Les Dessous De La Victoire De Alpha Conde

ance qui l’aurait coûté chère et qu’il appelait pourtant de tous ses vœux. C’est celle qu’il souhaitait nouer avec Sidya.

Il serait aujourd’hui l’otage de ce dernier avec l’appui de la population de la Basse Côte, alors que celui-ci était déjà en déphasage avec sa base. Une chance pour la suite de son régime.

Des retombées de la correction des dysfonctionnements du premier tour

Selon un diplomate occidental de la place, l’élection du premier tour n’en était pas une en vérité. Elle a été émaillée de dysfonctionnements suffisamment graves de nature à entacher la crédibilité du scrutin. Il fallait donc corriger ces dysfonctionnements relevés pour que le deuxième tour réponde aux normes généralement reconnues et qu’il soit une élection crédible, transparente et acceptée de tous. C’était l’esprit du Premier ministre Jean Marie Doré. Ainsi à l’issue donc des corrections :

-le nombre votants est passé de 1.7 à 2.8 millions soit 1.1 millions de plus pour une augmentation de plus de 64% par rapport à la base du 1er tour.

-de nouveaux bureaux de vote (1500) supplémentaires sont crées, généralement dans les zones jadis lésées pour rétablir la justice. On se rappelle que ces insuffisances avaient été bien relevées par Alpha avant le 1er tour, mais en vain.

-la surveillance « policière » réciproque des deux camps contre toute tentative de fraude. Une innovation anti-fraude.

Pour cela , Alpha a envoyé un grand nombre de ses partisans dans les zones où, au premier tour, le nombre de votants avait dépassé celui des inscrits. Dalein en a fait de même. C’était sur la base d’un accord avec son rival sous l’égide du nouveau Patron de la CENI, le Général Sangaré.

Cet accord stipulait : L’UFDG s’engage à assurer la présence de ses délégués et assesseurs à Siguiri , Kouroussa et Kissidougou. Et le RPG s’engage à son tour à s’abstenir de tout acte de provocation dans ces localités. Ce qui fut fait.

L’ethnicisation du scrutin

Après Bah Mamadou, il y a quelques années avec son célèbre slogan « C’est notre tour », Mr Bah Oury, vice Président de l’A.C.D.P. place à son tour le scrutin sous l’angle purement ethnique en déclarant sur les antennes de la Radio Familia, citation: « les peuhls sont les plus riches en Guinée et nous avons tout ». Plus loin, il a indiqué qu’ils ont donné des ordres aux commerçants de fermer toutes les boutiques « si nous voulons affamer des gens nous le ferons », fin de citation.

Ces déclarations sorties de la bouche d’un haut responsable ont donné matière à réflexion à plus d’un. L’image de la communauté peuhle en a même pris un coup en Guinée. Aussi, faut-il ajouter que cette démonstration de la puissance économique des Peuhls à chaque sortie de Dalein n’a laissé personne indifférente. En rajouter le pouvoir politique était difficile à avaler par bon nombre de Guinéens.

La volonté de changement du Peuple de Guinée.

Beaucoup d’observateurs étrangers pensent à tort que l’appartenance de Cellou aux nombreux gouvernements de Conté a moins joué en sa défaveur. Comme le disait Eugène Camara (l’éphémère Premier ministre ) à Conté au seuil des douloureux événements de décembre 2006 et janvier 2007 , citation : « Le peuple souffre… » fin de citation. A défaut de renouveler toute la classe politique du pays, le peuple tenait à renouveler au moins la tête.

Signification des chiffres des élections.

Il ressort de l’observation de ces graphiques quelques constats :

1. La Basse Guinée :

Elle a voté 53.25 % pour Alpha contre 46.75 % à Cellou.

Une remarque: Le score obtenu en Basse Côte sera approximativement le même qu’obtiendrait chaque candidat au niveau national. Elle est la région où toutes les ethnies de Guinée sont représentées. Ceci, en raison de l’importance des activités économiques qui s’y trouvent. Par ses atouts économiques, la Basse Côte a attiré, voire favorisé l’exode rural et le regroupement familial des ressortissants des autres régions de la Guinée. Par son contact permanent avec l’extérieur, elle est la région la plus évoluée politiquement. C’est la région où il est courant de trouver des membres d’une même famille dispersés entre différents partis concurrents.

Toutefois, pour le présent scrutin, des propos irresponsables tenus çà et là (évoqués plus haut) ont donné matière à réfléchir aux électeurs. La consigne de vote demandée par Sidya en faveur de Cellou, n’a pas été suivie. La population a accordé majoritairement son suffrage à Alpha.

2.La Guinée Forestière :

Habitée essentiellement par les Kpèlès, les Tomas, les Manons, les Kissis , les Lélés etc..et surtout par une colonie importante de Mandings depuis des siècles, elle a connu depuis des années l’arrivée massive des peuhls. Elle est un grand réservoir d’électeurs, près de 18% de l’électorat national si l’on considère les chiffres du dernier recensement. Elle l’a démontré au premier tour. Pour des raisons non encore élucidées, ce 2ème tour a connu une participation qui se situe autour de 10 %. Ce faible taux pourrait s’expliquer entre autres par le manque de motivation des électeurs avec l’absence de Dadis, ou par les corrections apportées, ou encore par les deux raisons en même temps.

Dans tous les cas, ceux qui on voté, l’ont fait massivement pour le Pr ALPHA, soit en raison des consignes de vote demandées par les candidats ressortissants de la zone forestière alliés du Professeur Alpha Condé, soit pour le besoin de changement. On pourrait conclure que l’alliance avec Jean Marc Telliano et Papa KOLY a été moins efficace qu’on ne s’y attendait, du moins dans la région de N’Zérékoré. Dans tous les cas, la région forestière en général a voté pour Alpha et même rivalisé avec la Haute Guinée fief du RPG.:Guinée Forestière: ​83, 52 % contre 85,.71 en Haute Guinée pour Alpha Condé.

3. La Moyenne Guinée :

Essentiellement habitée par les peuhls, elle concède difficilement des voix aux candidats d’autres bords. S’il est courant de trouver des ressortissants du Fouta installés partout en Guinée, il n’en est pas de même pour ceux des autres communautés au Fouta. C’est le secret du caractère d’apparence transversale de l’UFDG. Pour en venir aux raisons du manque de pénétration du Fouta par les autres communautés guinéennes, elles sont nombreuses, mais elles sont loin d’être le manque d’hospitalité du peuhl. L’hospitalité du Fouta est reconnue et louée de tous. Les raisons sont à trouver ailleurs. On pourrait évoquer entre autres celles d’ordre économiques, naturelles et sociales.. En effet, à part le commerce, les activités économiques drainant des milliers de gens à la quête d’emplois y sont peu développées. Comme, par exemple des sociétés minières, des plaines rizicoles à perte de vue, etc. Le climat naturel est aussi rude par saison. Mais c’est la raison sociale qui parait être la principale. En effet, la société peuhle est une société historiquement aristocratique, très conservatrice. Elle est fortement hiérarchisée en classes sociales qui vivent harmonieusement dans une parfaite compréhension. Elle est accueillante, respectueuse et introvertie. Un corps étranger y trouve difficilement sa place. Sa structure n’a pas sa correspondante dans les autres communautés guinéennes. Et ce malgré la suppression de la chefferie traditionnelle au Fouta par le PDG avant même l’indépendance. Des séquelles de ce mode d’organisation sociale restent encore vivaces dans les relations humaines au Fouta. (Ce qui explique et sous tend encore de nos jours une certaine animosité que nourrissent certains anciens Chefs traditionnels ou leurs progénitures à l’égard de Sékou Touré et de son régime révolutionnaire. Les aspects négatifs de son règne sont lus à la loupe par eux, tandis que les aspects positifs comme la suppression de la chefferie traditionnelle grâce à l’appui d’Elhadji Saifoulaye Diallo sont balayés du revers