Art, atelier et thérapie

tients/créateurs. Qui se découvrent artistes.

Dans l’Atelier, trois art thérapeutes jouent le rôle de guide et assurent une transmission. Les solutions aux difficultés du patient se trouvent pour l’essentiel dans le travail lui-même : couleur, valeur, taille de l’œuvre, geste... pour la production plastique.

Les œuvres réalisées par les patients sont leur propriété. Ce sont des oeuvres d’art créées pour être vues par des inconnus, « des autres autres », ce qui souligne la singularité de chaque travail et vise par là même à l’universalité de la création en évitant le particularisme de la « peinture du fou ». D'où la signature, l’exposition des travaux, individuels ou collectifs, et l’ouverture au don. Et au contre don, dans une dimension sacrée. Le passage de l’homme peignant à l’artiste, du travail transférentiel à l’objet de regard collectif. L’interaction de celui qui crée avec sa création. La figuration des profondeurs qui conduit à la force de la production. Une sensorialité qui renvoie aux images plus qu’aux mots et rencontre ainsi l’image plastique tel Salvador Dali se proclamant le peintre objectif des rêves.

Depuis les années 80, les travaux, expositions, puis installations se sont succédées.

En 1986, une fresque murale géante conçue et réalisée par un groupe de patients fut déposée sur un mur extérieur de l’hôpital. Il s’agissait alors de transformer « un mur anonyme, synonyme d’isolement et d’enfermement » en « un symbole de vie et de liberté ». Les thèmes retenus pour les réalisations collectives, d'abord empruntés à quelques artistes choisis et aimés comme René Char : « Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience » ou Jean Genet « Il n’est à la beauté d’autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu’il préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde pour une solitude temporaire mais profonde », appartiennent désormais au chaudron dans l'oeuvre au noir de l'Atelier.

Ces derniers mois, elles se nomment « le Tragique et le Sacré », « le Voyage d' hiver » et « Nébuleux et nébuleuse du cocon ».

L’Art thérapie en tant qu’expression créative aide à tisser des fils et à cicatriser, cicatrisation symbolique surtout. Elle permet au patient d’être dans une attitude d’ouverture face à la création (en état « d’Annonciation », « de Visitation »?), de se libérer des références communes et de la pensée commune qui appartiennent de plus à un monde dont il est souvent rejeté. Par ailleurs, toujours à l'Atelier, quelques séances sont orientées vers des prises en charge psychothérapiques, l’art-thérapeute propose alors un travail plastique de médiation à partir des paroles livrées par le patient, bribes et fragments. Dans un espace de jeu et de créativité - l’Atelier - se reproduisent ainsi figuration et exploration du mystère dans un parcours reliant atelier intérieur et lieu construit par et pour les transitions.

Et en ce sens, attention est également portée dans l'Atelier à la création dans des lieux marginaux comme les hôpitaux ou les prisons, et aussi dans le non espace que constitue la rue pour le peuple