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L'Engagement Des Jeunes

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unes, puis à l’analyse de ce nouveau régime d’engagement des jeunes qui renvoie à de profondes transformations de notre société.

Sondages, enquêtes d’opinions donnent tous des résultats convergents, mettant en évidence la désaffection des jeunes par rapport aux formes classiques de l’engagement et en particulier à l’engagement politique. Pour mémoire, quelques chiffres tirés de ces travaux : pour la tranche des 13-17 ans, 85 % des jeunes interrogés s’intéressent peu ou ne s’intéressent pas à la politique, 78 % ne parlent jamais de politique en famille, 43 % ne se situent ni à droite, ni à gauche et 23 % refusent de se placer sur une échelle de classement politique, 59 % pensent que les hommes politiques disent tous la même chose et 82 % qu’en tout état de cause, les politiques ne sont pas à l’écoute des jeunes. Seulement 16 % envisagent de se mobiliser dans une association et 6 % d’adhérer à un parti. On notera cependant que, parallèlement, 72 % des jeunes pensent qu’il est utile de voter et que quand même 40 % pensent que le droit de vote est approprié pour permettre des changements positifs [4].

Tout le monde a par ailleurs en mémoire la très forte mobilisation des jeunes entre les deux tours des dernières élections présidentielles et une participation accrue au vote au deuxième tour, qui retombait d’ailleurs immédiatement pour les élections législatives (- 30 % entre le 2e tour des présidentielles et le 1er tour des législatives). Le désintérêt prononcé par rapport à l’engagement politique dans ses formes classiques n’est pas nécessairement désintérêt pour le politique.

Ces éléments sont à rapprocher d’autres phénomènes. Très spectaculaire, le mouvement altermondialiste, qui est essentiellement un mouvement de jeunes. Plus discrète, la multiplication des instances de participation des jeunes sous des dénominations variées et dans des logiques institutionnelles différentes qui depuis plusieurs années connaissent un succès jamais démenti : conseils de jeunes, conseils municipaux d’enfants et de jeunes, conseils départementaux de la jeunesse, conseils généraux de jeunes, conseils régionaux, conseils de la vie lycéenne, forums jeunes... Peu élevé est le nombre des jeunes qui se disent prêts à adhérer à une association, mais nombre d’entre elles constatent chaque jour la capacité qu’ont les jeunes à s’engager ponctuellement aussi bien dans des associations de fait à caractère très local qu’autour d’initiatives de structures plus lourdes.

Un certain nombre d’associations « émergeantes » dans le champ des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire témoignent de cette vitalité, comme Animafac [5], l’AFEV, l’ANACEJ, les Petits Débrouillards, les juniors associations.

Le cas de l’AFEV est de ce point de vue exemplaire. Chaque année, elle mobilise près d’une dizaine de milliers d’étudiants pour des activités volontaires, sans par ailleurs parvenir à convertir cette capacité de mobilisation en autant d’adhésions à l’association. Nous sommes là en partie au cœur du débat : comment réintégrer du collectif dans une société de plus en plus individualiste ou, en plus savant, pour reprendre une proposition du sociologue Michel Wieviorka, « comment concilier ces trois aspects distinctifs que sont l’appartenance, la référence à une identité collective, la participation à la vie moderne et la construction de soi comme sujet de sa propre existence [6] ».

Toujours dans le même ordre d’idée, un certain nombre d’enquêtes mettent en évidence une forte demande de la part des jeunes, en termes de compréhension du monde dans lequel ils vivent, pour mieux comprendre les événements dont parle l’actualité, ainsi que pour débattre des problèmes de société qui les préoccupent. Bernard Roudet, chercheur à l’INJEP, souligne de son côté l’importance de l’engagement des jeunes dans la sphère culturelle et sportive, évolution d’ailleurs comparable à celle que l’on observe chez les adultes. « Jeunes et adultes, écrit-il, adhèrent aujourd’hui essentiellement à des associations de défense sportives et culturelles, tandis que l’appartenance à des associations de défense d’intérêts collectifs diminue. Le militantisme cède la place à d’autres formes de participation active, dont témoigne le développement de l’action bénévole. Marquée par le renforcement des valeurs d’individualisation, l’appartenance associative, qui d’ailleurs ne s’accroît plus en France depuis une dizaine d’années, apparaît davantage centrée sur l’accomplissement personnel, voire les relations interpersonnelles et la sociabilité amicale [7] » Dans cette logique, nous comprenons mieux pourquoi les sphères sportives et culturelles apparaissent comme autant de lieux privilégiés de socialisation des jeunes.

Sur un plan plus théorique, on peut considérer que l’individualisation croissante, qui est la marque de notre société, n’écarte pas nécessairement la quête de solidarité et de partage. Un jeune sur deux en dessous de 25 ans consacre du temps volontaire ou bénévole à une action de solidarité nationale ou internationale, action éducative, sportive, culturelle, sociale ou sanitaire. De même, on remarque que l’adhésion à la « société de consommation » n’exclut pas la remise en cause des logiques de la société marchande, comme en témoigne le succès auprès de certains jeunes de mouvements comme « no logo » ou les « antipubs ». Ce phénomène est également fortement inscrit dans nombre de pratiques culturelles des jeunes qui s’inscrivent souvent dans des logiques de pure « dépense » sans que soit nécessairement recherché un profit. À un certain niveau, les logiques de consommation qui sont des « logiques de dépense » se retournent contre les logiques marchandes, de profit et de rentabilité. L’ensemble de ces manifestations relève d’un nouveau régime des formes d’engagement dans notre société caractérisé par des formes d’adhésion plus labiles.

Le sociologue Jacques Ion, l’un des meilleurs connaisseurs de la question, parle à ce sujet d’adhésion « Post-it » ; l’association est au mieux considérée comme un moyen mais jamais comme une finalité [8] . Dans un contexte de brouillage des grands marqueurs idéologiques, de disparition de « réserves de sens collectif » dans lesquels s’inscrivait le processus de socialisation, le principe d’expérimentation

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