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Art et littérature

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enterrer sa mère. Il étudia à La Havane puis en France. Dès 1861, à l'âge de 18 ans 1/2, il s'installe définitivement en France, fait ses études à Senlis et est reçu à l'Ecole des chartes. Il commence à composer des poèmes très influencés par la toute récente école parnassienne qui prenait le réalisme exact et la perfection absolue de la forme. Il publia ses premières œuvres dans diverses revues, puis Leconte de Lisle lui permit de collaborer au Parnasse contemporain (1866).

José Maria de Hérédia fut reconnu très vite comme poète de talent, malgré la rareté de ses publications. En 1893, il regroupa dans Les Trophés quelque cent dix huit sonnets. Les quatre premières parties de ce recueil traitent de l'histoire mondiale depuis les temps helléniques jusqu'à la Renaissance, et la dernière, de la nature et des rêves. Fidèle à la doctrine parnassienne, Hérédia avait ciselé la perfection la forme de ces sonnets (il mit plus de trente ans à les polir), et la thématique oblige histoire, légendes et nature est propice des descriptions qui sont autant d'exercices de style. Dans tous ses poèmes, Hérédia présente en outre les événements dramatiques avec exactitude, évitant tout commentaire personnel et toute implication philosophique. Maître incontesté du sonnet français, sa puissance de suggestion est intense (Après Cannes, Antoine et Cléopatre, Les Conquérants...). En prose, il a écrit une traduction de la Véridique histoire de la conquête de la Nouvelle-Espagne par Diaz de Castillo (1877-1887, 4 vol.) et La Nonne Alferez (1894). Officier de la légion d'honneur, il fut élu à l'Acadmie française le 22 février 1894 au fauteuil 4 en remplacement de Charles de Mazade et reçu le 30

mai 1885 par François Coppe . En tant que Parnassien il succéda son maître Leconte de Lisle, mais ne produisit plus d'oeuvre importante. José Maria de Hérédia était également membre de la Commission du Dictionnaire, conservateur de la bibliothèque de l'Arsenal et secrétaire d'ambassade. Cousin par alliance de la famille du peintre Auguste Toulmouche (21 septembre 1829 Nantes- 1890), José Maria de Hérédia, ainsi que de nombreux poètes parnassiens et des peintres, fut reçu très souvent à l'Abbaye de Blanche-Couronne. Toulmouche disait de lui: c'est le flirt de ma femme. Cette abbaye inspira ces poètes ainsi que la fille aînée de José Maria de Hérédia, Marie Louise (connue en littérature sous le pseudonyme de Gérard d'Houville) qui épousa en 1896 le poète romancier Henri de Régnier. Le prix Heredia est actuellement décerné par l'Acadmie française des auteurs de sonnets ou d'un recueil de prosodie classique. C'est un prix annuel constitué en 1994, par regroupement des fondations de Hérédia, Pascal Forthuny, Emile Hinzelin, Kastner-Boursault et Le Fèvre-Deumier.

LE PARNASSE

Le Parnasse est un groupement de poètes qui se constitue vers le milieu du XIXe siècle autour de Leconte de Lisle. Hostile aux effusions individuelles comme aux engagements politiques, il prétend nourrir la poésie des sciences de la nature, de l'histoire et de la philosophie, pour dégager le pathétique de la vie universelle et des émotions collectives de l'humanité. Soumis à une sévère discipline de la forme et indifférent au suffrage de la foule, l'artiste trouve sa récompense dans la contemplation du beau. Leconte de Lisle Après 1850, le romantisme vient d'échouer avec Lamartine, que suivra Hugo, dans la conquête du pouvoir. En réaction contre lui, la bourgeoisie a suscité un art qui se réclame du " bon sens ", rase la prose et moralise. Émile Augier, François Ponsard, Joseph Autra sont les têtes de file de cette école qui garde sa faveur sous

le Second Empire. La génération littéraire de 1820, avec Flaubert, Baudelaire et Leconte de Lisle, s'élève contre le romantisme, taxé d'impuissance, et l'école du " bon sens ", taxée de médiocrité. Cependant, plus d'un lien rattache le Parnasse au romantisme : Leconte de Lisle est fortement marqué par Lamartine et par Vigny. L'énergie passionnelle, l'interprétation symbolique de la nature, le goût de la couleur et de l'exotisme, la liberté dans la fantaisie passent du romantisme au Parnasse, et Leconte de Lisle estime Théophile Gautier. Charles-René-Marie Leconte de Lisle (1818-1894), né à la Réunion, vient, à dix-huit ans, poursuivre ses études en France, à Rennes ; il applaudit à Chatterton et rime les élégies dans le goût lamartinien. De 1845 à 1848, il fréquente à Paris les phalanstériens (il collabore à La Phalange et à La Démocratie pacifique), espère tout de la révolution de 1848, dont l'échec l'accable ; il ne pardonnera ni à la bourgeoisie sa victoire, ni au peuple d'accepter sa défaite. Son pessimisme s'alimente à deux sources, passionnelle et politique. Nul ne fut moins impassible que ce grand tourmenté d'amour. L'image d'une vierge approchée à la Réunion, et que la mort a dérobée, s'associera pour lui à l'île natale et à la caresse maternelle (" Le Manchy ", " L'Illusion suprême "). Il a aimé à Paris une femme mariée et leur rupture lui dictera " Les Damnés " (1855), " Le Dernier Souvenir " (1868). Ayant laissé sans réponse l'amour d'une jeune fille qui pour lui renonça au monde (" Les Spectres ", 1866), il aima jusque dans sa vieillesse d'un amour impartagé (" Le Dernier Dieu ", 1886). Contre les exigences de cette sensibilité torturée, il loue l'impassibilité dont les parnassiens se font un masque, souvent mal ajusté au visage. Le désengagement politique est un autre masque. Leconte de Lisle garde la nostalgie secrète de 1848, il écoute " l'appel désespéré des nations en croix et des justes râlant sur le fumier des villes " (" Tristesse du diable "). Pour oublier sa tristesse, il se réfugie d'abord dans une Grèce de convention, d'une blancheur de statue, et qui emplira la plus grande partie des Poèmes antiques de 1852 : poèmes savants et froids, ils constituent la fraction la plus artificielle de

son œuvre. Après 1870, Leconte de Lisle évoque dans les Erinnyes , tragédie créée en 1873, une Grèce archaïque, belliqueuse et farouche, écrasée par le destin, avant de revenir à des teintes plus claires dans l'Apollonide (1888). Il se plonge aussi dans l'Inde antique foisonnante de vie et de mysticité : la beauté de ces pages ne désarmera pas le persiflage d'Alphonse Daudet. Le poète se réfugie surtout dans l'histoire, et, par elle, tente de concilier la retraite imposée au républicain d'hier et sa nostalgie des actes héroïques ; dans les Poèmes antiques , il chante les héros affranchisseurs, " Héraklès ", la grande vaincue, " Niobé ", et, dans les Poèmes barbares (publiés en 1862), les fidèles des dieux déchus, " Le Runoïa ", " Le Barde de Temrah ", le grand révolté, " Qaïn ", etc., où l'énergie des époques primitives contraste avec l'énervement des modernes. Mais de l'histoire naît une nouvelle et plus profonde source de pessimisme. L'histoire des espèces, comme celle des hommes, est un déroulement incessant de violences. L'humanitaire de quarante-huit répugne à ces violences, mais, nourri d'images héroïques ou sanglantes, il se complaît en elles et, en outre, après 1870, l'école darwinienne semble donner au meurtre universel la caution de la science. Leconte de Lisle sera le poète des bêtes de proie, parce qu'il est obsédé de victimes et de bourreaux : l'aigle, le tigre, le jaguar, le lion, le loup, le requin. Il hait et aime à la fois les " hideux siècles de foi, de lèpre et de famine " qui constituent pour lui le Moyen Âge : il voudrait écrire " L'Épopée du moine ". Il a des élans masochistes vers sa propre immolation (" Le Sacrifice ") ou vers l'immolation d'autrui (" Ô sang mystérieux, Ô splendide baptême ! "). Cependant ce violent est " un tendre ", disait Heredia, un " faiseur de romances ", selon le critique Spronck ; jusqu'au bout, il restera un élégiaque. Conscient de ces contradictions, il enviera Théophile Gautier mort pour " ne plus avoir la honte de penser et l'horreur d'être un homme ". Pour atténuer ce pessimisme, il n'est que quelques surhommes, les héros grecs, Bouddha, le Christ et sa parole d'amour : " Tu n'auras pas menti, tant que la race humaine pleurera dans le temps et dans l'éternité. "

L'école parnassienne Ce solitaire, ce lyrique torturé a fondé une école qui se veut sereine : c'est un mécanisme de la défense du Moi. C'est aussi la réaction d'un temps. Flaubert estime Leconte de Lisle tout en le trouvant trop élégiaque. Comme Baudelaire, Leconte de Lisle professe que " la moralité d'une œuvre d'art, c'est sa beauté ", mais, égratigné par Baudelaire qui raille l'" école païenne ", il range ce dernier parmi les " montreurs ". Nature impérieuse au verbe incisif, il ne peut régner que sur ses cadets de vingt ans, et c'est, en effet, autour de 1840 que sont nés les futurs parnassiens : Dierx, Villiers de l'Isle-Adam en 1938, Sully Prudhomme, Des Essarts en 1839, Mérat, Cazalis en 1840, Mendès, Valade en 1841, Coppée,

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