Dissert Candide : " il est certain qu'il faut voyager "

es péripéties, Candide se rend compte de l’absurdité de la thèse de son précepteur, Panglos, qui prône l’optimisme : « tout est au mieux ». Il se rend compte de la dureté de la vie par rapport à celle qu’il menait en Vestphalie.

Nous avons donc pu voir les bienfaits du voyage initiatique. Cependant, nous pouvons nous demander s’il n’existe pas un autre aspect qui puisse troubler cet idéal.

Ce type de voyage n’a effectivement pas que des bons côtés.

En effet, pour arriver à avoir la sagesse nécessaire à la construction d’une société organisée, Candide a du subir moult épreuves très éprouvantes comme la guerre, la maladie, le jugement de l’Inquisition et pour finir, la traversée de l’Amazonie. De même, dans « Les deux pigeons » extrait des Fables de La Fontaine, le pigeon voyageur n’est épargné ni par les orages, ni par les pièges, ni par le vautour, ni par l’aigle, ni même par l’enfant. Ces véritables revers semblent donc indispensables pour acquérir une certaine sagesse.

Ces épreuves dites physiques ne sont rien comparées aux écueils moraux auxquels nous pouvons être confrontés dans le cas où, à l’instar de Nancy Huston dans Nord Perdu, nous partons dans un pays autre que le notre, aux coutumes et aux langues différentes. A cela s’ajoute la souffrance due à la solitude et à l’éloignement de l’être aimé. Vendredi, seul sur son île, loin de tout et Candide souffrent tous deux, le premier de l’isolement et le second de sa séparation avec Cunégonde, sa bien-aimée.

Nous pouvons nous demander s’il n’y a pas de solution pour contourner ces épreuves afin de rendre le voyage initiatique un peu plus agréable.

En effet, la confrontation à l’autre, qu’elle soit réelle ou fictive, peut remplir cette condition.

Dans Vendredi ou les limbes du pacifiques, quand Robinson rencontre les marins du Whitebird, un navire anglais, il mesure à quel point son esprit, semblable au départ à celui des marins, a évolué pour devenir le sien. Mais aussi, et surtout, il devient plus sage encore en se rendant compte que, bien qu’ils soient du même pays, il n’a plus rien à voir avec ces marins. Cette confrontation montre bien que, sans douleur, le voyage initiatique peut se réaliser. Dans ce cas nous pouvons le qualifier d’intérieur car, même si une intervention externe est nécessaire, elle est minime par rapport aux véritables épreuves qu’ont pues subir Candide ou le pigeon voyageur.

Cependant, il n’est pas nécessaire d’être directement exposé à l’autre ; cette confrontation peut s’effectuer par le biais de la littérature. Par exemple, la lecture d’essais, comme Sur les cannibales de Montaigne, a pour but soit de nous montrer l’absurdité d’une thèse, soit, au contraire, de nous la prouver par des exemples précis. De plus si nous assistons à un débat semblable à celui exposé par Jean-Claude Carrière dans La controverse de Valladolid où s’affrontent les points de vue du frère Bartolomé de Las Casas et de Juan Ginés de Sepúlveda sur le sort des Indiens, cela nous oblige à réfléchir sur la position à adopter, celle qui est la plus juste à nos yeux.

Le voyage initiatique permet de se découvrir, de compléter son éducation et même de voir le monde sous un autre jour. Cependant, pour y arriver, il faut subir des épreuves physiques mais aussi psychologiques telles que le fossé culturel ou la barrière de la langue. Pour éviter cela, une autre alternative s’offre à nous, le voyage intérieur. Ce dernier doit nous permettre d’approfondir notre