La Chaîne d'Union

chaîne d’union est formée d’anneaux qui séparément sont inutiles alors qu’unis, ils forment une chaîne.

Les références historiques sur la chaine d’union sont nombreuses mais je n’en évoquerai qu’une qui est à mon sens d’une grande importance : c’est celle d’un texte contenu dans les Actes Apocryphes de Jean où est écrit :

« Avant son arrestation le Seigneur réunit ses disciples, leur fit former un cercle en leur demandant de se tenir par les mains les uns les autres et le Christ parle : « Nous te rendons grâce, oh Lumière qui n’habite pas les ténèbres, le Très Haut participe à la ronde. Qui ne participe pas à la ronde ne connaît pas ce qui va venir. Regarde-toi, en moi qui parle, et voyant ce que je fais, garde le silence sur mes mystères ».

Dans le rituel, la chaine d’union est réalisée lors de chaque tenue, avant le « minuit plein » juste avant la fermeture de ladite tenue, à l’invitation du Vénérable pour enfermer nos travaux dans un lieu sûr et sacré et nous unir en fraternité.

A ce moment précis, nous venons de travailler intensément. Nos métaux sont oubliés car il y a longtemps que nous les avons laissés à la porte du Temple.

Tels des musiciens aux instruments bien accordés, nous sommes prêts à jouer, ensemble, la partition, sous la baguette de notre chef d’orchestre, le Vénérable Maitre de la loge.

Les officiers posent maillets, épées, canne ; les frères de l’atelier ou visiteurs, quittent leurs colonnes respectives et vont se joindre par les mains dont les premières sont celles tendues à l’Orient par le Vénérable.

Nous nous rejoignons dégantés dans la chaîne quels soient nos grades et qualités, sans protocole, chacun pouvant se placer où il le veut en formant un cercle, de manière à entourer l’autel des serments, les 3 grandes lumières, le pavé mosaïque avec le tableau de loge et les 3 colonnettes ; cet espace qui représente le lieu sûr et sacré pour enfermer nos travaux.

Il est bon de souligner l’importance du silence du début à la fin de cette chaine d’union, ce silence qui nous invite au recueillement, à la communion, au travail intérieur et à l’harmonie générale.

Il y a deux chaines : la chaîne longue lorsque nous accueillons un nouveau maillon lors de son initiation et la chaîne courte que nous formons à chaque tenue avant de clore nos travaux.

La chaine d’union courte se forme en croisant le bras droit (celui de la force et de la raison) sur le gauche (celui de l’esprit et du cœur). La raison contient ainsi la passion.

La chaîne ouverte ou longue se forme elle en étendant le bras de chaque côté du corps .La main gauche se tend toujours paume ouverte vers le ciel, alors que la main droite toujours paume ouverte vers la terre. La droite transmet à la gauche l’énergie que fait circuler dans la chaîne, le Vénérable Maitre.

Il est important que chaque frère ait les pieds parfaitement à l’équerre et le regard tourné vers le centre de la loge.

La chaine d’union est éprouvée avant d’être rompue uniquement lors d’une initiation. Le Vénérable Maitre ordonne alors de quitter la chaine après qu’il ait prononcé quelques mots, d’une triple pression des mains accompagnée d’un triple mouvement de bras où, à la troisième fois, la chaîne se quitte.

La forte symbolique de la chaîne d’union peut être rattachée à un autre symbole très présent en loge, qu’est la corde à nœuds.

En effet, dans le temple une corde à nœuds rejoint les colonnes du nord et du midi en passant par l'orient, chaque nœud est un lac d'amour et la corde se termine par une houppe dentelée. On dénombre douze nœuds qui peuvent avoir plusieurs significations, entre autres: les douze signes du Zodiaque ou les douze heures de la journée de travail d’un Maçon « de midi à minuit » ou encore les douze mois de l’année.

La corde à nœud qui entoure le tableau de loge sépare du monde profane l’espace de la Loge, qui est sacré tant que s’y déroule le travail maçonnique.

La chaîne d’union, c’est donc avant tout, l'union fraternelle, elle conclue les paroles, les gestes et l’ensemble des travaux qui l’ont précédé.

Ce fluide qui circule alors entre nos mains entrelacées, nous élève vers le haut : c’est d’Amour dont on parle là. Or cet Amour, qui vibre universellement en chacun de nous, nous relie à tous nos frères habitants la planète mais aussi, avec ceux qui ont rejoint l’Orient Céleste.

Ce que transmet la chaine d’union, reste et demeure un des piliers de l’amour fraternel, un amour mutuel que l’on atteint à ce moment de la tenue.

Ce courant me réchauffe, me réconforte, m’apaise.

Le moment de la chaîne d'union, serait-il le moyen de lier et d'oublier mes imperfections pour les fondre ?

Dans cette chaîne je suis en protection et cette enveloppe protectrice éloigne mes peurs et vous êtes un bouclier face aux agressions que je peux rencontrer.

La chaine est un de ces moments particuliers où, l’égrégore est puissant et il est par conséquent important que chaque maillon soit conscient de son rôle.

Et si le Grand Architecte de l’Univers était attiré par cette prière pourtant muette, mais cependant collective, et si à cet instant, il descendait vers notre monde, et nous irradiait?

La chaîne d’union est ce lien mystique puissant qui nous fait instantanément aimer de parfaits étrangers, c’est à ce moment- là où véritablement nous nous sentons d’avantage frères. Puisse cette chaîne s’allonger à l’infini mes frères.

Avec vous je partage en toute quiétude ce que j’ai de meilleur au plus profond de moi.

Cet amour nous entraîne vers la Lumière, cette Lumière qui mène vers la connaissance, et la chaîne d’union me donne la force pour tailler ma pierre brute.

Ce lien indissoluble que génère la chaîne d’union est d’une grande importance à la fin de la tenue, puisque en fait, nous renouvelons notre engagement librement consenti d’initié.

Chaque fois que nous la formons, nous remettons en question notre promesse initiale de fraternité.

Par ce simple geste, nous réaffirmons notre amour fraternel et notre tolérance mutuelle à l’égard des maillons de cette chaîne.

Tout est symbole et la chaîne d’union est à la fois une manifestation du rite et un symbole, constituée et matérialisée physiquement par des maillons bien vivants ; nous devenons à cet instant acteurs d’un symbole et donc symboles nous-mêmes, de cette affection fraternelle.

La fraternité Maçonnique est bien une réalité mais elle a ses propres limites. Des limites que nous fixons nous-mêmes, elles dépendent de la sincérité de notre engagement. La maçonnerie propose et nous disposons: libre à chacun de progresser, libre à chacun d'accepter ou de refuser les richesses qui lui sont offertes, libre à chacun de collaborer à l'accroissement du patrimoine commun et de son propre patrimoine.

La loge sera ce que nous en ferons, chacun est responsable de ce qu'elle deviendra par sa propre participation positive ou négative en agissant pour l'intérêt de tous, en travaillant individuellement pour tenter de créer un idéal de vie.

En me faisant recevoir franc maçon, je suis devenu l’artisan de mon propre destin ; mais je comprends aussi que je ne peux me réaliser qu’en coopérant à la réalisation de tous les autres, en m’unissant à tous.

La maçonnerie n’existerait pas sans cette union des cœurs et des âmes.

Lorsque nous nous tenons dans la chaine d’union il n’a plus de division, nous ne formons plus qu’un : notre