Atouts et handicaps du japon

font qu’entraver les flux de connaissance. Enfin, le faible capital risque caractérisant l’investissement et la réglementation du secteur des services mettent un frein à l’activité d’innovation du pays.

L’enjeu principal est donc pour le pays de soutenir l’activité d’innovation en réformant le cadre dans lequel elle s’inscrit, tout en renforçant les liens entre secteurs public et privé, de même qu’à l’international.

« Les vieux monsieurs, au Japon », Stéphane Barbery, Flickr

Le Japon : Un vieux pays tout neuf

Le Japon, pays de la technologie et de l’innovation, est aussi considéré comme un Etat, où le taux de criminalité est relativement faible. Cependant, l’archipel enregistrait, il n’y a pas si longtemps de ça, un taux record d’environ 25% de vols réalisés par des personnages âgées (de plus de 65 ans). Cela découle d’un problème grandissant de paupérisation, en particulier chez les personnes âgées. Problème d’autant plus accru qu’a lieu au Japon un phénomène de « dépression démographique » : aujourd’hui, près d’un quart des japonais a plus de 65 ans, et le taux de fécondité est catastrophique : dès 1972, il passait en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,08 enfants par femme) ; en 2005 il atteignait son niveau le plus bas : 1,26 enfants par femme – taux qui s’est, depuis, légèrement redressé (en particulier grâce à l’arrivée à l’âge adulte du « second baby boom » de la fin des années 70). Mais voilà, depuis 2008, la population diminue lentement (à hauteur de plusieurs dizaines de milliers de personnes par an) et la génération dite « âgée » augmente sensiblement ; des projections indiquent même qu’elle atteindra plus de 40% de la population d’ici 2050.

S’y ajoute, d’autre part, la chute du nombre de mariage et la généralisation du célibat dans le pays, caractérisés par une augmentation du nombre de personnes vivant chez leurs parents. Durant les prochaines décennies, la démographie, plaie du Japon contemporain, sera donc un des sujets les plus importants et les plus sensibles du pays.

Japon. Crise d'une autre modernité

Par Philippe Pelletier

Paru le 16 janvier 2003 aux Editions Belin

Le Japon : une modernité née en dehors du berceau occidental

Depuis près d’une quinzaine d’années, l’Archipel connaît la crise. Lui, qui était pourtant si fier de son système de valeurs traditionnelles, qui l’avait aidé à triompher – en si peu de temps et avec un grand retard - sur les marchés mondiaux de l’industrie et du commerce. Cette modernité du Japon, caractérisée par une mentalité encore bien ancrée dans la tradition, essuie le revers de son particularisme.

Le Japon n’est pas seulement un pays touché par la crise économique, mais bien aussi un Etat embourbé dans ses dynamiques socioculturelles et identitaires. Aujourd’hui, la civilisation est touchée et remise en cause, car les valeurs, qui incarnent le pays et caractérisent le Japonais dans sa manière d’être et de vivre, ne correspondent plus à une société, qui fait tout son possible pour assoir sa domination économique à travers le monde.

Ce patchwork de culture traditionnelle et de mondialisation a ses limites. Autrement dit, cette volonté de l’Archipel à intégrer la culture de « Village planétaire » devient de plus en plus incompatible avec les valeurs traditionnelles et particularistes qui régissent sa société. Un des grands enjeux d’avenir du Japon réside dans sa capacité à élaborer une stratégie de reconversion culturelle à long terme. Les traditions japonaises ne suivent plus le rythme effréné de l’économie internationale et le pays va devoir - comme au début de l’ère Meiji avec la fin de la politique de l’isolement