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Debat sur le Prix Nobel d'économie

Dissertation : Debat sur le Prix Nobel d'économie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  6 Septembre 2022  •  Dissertation  •  2 364 Mots (10 Pages)  •  358 Vues

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“Le prix Nobel, c'est une bouée de sauvetage lancée à un nageur qui a déjà atteint la rive.” Par ces mots, George Bernard Shaw, lui-même prix Nobel de littérature en 1925 démontre l’effet pervers de cette récompense au prestige inégalé dans les domaines qu’elle comprend.

Le Prix Nobel à sa création en 1900 prévoit de récompenser ceux « ayant apporté le plus grand bénéfice à l'humanité », par leurs inventions, découvertes et améliorations dans différents domaines de la connaissance, par l'œuvre littéraire la plus impressionnante, ou par leur travail en faveur de la paix, suivant ainsi les derniers vœux d'Alfred Nobel, inventeur de la dynamite. A la faveur d’un immense travail d’universalisation, et alors que rien ne l’y prédisposait réellement, le Prix Nobel devient une institution qui surplombe les instances proprement nationales. En même temps, l’attribution du prix n’a jamais cessé d’être hantée par l’enjeu de la concurrence internationale au sein du champ scientifique, chaque nomination pouvant être perçue comme biaisée par les hiérarchies entre les espaces nationaux.

C’est dans ce contexte de l’histoire longue et difficile de la construction d’une légitimité et d’une crédibilité scientifique internationale  qu’est apparu le « prix de la Banque de Suède en science économique en mémoire d’Alfred Nobel », décerné chaque 10 décembre, date anniversaire de la mort d'Alfred Nobel, à l’instar des autres véritables PN.

En effet, si les sciences économiques n’avaient pas été jugées dignes d’être un domaine apte à conférer « les plus grands bienfaits à l'humanité », sa création en 1968 par Per Åsbrink, gouverneur de la Banque de Suède, avec l’aide de Lindbeck, et des économistes Erik Lundberg et Gunnar Myrdal, va rapidement permettre au Prix de la Banque de Suède d’atteindre une renommée égale aux autres. Cependant cela ne s’est pas fait naturellement et un intense lobbying sera nécessaire pour faire accepter par l'Académie royale des sciences de Suède, d'administrer le prix selon les mêmes procédures que le prix Nobel. Il devient alors confondu par les journalistes, le public et les récipiendaires eux-mêmes, avec un véritable prix Nobel.

Ainsi, la légitimité acquise dans des conditions que d’aucun jugeront fortement discutables sert-elle réellement à participer à l’expansion des idées économiques et au rayonnement de cette science ou seulement au gain, financier et de renommé, du récipiendaire du Prix en sciences économiques ? De plus, l’attribution même de ce prix soulève de vives critiques ; alors que l’un des créateurs du PN, MYRDAL, se voit lui-même recevoir ce prix en 1974, c’est surtout en 1976 que les tensions naissent. En effet, il s’agit cette année-là de récompenser Milton FRIEDMAN, inspirateur des politiques néolibérales de Reagan et de Pinochet. La question de la mixité du prix semble également importante puisqu’il aura fallu attendre 2009 pour qu’une femme, Elinor OSTROM, soit récompensée d’un Prix Nobel d’économie. Celui-ci favorise-t-il alors des travaux dans l'intérêt du bien être général ou sert-il des intérêts politiques qui limiterait l'évolution de la pensée économique dans un cadre trop restreint. Le paradoxe est d'avoir vu naître ce prix en Suède, au pays de la social-démocratie. Avner Offer et Gabriel Söderberg opposent deux doctrines. L'une est celle de l'économie qui, se piquant de scientificité, traite des préférences des individus et de l'efficacité des marchés. L'autre est celle de la social-démocratie, qui se préoccupe des groupes et problèmes sociaux. Par ailleurs, s’il s’avère qu’il incite réellement à une diffusion des idées économiques dominantes, les découvertes qu’il déclenche ont-elles une suite donnant lieu à une application dans les politiques économiques nationales et internationales ?

Ainsi, l’ensemble de cette problématique amène à se demander : DQM Le PN d’économie est-il réellement pertinent pour faire évoluer la pensée économique ?

I- La petinence du Prix Nobel d’économie en termes d’analyse économique se justifie par ses apports multidimensionnels de la recherche économique

Si l’existence de ce Prix Nobel peut être considérée comme utile , pertinente du fait de son caractère incitatif favorisant la recherche économique celle-ci le serait d’autant plus que son influence s’étendrait au delà des simples murs des Grandes écoles ou cercles de réflexions ayant un réels impacts sur l’amélioration de politiques publiques favorables au bien commun.

Une récompense incitative favorisant la recherche en économie justifiant de sa pertinence

Le symbolisme autour du prix Nobel, en tant qu’institution longuement installée et approuvée de par la majorité est son principal pouvoir permettant de réellement mettre en lumière les différentes thèses et idées récompensées.

Ainsi , le prix Nobel d'économie de par sa médiatisation donne au grand public l’occasion de découvrir des recherches d’économistes pouvant procurer un réel avantage quant à l’amélioration de la société. En ce sens Assar Lindbeck dans son oeuvre “The Prize in Economic Science in Memory of Alfred Nobel” affirme que cette récompense est la façon de montrer “au moins une fois par an, qu’il y a d’autres héros dans le monde que les athlètes, les artiste , les pops stars, les politiciens qui dominent l’actualité des mass media. Ce prix contribue à instruire la population, non experte en économie, lui permettant de comprendre les problématiques économiques et sociales actuelles.” De plus Gustav Kallstrand, en tant que conférencier au musée Nobel soulignait en 2014 dans une interview pour Paris Match qu’en plus d’accorder aux récompensés une reconnaissance de la part du grand public il permettra également d’acquérir une crédibilité auprès de ses pairs, ce qu’aucune autre récompense n’a réussi à faire jusque là malgré leurs gains parfois plus conséquent.

De fait, due à une telle importance, la récompense permet en premier temps d’inciter à la recherche dans le domaine économique. En effet, dans un premier temps la récompense colossale aide les économistes récompensés à poursuivre et étendre leurs recherches. Assurément , même si le montant varie au fil du temps, l’Académie suédoise donne aujourd’hui 9 millions de couronnes au lauréat soit près de 850 000 euros, une récompense colossale en parallèle d’autres prix attribués dans le monde pour d’autres matières à l’image des Oscars dont le vainqueur se contente de 500 euros.

Mais le prix incite également les institutions elles-mêmes à investir dans la recherche économique, à l’image des prestigieuses écoles, aussi bien que l’Etat. Effectivement, pour obtenir ladite récompense les pays entrent dans une concurrence intense permettant leur affirmation dans le monde. Et même si cela peut être seulement perçu comme une recherche de gloire, une question d'ego, son apport n’est pas négligeable à l'intérêt général.

B) Une récompense pertinente en ce qu’elle incite à une amélioration des politiques publiques

Le Prix Nobel a ainsi une influence incontestable qui, si elle favorise la recherche, contribue également à favoriser l’innovation en particulier en matière de politique publique s’inspirant de travaux d’économistes récompensés et de leurs prises de positions sur le futur. En réalité, les “Prix Nobels d’économie” sont des experts dans leur domaine et peuvent donc en permettre logiquement l’avancement, sans oublier qu’ils sont aussi pour la plupart disposés à répondre à la demande médiatique et politique de prise de position sur l’avenir du monde.

A titre d’exemple, il est possible de mentionner les travaux de Thaler sur les nudges récompensé en 2017. En intégrant les recherches sur l’irrationalité dans le champ de l'économie, il a mis en avant les biais humains cognitifs ou sociaux qui peuvent affecter les prises de décision des investisseurs et les orientations des marchés. Sa doctrine, baptisée aussi "paternalisme libertarien", fut également une référence pour les hommes politiques, notamment sous l'administration Obama. Le co-auteur de ce best-seller, le juriste Cass Sunstein, fut notamment un des conseillers du président démocrate. Ses théories ont été appliquées pour pousser les consommateurs ou administrés à payer leurs places de parking ou à se faire vacciner.

Le Prix Nobel est ainsi apparu rapidement comme un objet permettant de prôner la mise en place de mesures en vertu de la maximisation du bien être commun. L’économiste SEN récompensé en 1998 pour ne citer que lui pour “sa contribution à l’économie du bien-être” a participé entre autre à l’élaboration de l’Indice de Développement Humain (IDH) et a introduit la notion de “capabilities” menant à considérer la pauvreté en termes de possibilités d’action, de “capacités” de faire. A cet égard, la Banque mondiale a notamment intégré dans sa démarche une part de la volonté et de l’analyse de SEN en mettant l’accent sur les politiques de réduction de la pauvreté entre Nord et Sud.

Pour des questions similaires il est intéressant de montrer qu’Esther DUFLO, nobélisée en 2019 a été consultée à de nombreuses reprise par Barack Obama concernant la gestion et la lutte contre la pauvreté, témoignant de nouveau de la portée

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