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Pave Mosaique

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capacité à dire « je » ne peut venir que des « tu » entendus. La personne que je deviens n’est pas le résultat d’un cheminement interne solitaire, elle n’a pu se construire qu’en étant parmi les autres. Et, c’est justement parce que cet autre est différent de moi qu’il participe à mon existence.

Saint-Exupéry disait « si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente. »

Tout humain que j’exclus des liens que je tisse est une source dont je me prive et je dirais comme Albert Jacquard : « Quel beau cadeau peut nous faire l’autre que de renforcer notre unicité, notre originalité en étant différent de nous. »

Le pavé mosaïque me rappelle donc que le «je » ne se construit que dans le nous. Et qu’être un être humain, c’est participer à cette grande construction et donc se sentir frères des autres hommes, de tous les hommes et c’est dire comme Léon Nisand:

« Humanité on t’aime

Pour ta sagesse et ta folie

Pour tes fêtes et tes tristesses

Pour tes plaisirs et tes douleurs

Pour ton intelligence

Qui te fait dépasser ton animalité

Pour la transcendance

Qui te fait te dépasser toi-même. »

Mais comment faire pour que cela ne soit pas une simple déclaration d’intention:

Se rappeler sans cesse que chacun est responsable de tous, et que cette responsabilité s’exerce partout et chaque jour dans la vie de la cité. C’est aussi affirmer que la capacité à évolution de l’homme ne peut se faire au détriment des autres et qu’il faut rester vigilant quant au devenir de l’humanité.

C’est aussi se préparer en tant que citoyen à participer à une société multiethnique et multi-cultuelle.

« Humanité: on t’aime dans le blanc et le noir »

Le blanc: qui n’est pas une couleur mais lumière composée des sept nuances du prisme. Suprême lumière, suprême expression de la couleur qui évoque des lieux hauts, l’idée de la conscience morale, de la pureté et de l’intégrité: c’est le blanc de la robe des jeunes filles le jour de leur mariage,. C’est le blanc du lait dans lequel le nourrisson puise son énergie. C’est la parfaite connaissance vers laquelle tend tout initie. C’est le blanc du linceul dans la tradition égyptienne, qui signifie que la mort sépare l’âme du corps, ce qui est léger et immatériel de ce qui est lourd et pesant, ce qui est clair de ce qui est obscur.

Mais que serait le blanc sans le noir?

Si le blanc est la réunion de toutes les couleurs, le noir est l’absence de toute couleur. Le noir est la négation de la lumière. C’est tout naturellement que les sociétés occidentales en ont fait le symbole de la mort. Le noir est la couleur du charbon, résultat de la combustion des substances vivantes. Il est l’aboutissement de la transformation de la matière.

Mais le pavé mosaïque n’est pas qu’une construction de carrés noirs et blancs qui représente l’humanité dans sa complexité, l’harmonie .dans l’opposition, il rappelle aussi le chemin de chacun, le reflet de l’évolution de tout être.

L’être humain n’est pas un être fixe: par son vécu, par ses joies, ses peines, il peut à tout moment changer d’état et celui qui était défini comme noir peut devenir blanc. Mais plus peut-être que le passage du noir au blanc ou du blanc au noir, le chemin ne passe-t- il pas entre le blanc et le noir?

En effet, nos perceptions sont faites de contrastes : bien-mal, fort-faible, gentil- méchant, noir-blanc, mais ces constructions élémentaires ne doivent-elles pas être dépassées?

Dans cette marche qu’est la vie, les repères sont nécessaires: carrés noirs et carrés blancs qui nous permettent de rectifier notre marche, car la vie trace aussi des chemins multiples : nos pas se dirigent à. chaque instant vers des voies antagonistes, des contraires qu’il nous faut concilier.

Choix difficile: chemin étroit entre le blanc et le noir, entre tous les extrêmes, entre tous les excès, chemin de l’équilibre et de l’harmonie intérieure.

D’ailleurs si le blanc est. Symbole de lumière, il peut être le symbole du deuil à l’égal du noir. De nième que. le noir symbole de la mort est aussi symbole de recommencement:

toute nuit est le prélude de l’aurore.

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