Etat de l'art sur le développement du sport dans les collectivités terrioriales

Etat de l’Art

En France, les collectivités territoriales sont des personnes morales de droit public juridiquement distinctes de l’Etat, elles doivent prendre en charge les intérêts de la population du territoire auquel elles appartiennent.

Depuis 1982, le rôle des collectivités territoriales vis-à-vis du sport n’a cessé d’augmenter. En effet, les lois de décentralisation^[1] ont permis aux communes, aux départements, aux régions et aux établissements publics de coopération intercommunale de mobiliser des crédits pour développer les politiques sportives. Ces politiques sportives sont propres à chacune des collectivités territoriales, cependant elles œuvrent toutes en faveur du développement de la pratique sportive, ou de politiques transversales pouvant être liées aux politiques sportives.

Pour cela, les collectivités territoriales informent, mettent en place des actions de communications, organisent des manifestations, afin de répondre correctement à la politique sportive mise en place. Ces actions sont organisées entièrement par la collectivité territoriale, parfois avec des partenaires locaux, mais essentiellement sous l’impulsion du domaine public.

Cependant, il arrive que de grands évènements sportifs nationaux, voire internationaux, se déroulent au sein du territoire d’une collectivité territoriale, souvent à la demande de ladite collectivité qui a postulé pour pouvoir accueillir cet évènement.  

Ces évènements sont des opportunités pour les territoires de développer plusieurs champs tels que la citoyenneté, le loisir, la jeunesse, l’éducation… En effet, « l’évènementiel sportif déplace les foules et se place parmi les plus fortes audiences télévisuelles, il est force d’attraction et permet de mettre en avant et de valoriser les territoires. »^[2]. Ainsi, bon nombre de collectivités ont compris l’intérêt d’utiliser l’évènementiel sportif pour développer le territoire.

Il s’agit dans ce mémoire d’analyser les méthodes des collectivités territoriales pour s’imprégner d’un évènement sportif, pour maximiser les retombées positives de celui-ci et pour tirer un maximum de profit de l’évènement. En se basant sur des recherches et des publications concernant les différents impacts que peuvent avoir des évènements sportifs organisés au sein d’une collectivité territoriale, l’objectif sera de comprendre quelles démarches les collectivités doivent-elles entreprendre pour s’approprier l’évènement et en faire une réussite générant un héritage favorable à la vie locale du territoire. Pour cela, je me baserai également sur une étude de cas au sein de la ville de Saint-Dié-des-Vosges, commune d’environ 20 000 habitants accueillant l’arrivée d’une étape et le départ d’une autre sur le 1er Tour de France Femmes avec Zwift en juillet 2022^[3].

Il s’agira donc de comprendre comment une ville moyenne comme Saint-Dié-des-Vosges peut se servir de la venue du 1er Tour de France féminin, événement sportif inédit,  afin d’améliorer son image territoriale. 

Tout d’abord, pour comprendre quels enjeux peuvent avoir des événements sportifs sur une collectivité, il parait important de connaître les retombées possibles. En 2009, l’article « Retombées socio-économiques du tourisme sportif : Exemples des marathons en France » de Bruno Lapeyronie dans Téoros » nous apprends que les impacts financiers directs des manifestations touristiques et sportives ont été peu étudiés jusqu’alors. En effet, cet objet d’étude n’est apparu que tardivement dans l’histoire, du fait de la prise de conscience que le sport pouvait être considéré « comme un produit (économique, social et culturel) soumis, au même titre que les autres produits, aux mécanismes d’ajustement d’une offre et d’une demande »^[4]. Ainsi, au fur et à mesure, l’économie du spectacle sportif et donc des manifestations sportives est apparu dans les années 90, permettant d’avoir les premiers aperçu sur les retombées économiques de ces manifestations. Cependant, la quasi-totalité de ces études portaient sur l’étude d’impact économique de grands évènements planétaires tels que les Jeux Olympiques ou la Coupe du Monde de Football Masculine, ne permettant pas de se forger un avis sur la question de l’apport d’un évènement national ou international de mois grande ampleur tel que le Tour de France par exemple. De plus, ces études s’intéressaient surtout à l’impact à l’échelle nationale, mais qu’en est-il de l’impact local au sein d’un territoire ?

De plus, dans cette étude menée par Bruno Lapeyronie, la méthodologie spécifique liée au calcul d’impact des retombées s’effectue seulement après l’évènement.

Par cela, on remarque que la plupart, si ce n’est la totalité des études d’impacts d’évènements sportifs se base sur le retombées unique dudit évènement lorsque celui-ci a eu lieu. En effet, pour calculer l’impact que cet évènement peut avoir sur un territoire, il est important de s’intéresser à toutes les actions qui ont pu être mises en place dans l’optique que cet évènement se déroule de la meilleure des manières.

Il convient donc de s’intéresser aux stratégies des collectivités afin de communiquer sur l’évènement sportif afin d’accroitre l’intérêt de la population et par conséquent, l’impact final de l’évènement. Depuis les lois de décentralisation, « le degré de liberté dont jouissent les élus locaux dans la manière de développer et d’animer leur territoire […] a augmenté »^[5]. Ainsi, les collectivités mettent en place des actions de communication en total autonomie afin de préparer à la venue de l’évènement sportif en question. Ces actions mises en place sont variables, les collectivités peuvent choisir d’orienter diverses manifestations afin de répondre au politiques publiques locales.

Hautbois et Desbordes expliquent que cette autonomie, permettant de développer différents champs de la politique (économique, sociale, culturelle, sportive etc…) a fortement accru la concurrence entre les territoires. On parle ainsi de marketing territorial.

Par cette notion si spécifique qu’est le marketing territorial, il convient d’en comprendre le fonctionnement, les enjeux. Le livre « Marketing territorial : Enjeux et pratiques » de Benoît Meyronin nous permet d’en comprendre les caractéristiques et la place qu’il prend désormais dans les collectivités. « L’événementiel comme vecteur de mobilisation et d’image »^[6], dans ce chapitre proposé par Benoît Meyronin, l’exemple d’un évènement uniquement dédié à une région, la Bretagne, se déroulant à Paris nous est dévoilé. On voit par cela très clairement la stratégie de promotion de l’image de la région. Cela illustre l’importance des évènements en tant que « bon compromis entre la recherche d’une image positive et l’adhésion des citoyens »^[7].. En effet, l’auteur nous cite un grand nombre d’évènements servant à l’image de marque d’un territoire tels que La fête des lumières à Lyon, le Printemps de Bourges ou encore La folle Journée à Nantes. On comprend donc que les évènements, par les actions de préparation, de communication, de transmission d’image et de valeurs prônées par le territoire, permettent aux collectivités de se mettre en valeur.

Si ces derniers évènements cités relèvent plus de la culture, l’auteur nous indique également que le sport est un « vecteur de mobilisation et d’image »^[8]. Comme exemple, Meyronin nous parle de la ville de Lyon qui a accueilli la « Coupe du Monde de Rugby 2007, 3ème évènement sportif mondial avec 2 millions de spectateurs et 4 milliards de téléspectateurs » offrant une « vitrine exceptionnelle » et un « formidable outil de promotion d’une ville ».

Mais pour qu’un évènement sportif génère des impacts positifs pour la population locale d’un territoire, il faut qu’il soit bien intégré dans une stratégie d’image de marque du territoire. Il faut une cohérence entre l’évènement sportif et la politique publique de la collectivité.