« Jeu et réalité » de Daniel Winnicott.
Fiche de lecture : « Jeu et réalité » de Daniel Winnicott.. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Florence Bernard Tarrade • 30 Avril 2020 • Fiche de lecture • 1 779 Mots (8 Pages) • 1 476 Vues
« Jeu et réalité » de Daniel Winnicott.
- L’auteur :
D.W. Winnicott était un pédiatre et psychanalyste britannique né en 1896 et décédé en 1971.
Née dans une famille aisée, il a été une figure du mouvement analytique qui s’est distinguée par sa créativité et son manque de dogmatisme. Il a travaillé à partir de 1923 au Paddington Green Children Hospital comme pédiatre, et commencé une analyse personnelle en 1930. Membre de la société britannique de psychanalyse depuis 1935, il en devient président en 1956. De par sa double formation de pédiatre et de psychanalyste, il a su allier l’observation des enfants avec une réflexion analytique originale.
Il se trouve au sein des deux grands courants psychanalytiques divergents de Mélanie Klein et d’Anna Freud, et deviendra le chef de file du « middle group » l’école empiriste britannique. Il joue un roule intermédiaire entre ces deux femmes qui sont des personnages importants de la psychanalyse de l’époque.
S’il y a une formule à retenir de Winnicott, il s’agit d’une « good enough mother » (mère suffisamment bonne) qui selon lui, permettra à l’enfant de se développer correctement.
Publié en 1971, ce dernier livre retrace des articles précédents ayant trait et reprenant son idée émise en 1951 sur l’objet et/ou l’espace transitionnel chez l’enfant. Cet article de l’époque, parfois mal interprété, a éveillé chez Winnicott le souhait de repréciser certaines idées. Ce qu’il y a de plus important dans l’objet transitionnel n’est pas l’objet doudou, mais bien sa dimension transitionnelle.
Le livre est précédé d’une préface de J.B Pontalis, descripteur de Winnicott et de sa pensée, d’un avant-propos de l’auteur, puis de 11 parties distinctes.
Winnicott développe ses idées et permet au lecteur des suivre le résultat des ses recherches quant aux phénomènes transitionnels et leur place dans le développement humain.
- Le choix de l’œuvre.
J’ai choisi ce livre car je me suis questionnée sur le lien que peuvent avoir objet transitionnel et dépression. Ce peut-il qu’il y ait un lien entre la dépression grave de l’adulte et un manque lors d’une des phases de transition nécessaire au développement de l’enfant au sein de laquelle l’objet doudou tient une fonction de pont ?
Je sais l’importance du jeu chez l’enfant, cruciale pour son développement ; le jeu est le « travail » de l’enfant à partir duquel il va réussir à comprendre ce qui l’entoure en se mettant à distance. Il se construit par le jeu, son développement en dépend. Cela va déterminer son rapport au monde et sa façon d’acquérir des connaissances.
Peut-il y avoir un lien entre des dysfonctionnements lors de ces phases nécessaires de développement de l’enfant et un syndrome dépressif adulte ? Un enfant qui n’a pu gérer correctement ses périodes d’angoisses au moyen d’un objet transitionnel a-t-il plus de risque de devenir un adulte dépressif ?
- Le résumé :
Le premier chapitre « objets transitionnels et phénomènes transitionnels » reprend l’hypothèse de Winnicott de 1951 et traite de l’utilisation par les nourrissons d’espaces transitionnels pour combler la frustration et l’angoisse.
L’enfant possède une tendance innée à se développer jusqu’à devenir une personne totale, saine. Héritage de la période prénatale et dépendance absolue des premiers moments, le nouveau-né fait corps avec son environnement, c’est le plus souvent l’ensemble mère-enfant qui tient lieu de cette première unité.
L’auteur parle alors de "mère suffisamment bonne" pour comprendre les premières interactions mère enfant, et de phénomènes transitionnels pour expliquer comment cette position d’omnipotence du bébé sera dépassée. La mère suffisamment bonne crée tout d’abord par une adaptation presque à 100%, l’illusion de l’omnipotence du bébé, puis devra peu à peu le désillusionner, augmentant l’espace entre elle et le bébé, en différant ses réponses par exemple. « L’espace potentiel ne se constitue qu’en relation avec un sentiment de confiance de la part du bébé [...] » p.139.
L’auteur explique tout ce que l’objet transitionnel peut représenter pour le bébé et le tout jeune enfant. Il assure pour le petit enfant une fonction de réassurance, de lien de permanence entre ce qui est là et ce qui n’est plus là et, par sa chaleur affective et le plaisir de manipulation qu’il procure, permet une expérimentation progressive de l’indépendance. Il sera la première possession, sera unique, devra survivre aux pulsions d’amour comme de haine. Il sera voué à un désinvestissement progressif
L’auteur fait un lien entre l’objet transitionnel et l’objet interne décrit par Mélanie Klein. L’objet transitionnel est-il interne ou externe au nourrisson ?
Il conclura en disant que cet objet est une « aire intermédiaire d’expérience » qui constitue la plus grande partie du vécu de l’enfant, et qui influera tout au long de la vie de la personne sur la manière dont celle-ci va appréhender d’autres expérimentations internes, telles que l’art la religion ou la vie imaginaire.
Winnicott applique ensuite cette théorie avec un exemple d’observation et présente le cas d’un enfant de 7 ans qui jouait constamment avec une ficelle. L'enfant avait recours notamment au jeu de la ficelle lors de périodes de séparations d'avec la mère. En effet, celle-ci a dû être hospitalisée à plusieurs reprises à cause de périodes dépressives. Winnicott souligne à propos de ce phénomène : "une utilisation excessive de la ficelle peut indiquer l'instauration d'un sentiment d'insécurité ou l'idée d'absence de communication". Il a mis en lumière que la fonction de la ficelle évolue. Elle passe d'une fonction de communication au déni de la séparation.
Il termine le chapitre sur le « matériel clinique » qui montre l’importance de mesurer la différence entre les phénomènes qui se situent entre la réalité extérieure et le vrai rêve. Il faut opposer le jeu à la réalité, et dénoter les enjeux de l’inconscient, notamment du rêve.
C’est l’objet du deuxième chapitre « rêver, fantasmer, vivre » qui illustre la dissociation entre le rêve et la fantasmatisation. Le rêve diurne (différent du songe ou pensées de projets) est un mécanisme de défense où la personne s’exclue de la réalité.
Winnicott développe ensuite la notion de jeu ou s’instaure pour l’enfant une relation dans une « aire intermédiaire ». C’est en jouant que l’enfant est libre de se montrer créatif, cette créativité, selon l’auteur, permettra l’émergence de l’identité propre de l’enfant.
A la fin du livre Winnicott revient sur l’utilisation de l’objet et l’émergence chez le sujet « d’un autre que moi ». Par le jeu se développent les relations avec les individus. Il décrit le « mode miroir de la mère et de la famille dans le développement de l’enfant » ce qui signifie l’importance des interactions familiales et plus globalement, aux moyens d’exemples de thèses, sur l’importance de l’environnement durant l’évolution de ce stade primaire.
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