Tous Les Matins Du Monde

d’opposer à la cour du roi

Cette opposition constante des espaces met en valeur la société d’ordres de cette époque. Les propriétés de Sainte Colombe qui représentent la retraite s’opposent à la cour du roi représentant le pouvoir et la vie en société. Pascal Quignard s’est d’autant plus appliqué à montrer le détachement de Sainte Colombe à la vie en société en implantant sa demeure à une distance géographique relativement éloignée du Paris de cette époque. En effet, il nous dit qu’ « il fallait deux bonnes heures à pieds pour joindre la cité » (p11). Ce qui accentue le fait que Sainte Colombe se déplace en ville uniquement lorsqu’il en a besoin car celui ci ressent du dégout pour Paris mais uniquement son dévouement partagé par ses filles qui « vécurent dans la paix et pour la musique » (p33), tandis que pour Marin Marais, Paris est synonyme de réussite sociale et musicale même si ses vas et viens entre le domaine de Sainte Colombe et la cour du roi prouvent qu’il n’est pas certain de ce qu’il veut aussi bien musicalement que dans ses relations amoureuses avec les fille de son maitre. Tout cela le mène clairement à Versailles. Dès lors, Sainte Colombe refuse de le considérer à nouveau comme son élève. Par conséquent, Quignard met en évidence l’éloignement entre la cour et la demeure de Sainte Colombe où celui ci se met en retraite

Dans Tous les matins du monde, cette demeure est l’image principale, celle qui ressort le plus. Lieu qui est représenté par Quignard comme un lieu de retraite sociale de Sainte Colombe, un espace de refus contre la cour du Roi, contre Versaille. Mais plus on avance dans le roman, plus cette demeure pleine de symbolique est désertée et Sainte Colombe reste dans l’anonymat. Principe que l’on peut relier au jansénisme.

Ainsi, dans le livre tous les matins du monde, le lecteur peut clairement voir un fossé séparant les deux ordres sociaux de cette époque. Et de ce fait, il peut foir un enfermement du protagoniste sur lui même, représenté également par la cabane qu’il se fait construire dans son jardin. Mais n’est-ce pas à cause de cet acharnement à rester seule et à oublier le monde extérieur et ses bienfaits que Sainte Colombe vit les premières apparitions du fantôme de sa femme et celles-ci ne seraient-elles pas une accentuation de cet enfermement omniprésent dans l’œuvre ?