc dire que le déséquilibre entre les deux sexes a pu avoir lieu dans le passé, mais « non pas comme phénomène naturel, mais comme conséquence d’un état social et politique. »
La polygamie aujourd’hui
Visiblement, la polygamie n’a plus la même signification aujourd’hui qu’il y a cinquante ans en Afrique noire. La liberté d’expression est maintenant plus grande à l’intérieur de la famille. En effet, depuis les indépendances de plusieurs pays, la plupart dans la seconde moitié du XXe siècle, la polygamie, comme tout système social, suit les mutations de la société. Plusieurs facteurs peuvent venir influencer la tradition de la pratique polygame, comme le travail des femmes, l’exercice du commerce informel ou les changements de mentalités vis-à-vis du célibat etc. Également, la nouvelle génération africaine se dirige vers une logique économique à l’Occidentale : « une vie aisée et simple rime avec une famille peu nombreuse. Il n’est plus de village où les jeunes n’aient pris leurs distances par rapport à la polygamie rien qu’à cause des difficultés financières pour assumer les charges de scolarité des enfants. » Par contre, dans la plupart des milieux négro-africains, la mentalité par rapport à la polygamie et aux enfants demeure la même. La polygamie continue d’évoquer l’idée selon laquelle les enfants constituent une richesse et que plus une famille est grande, plus elle doit être valorisée. Ainsi, la polygamie conduit les familles polygames vers de visibles difficultés de scolarisation de leurs enfants. De nos jours, l’école est payante et très chère. Les chefs de familles polygames n’ont aucune obligation d’envoyer leurs enfants à l’école, et lorsque l’on fait partie d’une famille nombreuse en Afrique, donc essentiellement d’une famille polygame, on interrompt donc la scolarisation rapidement et très tôt. Un choix stratégique s’impose : étant incapable d’avoir suffisamment d’argent pour envoyer tous ses enfants à l’école, le chef de famille polygame délaisse la scolarisation de ses filles pour miser sur celle des garçons. La polygamie engendre donc cette injustice. Une autre option est parfois envisagée lorsque le chef de famille n’a pas les moyens de scolariser tous ses enfants, soit céder à chaque femme la responsabilité de s’arranger avec la scolarisation des enfants.
En plus de la richesse de détenir de nombreux enfants, il y a la recherche par l’homme d’un corps plus frais, moins usé lorsque sa première épouse est au stade de la ménopause. En effet, « certains [hommes], vu l’âge avancé de leur première épouse, ressentent le désir d’avoir une nouvelle conjointe plus jeune ». Ce facteur viendrait donc motiver le mariage polygame. Un autre facteur qui est susceptible d’avoir une action sur la situation matrimoniale est la religion. Normalement, le statut matrimonial devrait évoluer avec la religion et ainsi, si les croyances traditionnelles acceptent la polygamie sans aucune restriction, si l’Islam permet quatre épouses et des concubines, les cultes chrétiens exigent plutôt la monogamie. De cette façon, la religion chrétienne, là où elle est pratiquée en Afrique, s’oppose à la polygamie. Dans les pays islamiques, comme le Mali, le Sénégal ou l’Algérie, la polygamie est souvent pratiquée.
Le niveau d’enseignement peut également avoir une influence sur la pratique de la polygamie en Afrique noire. En effet, une femme enceinte non informée des pratiques contraceptives va souvent se soumettre à une abstinence sexuelle très longue, soit vers la fin de la grossesse jusqu’à ce que l’enfant commence à marcher ou à parler. Ce fait expliquerait l’envie de l’homme de se procurer une deuxième ou une troisième épouse, autant dans le milieu urbain que rural. Quant au mariage polygame en milieu rural, le motif évoqué est la plupart du temps, comme autrefois, le besoin de main-d’œuvre. La culture de la terre exige un nombre suffisant et élevé de travailleurs. Ainsi, le chef de famille polygame vivant à la campagne bénéficie de plusieurs femmes et de beaucoup d’enfants pour travailler sa terre. Cela lui permet d’avoir de plus vaste culture et ainsi, d’augmenter sa richesse. On peut donc admettre que la richesse est une cause et une conséquence de la polygamie. En effet, la concentration du pouvoir et des richesses peut être favorable à la polygamie, puisqu’un homme riche a davantage les moyens d’avoir plusieurs femmes et enfants. Ainsi, le chef de famille polygame détient une grande main-d’œuvre gratuite et de cette façon, peut avoir une culture plus grande et sans cesse augmenter ses richesses. La polygamie serait donc liée au pouvoir économique et est donc marquée dans les pays riches et chez les peuples très hiérarchisés.
Une conséquence souvent évoquée de la polygamie est la querelle qu’elle engendre en sein des familles polygames. En effet, « les difficultés sont fréquentes entre les coépouses, les querelles de préséances nombreuses. » Si la polygamie ne rend pas impossible l’amour conjugal, elle multiplie dans les familles les risques de chamailleries. Elle entraîne donc aujourd’hui des discordes dans les familles, et le chef de famille assiste ainsi à la dislocation et à la désorganisation de sa maisonnée. De plus, la polygamie a pour conséquence une difficulté pour les pays de se développer. Les gouvernements comptent sur l’évolution naturelle de la société pour réguler le phénomène. Il est certain que la richesse de nombreux pays réside dans leur démographie. Par contre, une démographie mal contrôlée est un véritable fardeau pour le développement : « Quand la démographie croît plus vite que les richesses, quand les populations dévorent chaque année les plus-values de la croissance économique jusqu’à la racine, quand la moindre crise alimentaire affecte surtout les enfants en menaçant leur existence, le développement reste un mirage pour un grand nombre de pays si la polygamie demeure triomphante. » De la sorte, la société polygame concorde avec la pauvreté, l’analphabétisme et l’espérance de vie précaire, tous des conséquences de ce système social.
On peut par contre rendre justice à la polygamie qui constitue un milieu où la femme stérile peut mieux respirer. En effet, une femme doit obligatoirement faire des enfants en Afrique. Le mari polygame a donc moins tendance à rejeter une de ses femmes si elle est stérile qu’un mari monogame. Si la femme ne peut pas procréer, elle accepte que son mari se procure une autre femme plus jeune pour assumer cette fonction, et ainsi, elle assure une descendance à son mari.
Souvent, il est évoqué pour expliquer la polygamie, la proportion des femmes par rapport aux hommes. Si autrefois des pratiques plus dangereuses par les hommes pouvaient expliquer cette cause, actuellement on ne peut trouver dans le déséquilibre entre les effectifs totaux des deux sexes une justification de la polygamie. En effet, si l’on regarde le nombre total des hommes et des femmes, il n’y a presque pas de différence. Ce qui permet d’expliquer le mécanisme de la polygamie, c’est plutôt l’écart des âges moyens auquel se marient les hommes et les femmes. « En moyenne les filles sont mariées cinq à dix ans plus tôt que les garçons. C’est cette génération de filles de 15 à 23 ans qui explique la proportion observée. »
Le concept du mariage est toujours la procréation en Afrique noire. Quand il est expliqué que la finalité du mariage est le concept de l’amour, et que le fait d’avoir des enfants n’est qu’un complément au mariage et que même si un couple n’a pas d’enfant, l’amour devrait perdurer, l’incompréhension est totale en Afrique. Ce concept-là du mariage ne correspond pas à la réalité sociologique d’aujourd’hui en Afrique subsaharienne.
Conclusion
Somme
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