Le cris d'Antigone

ntigone se remet à mendier et à pousser son fameux cri de mendiante, qu’il lui faudra rendre encore plus fort que lorsque qu'elle mendiais pour elle et Œdipe. Mais, c'est aussi par la force de ce cri qu'elle espère empêcher ses deux frères de ses battre et ainsi éviter tant de souffrances inutiles.

Si Antigone est seule sur scène, c'est aussi afin de démontrer qu'elle est la seule à se dresser face à la folie de l'homme, celui qui ne pense qu'a la guerre et en oublie sa famille et n’hésite pas à commettre les pires atrocités au nom de sa justice. Mais, seule, elle, silhouette solitaire sur scène, a la force et le courage de crier un Non retentissant qui nous ébranle au plus profond de nous même.

Ce sera elle aussi, la seule qui s’opposera au roi Créon, quand celui-ci condamnera un des corps de ses frères à être dévoré par les chiens errants et les vautours. Car, comme elle le répétera souvent dans la pièce, ''Crèon est le roi des vivants mais, pas celui des morts''. Ainsi, ce sera elle qui accomplira les rites funéraires pour son frère bien aimé, sachant pourtant qu'elle se vouait ainsi à la mort. C'est ainsi qu'elle se retrouvera face au roi de Thèbes pour son jugement. Ce sera d’ailleurs seulement là qu'elle descendra de son estrade afin de réduire la distance entre elle et nous, son public.

Antigone accepte presque trop docilement sa sentence mais, quand Créon menacera aussi sa sœur, elle utilisera sa seule arme, son cri, son cri si puissant qu'il arrache les portes du tribunal.

Pourtant Antigone finira par mourir, seule dans sa grotte, presque trop facilement, avec une bien trop grande résignation ; ce qui laissera un goût amer dans la bouche. En effet, si Antigone finit toujours par mourir, elle est généralement actrice de sa mort et ne se contente pas de la subir.

Il faut reconnaître que ce long monologue requiert toute notre attention afin de ne pas perdre le fil de l'histoire, surtout si l'histoire de l’héroïne tragique, Antigone, nous est étrangère. Car, mis à part les émotions dégagées par Magali Bonat, rien n'est fait pour retenir notre attention. De plus, le récit relativement dense, car adaptée d'un roman, peut parfois lasser, voire finir par laisser indifférent.

Cependant si la mise en scène est très linéaire il faut lui reconnaître une certaine efficacité. Le parti pris de cette pièce est avant tout de faire réfléchir le spectateur. Et, la régularité du monologue nous permet ainsi de méditer sur les mots puissants d'une Antigone plus moderne que jamais. En effet dans un contexte de crise économique où chacun se replie de plus en plus sur lui même et devient de plus en plus inattentif à ceux qui l’entourent, il devient crucial de réfléchir à ce qui est essentiel pour nous et à être prêt, comme Antigone, à ouvrir nos yeux sur ceux qui ont besoin de notre aide plutôt que de nous comporter comme l’arrogante Thèbes, fermant les yeux sur