Introduction géopolitique

La géopolitique : introduction 

La géopolitique est un terme qui associe deux autres termes d’origine grecque : « Géo », c’est la terre, notre planète. La « politique », dans le sens le plus large, désigne le « vivre ensemble », les relations entre les humains et plus singulièrement les relations de pouvoir.

Combinant ces deux notions, la géopolitique cherche à analyser les rapports entre les entités politiques-principalement les Etats- et leur environnement.

Or, l’environnement est divers : les hommes évoluent :

• dans un environnement spatial,
• dans un environnement économique,
• dans un environnement culturel (religieux, linguistique, de civilisation etc.)
• dans un environnement militaire
• dans un environnement technologique, énergétique
•  etc.

A ce titre, la géopolitique est un domaine transdisciplinaire impliquant des connaissances en matière géographique, économique, culturelle, militaire, historique, anthropologique, etc.

Ceci en fait sa richesse mais entraîne également une certaine délicatesse d’approche.

Plan

I Qu’est-ce que la géopolitique ?

1Le mode d’expression de la rivalité.

2 La notion de territoire.

II La prise de décision géopolitique.

1La question de la morale et de l’intérêt.

2 La notion de « realpolitik ».

I Qu’est-ce que la géopolitique ?

Définition : La géopolitique est l’étude des rivalités de pouvoir(s) et/ou d’influence (s) sur un territoire donné.

Au stade de la définition, il y a donc deux notions essentielles à retenir :

• Celle de rivalité et/ou d’influence.
• Celle de territoire.

1Le mode d’expression de la rivalité.

Concernant la rivalité et/ou l’influence : celle-ci peut prendre différentes formes : suivant la nature, l’intensité et les objectifs, on appellera cette rivalité de différentes manières.

Il pourra s’agir :

De la guerre. C’est la forme de rivalité la plus aboutie, voire la plus ancienne et la plus traditionnelle.

• Elle peut être déclarée : les parties en jeu sont en conflit effectif (exemple : la guerre entre la France et l’Allemagne en 1870) ;
• Elle peut être à l’état larvé, non déclaré : les forces se font face sans entrer en conflit effectif (exemple : la situation à la frontière entre la Corée du Sud et la Corée du Nord) ;
• Elle peut être locale, au sens d’espace restreint : exemple la guerre entre la Russie et la Tchétchénie ;
• Elle peut être continentale, mondiale.
• Elle peut être interne à un Etat, (guerre civile).
• Elle peut, c’est le cas le plus courant, mettre en jeu différentes structures étatiques : La France et l’Allemagne, La France et l’Italie, L’Urss et l’Allemagne etc.
• Elle peut avoir des causes diverses et multiples :

• volonté hégémonique (volonté d’imposer sa primauté) d’un des acteurs .Ex : les guerres de colonisation,
• idéologique ou religieuse (volonté d’un des acteurs d’imposer sa vision du monde). Ex : les croisades,
• raciale. Ex la politique d’expansion nazie,
• économique (volonté d’un des acteurs de s’emparer de certaines ressources naturelles ou industrielles). Ex : les guerres de colonisation,
• peut trouver ses origines sur le plan historique. Ex : guerre du Kosovo,
• etc.

De la compétition économique : l’économie est un haut lieu d’expression de la rivalité entre les Etats ou groupes d’Etats. C’est donc un domaine géopolitique de premier ordre.

En effet, la performance économique détermine la puissance financière d’un Etat. Et la puissance financière d’un Etat est un élément important de  sa puissance tout court.

La compétition économique n’est pas un phénomène récent. Si l’on se restreint à une époque relativement récente, un des objectifs des colonisations du XVIIIème, XIXème et début du XXème siècle a été l’appropriation de ressources économiques, principalement sous la forme de ressources naturelles, d’espaces exploitables ou de force de travail.

En outre, la puissance^[1] économique  est un des paramètres essentiels permettant de conditionner la puissance des Etats et des nations aux côtés d’autres paramètres comme :

• la démographie,
• la possession de ressources naturelles,
• la puissance militaire,
• le positionnement géographique.

(Ces critères ne sont pas pour la plupart indépendants et s’interpénètrent).

Cet aspect de la puissance est monté en importance au fur et à mesure de la complexification des économies et des échanges dans l’histoire. D’important, il est devenu essentiel lors de la révolution industrielle au XIXème siècle pour devenir un des champs principaux de la géopolitique à la fin du XXème à la faveur du phénomène connu sous le terme de mondialisation.

La performance économique dépend de multiples facteurs :

• Organisation,
• Capacité financière,
• Capacité technologique,
• Capacités humaines,
• Détention ou accession physique et technologique aux ressources énergétiques (pétrole, gaz, nucléaire ; facilité des transports etc.),
• Etc.

Par conséquent, toutes ces dimensions ont une empreinte géopolitique marquée, à un tel point que l’on évoquera facilement des disciplines telles que la géopolitique des transports, une géopolitique du pétrole, une géopolitique du savoir etc.

De la rivalité politique, idéologique, culturelle et/ou religieuse :

L’accession à la puissance économique, à la puissance financière n’exclue pas d’autres formes de rivalités. Ce sont des rivalités qui ont trait au domaine des idées.

Chaque Etat ou groupes d’Etats, voire coalitions (groupe d’Etats s’organisant de manière ponctuelle en vue d’un objectif déterminé) est porteur de données subjectives : il s’agit de caractéristiques idéologiques, politiques, culturelles et/ou religieuses. Ces données, suivant les configurations, ont vocation à l’expansion ou au moins à la pérennité.

Quelques exemples :

• Les Etats-Unis sont porteurs des valeurs de liberté, de libre-entreprise, de démocratie (telle que nous la concevons). Leurs interventions dans le monde se font souvent dans le cadre d’un mélange de la promotion d’intérêts directs et évaluables (accès aux ressources naturelles, influence économico-politique) et d’intérêts idéologiques . (Abattre les dictatures, promouvoir la liberté individuelle, d’entreprendre etc.).
• Nombre de conflits ou de situations conflictuelles dans le monde ont une base religieuse : ainsi, on ne peut comprendre le conflit entre Israël et la Palestine si on se limite simplement à la volonté de sécurisation territoriale des parties sans le replacer dans le contexte générale de l’opposition entre le monde juif et le monde musulman.

De même, on ne peut comprendre la géopolitique de l’Iran si on se limite au simple désir d’accession au statut de puissance régionale de ce pays. La politique iranienne et son opposition à d’autres nations doit aussi être replacée dans le contexte de l’opposition séculaire entre les deux grandes branches de l’Islam : le sunnisme d’une part  et le chiisme d’autre part.

Il est important de retenir un aspect fondamental : les situations géopolitiques ne sont pas mono-causales mais pluricausales : lorsqu’il est examiné une situation géopolitique, qu’il s’agisse d’un conflit guerrier ou d’une rivalité d’une autre nature (par exemple économique), les intérêts, les motivations sont souvent diverses, simultanées, intriquées :

• Derrière des motivations économiques se cachent souvent des motivations idéologiques,
• L’inverse est également vrai : derrière des motivations idéologiques se cachent souvent des motivations économiques,
• Etc.

2 La notion de territoire.

Nous l’avons dit, la géopolitique est l’étude des rivalités de pouvoirs(s) et/ou d’influence (s) sur un territoire donné.