Pourquoi les substances représentent-elles une échappatoire à la réalité privilégiée chez les patients borderline ?
Dissertation : Pourquoi les substances représentent-elles une échappatoire à la réalité privilégiée chez les patients borderline ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar katvoman • 28 Avril 2021 • Dissertation • 4 135 Mots (17 Pages) • 505 Vues
Introduction
Le terme borderline est d’origine anglo-saxonne et signifie « limite », en effet en français on parle souvent d’état-limite lorsqu’on se réfère à ce syndrome. Cela fait référence au fait qu’il s’agit d’une entité à la limite de la pathologie. L’origine de ce trouble de la personnalité remonte au XIXème siècle et a été popularisé en 1980 lorsqu’il apparaît dans le DSM-III, mais il prend de plus en plus d’ampleur de nos jour, avec environ 4% de la population mondiale atteinte. Le diagnostique borderline est en perpétuelle augmentation.
Selon le DSM, cette pathologie est caractérisée par un modèle persistant de changements d’humeurs, de l’estime de soi et de comportements. Les individus borderline peuvent expérimenter des épisodes intenses de colère, de dépression et d’angoisse qui peuvent durer quelques heures ou quelques jours. De ces symptômes découlent souvent des actions impulsives et des problèmes dans les relations interpersonnelles.
Les origines du troubles sont diverses, elles vont des gènes à l’environnement abusif dans lequel l’individu grandit, mais le point commun que nous pouvons noter entre tous ces patients est leur style d’attachement de type insécure, souvent insécure craintif. Il est important de se pencher sur la question des borderline étant donné que le risque suicidaire y est considérablement plus élevé que dans la population générale, en effet 73% des individus atteints du trouble ont déjà tenté de mettre fin à leurs jours.
Selon Kienast, Stoffers, Bermpohl et Lieb, 78% des individus borderline développent des troubles liés aux substances ou des addictions au cours de leur vie. L’étude Nesarc (National Epidemiologic Survey on Alcool and Re Study) nous montre que 16% des sujets alcoolo-dépendants et 31% des sujets dépendants aux drogues présentent des troubles borderline.
Ces éléments nous poussent à nous demander pourquoi les substances représentent-elles une échappatoire à la réalité privilégiée chez les patients borderline ? Pour commencer nous allons définir le trouble à l’aide des classifications du DSM-V, puis nous nous intéresserons à l’étiologie du trouble avant d’étudier le fonctionnement psychique des individus atteints. Pour finir nous expliciterons les raisons pour lesquelles les borderline sont particulièrement sensibles aux addictions.
Etiologie du trouble
La cause du trouble borderline n’est pas encore très claire, mais les recherches suggèrent que les gènes, la structure et le fonctionnement cérébral, l’environnement, la culture et les facteurs sociaux jouent un rôle ou accentuent le risque de développer ce trouble.
Prédisposition génétique et fonctionnement cérébral
En ce qui concernent les facteurs génétiques du trouble borderline, les découvertes en neuro-imagerie montrent qu’il existe une structure cérébrale commune aux patients. Les régions du cerveau étant associées à l’impulsivité et l’émotivité comme le système limbique sont trop actifs tandis que les régions cérébrales associées à la régulation émotionnelle et aux pensées rationnelles comme le cortex pré-frontal présentent une activité réduite.
(Lieb, K., Zanarini, M. C., Schmahl, C. et al., « Borderline Personality Disorder, » Lancet 364
2004)
Il existe aussi des dysfonctionnement au niveau des taux de neurotransmetteurs sécrétés dans les cerveaux des borderline. Les neurotransmetteurs sont les agents chimiques « messagers » du cerveaux qui permettent la transmission d’un message d’une synapse à l’autre. En effet, une majorité de chercheurs s’accordent à dire que les sécrétions de certains agents chimiques tels que la sérotonine, la dopamine, la norepinephrine et autres neurotransmetteurs associés à la régulation de l’humeur, l’impulsivité, la motivation sont insuffisantes chez les sujets borderline. Des études suggèrent aussi que les opiacés sont sécrétés dans des taux insuffisants, ce qui explique la faible résistance à la douleur physique et peut-être émotionnelle. (Gunderson, J. G. 1984 « Borderline Personality Disorder »).
Des facteurs psychosociaux et environnementaux
En ce qui concerne les facteurs environnementaux, beaucoup d’individus souffrant de ce trouble de la personnalité ont reporté avoir expérimenté des événements traumatiques comme des abus émotionnels, sexuels ou physiques, des abandons ou négligences ainsi que des environnements hostiles et riches en conflits. Jean Bergeret, un psychanalyste français note que les abus sexuels à répétition sont des éléments qui perturbent la formation de la personnalité ce qui peut être à l’origine de borderline.
Beaucoup se questionnent quant au lien entre notre société contemporaine et l’émergence du trouble. En effet, la structure actuelle de la société axée sur le consumérisme et et l’exigence de la performance a un impact sur notre psychisme. Cette société exigeant un surplus d’excitation, de consommation, de réussite et un manque de limites, de cadre religieux ou meme de structures familiales telle que la place du père qui était une notion fait que les limites vont devenir de plus en plus floues et les repères anciennement établis autour de la religion ou de l’ordre naturel notamment ne sont plus des vérités admises, tout est source de questionnements.
Lors des premiers instants de sa vie, le nourrisson n’a pas conscience d’être une entité à part entière, il se confond avec sa mère. C’est pout cette raison qu’il est extrêmement important pour une mère de se montrer à l’écoute des besoins physiologiques et psychiques de son bébé, c’est ainsi que l’enfant se sent fantasmatiquement flotter dans une atmosphère sereine et harmonieuse. Certains événements inattendus de la vie d’une mère tel qu’un deuil ou une maladie par exemple peuvent perturber cette atmosphère, car la mère va se montrer plus distante et ses soins seront perçus comme étant défaillants par le bébé. La dépression maternelle est aussi un facteur qui peut altérer l’édification de l’estime de soi, en effet l’enfant peut distinguer le manque d’expression sur le visage de sa mère et il se sentira coupable de la situation.
Attachement
La théorie de l’attachement, proposée par le psychiatre et psychanalyste John Bowlby et affinée par la psychanalyste Mary Aisworth, postule qu'un nourrisson tisse des liens affectifs spécifiques avec sa figure d’attachement principale dans les premiers mois de sa vie qui vont déterminer son fonctionnement futur. Cette théorie affirme l’existence de quatre schèmes d’attachements, selon la nature des soins donnés à l’enfant par ses figures d’attachement.
D’après Milkjovitch, l’enfant se forge des modèles internes opérants qui sont des représentations mentales de sa relation avec sa figure d’attachement principale qui devient un modèle pour ses relations futures. En d’autres termes, chacun se réfère à ces modèles pour prédire ses interactions futures.
Il existe 4 types d’attachements selon chacun :
L’attachement sécure, l’enfant comprend que l’absence de sa mère n’est pas permanente car le comportement de cette dernière répond correctement et de façon stable à ses besoins.
L’insécure détaché ou évitant, l’enfant ne fait pas confiance à sa mère pour satisfaire ses besoins, il a l’air indifférent à sa présence mais est en fait anxieux.
L’insécure préoccupé ou anxieux, l’enfant présente une forme de colère et de désespoir envers sa mère. Il est passif et ne se sent pas en sécurité, il considère ne pas pouvoir compter sur sa mère de par l’inconsistance de son comportement, perçu comme négligeant.
L’insécure craintif ou désorganisé, l’enfant ne correspond à aucun autre style, il peut agir de façon colérique, passive ou déprimée. Il ne comprend pas le comportement trop variable de sa mère qui va du passif à l’agressif.
En effet, la théorie de l’attachement souligne l’importance d’un lien sécure et dans la confiance entre une mère et son enfant pour le développement et le bien-être psychologique de ce dernier. Plusieurs études suggèrent que les individus borderline ont un style d’attachement insécure, souvent de type désorganisé.
Dysrégulation émotionnelle et comportementale
Les individus borderline peuvent subir des changements d’humeur et montrer une incertitude quant à leur image d’eux mêmes et de leur rôle dans le monde. C’est pourquoi leurs intérêts et leur valeurs peuvent changer rapidement. Ils peuvent voir les choses de façon très extrême, soit tout blanc ou tout noir, leurs opinions sur les autres est basée sur ce même schéma, quelqu’un peut être idéalisé à un moment et dévalué très vite. Ces changements importants génèrent des relations interpersonnelles intenses et instables.
Les symptômes du trouble décrits selon le DSM-5 sont :
Des efforts frénétiques pour éviter l’abandon réel ou imaginé. Ces efforts englobent le fait d’initier rapidement des relations intimes que ce soit physiquement ou émotionnellement ou bien au contraire de couper toute communication avec quelqu’un en anticipation
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