Fiche de lecture Françoise GUILLEMAUT “FEMMES AFRICAINES, MIGRATION ET TRAVAIL DU SEXE”, Dans Sociétés 2008/1 (n° 99)
Fiche de lecture : Fiche de lecture Françoise GUILLEMAUT “FEMMES AFRICAINES, MIGRATION ET TRAVAIL DU SEXE”, Dans Sociétés 2008/1 (n° 99). Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Liliana Vergoby • 3 Décembre 2019 • Fiche de lecture • 2 327 Mots (10 Pages) • 835 Vues
Fiche de lecture
Françoise GUILLEMAUT
“FEMMES AFRICAINES, MIGRATION ET TRAVAIL DU SEXE”,
Dans Sociétés 2008/1 (n° 99), pages 91 à 106,
éditée par De Boeck Supérieur en 2008
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NB: lorsque j’exprimerai mon opinion, je le présenterai de manière explicite (à mon avis, selon moi), faute de quoi, il s’agira de retranscription de l’auteur.
Dans cette fiche de lecture, je vais vous présenter un article s'intitulant “Femmes africaines, migration et travail du sexe”, écrit par Françoise Guillemaut, une sociologue diplômée en santé publique. Cet article est paru en 2008 aux pages 91 à 106 de la revue des sciences humaines et sociales Sociétés.
Sociétés est une revue imaginée en 1982 par le sociologue Michel Maffesoli et éditée par De Boeck Supérieur. Elle rassemble des discussions sur l’épistémologie des sciences sociales et des questionnements de terrains et de phénomènes émergents.
En effet, la question du traitement juridique des prostituées est présente en France et expose notamment un “paradoxe entre la morale et les libertés dans un régime de démocratie libérale”. La lutte contre cette activité fait apparaître un début de réglementation, notamment en 2003 avec la loi sur la sécurité intérieure dite “Loi Sarkozy” qui rétablit la pénalisation du racolage passif, suivie de la loi de 2011 qui réaffirme l'engagement abolitionniste de la France et celle de 2016 sur la « pénalisation des clients ».
Concernant l’auteure, Françoise Guillemaut est une maîtresse de conférence et chercheuse en sociologie. “Elle travaille sur la traite des êtres humains et la prostitution depuis 1993, et sur le VIH/sida depuis le début des années 1990. Entre 2008 et 2015 ses travaux ont porté sur les enjeux du genre (santé, jeunes, migration, discriminations,) dans les DOM et sur sur la consubstantialité des rapport sociaux.”
Elle écrit de nombreux articles concernant les femmes et les migrations tels que “Femmes et migrations en Europe : Stratégies et empowerment” paru dans Le Dragon Lune et “Trafics et migrations de femmes, une hypocrisie au service des pays riches”, paru dans Hommes et migrations en 2004. Elle écrit également des articles qui se centrent davantage sur la santé sexuelle et ses éventuels risques comme en 2008 avec “Jeunes et santé sexuelle, risques et réduction des risques”, paru dans UNAF études et recherches, N°1, et en 2012, “Chercher la vie, les transmigrants Africains face à la santé et au VIH” dans L'Harmattan.
Elle se fait ainsi reconnaître en tant qu’experte sur les questions de migration et de travail sexuel et fonde notamment l’association de santé communautaire pour les personnes prostituées: Cabiria, située à Lyon.
Cet article aborde le sujet de la prostitution des femmes africaines en France en réfutant les représentations du sens commun, qui sont, pour F. Guillemaut éloignées de la réalité. Plus précisément, ce texte traite de la vie quotidienne de ces femmes et se pose la question suivante: Comment les femmes migrantes africaines vivent-elles au quotidien en France par le biais du travail du sexe ?
Pour répondre à cette question, F. Guillemaut se base sur des récits et des discussions de ces femmes à travers leur propre analyse réflexive et celles de médiatrices culturelles qui ont établi un lien de confiance afin d’obtenir des récits plus proches de la vérité et éviter ainsi “les constructions de récits préfabriqués” telles que l’auteure les appellent.
Pour cela, un long temps d’immersion a été mis en place de 1995 à 2007 dont douze années à Lyon et six à Toulouse, ce qui a permis une collaboration quotidienne entre les médiatrices culturelles et les femmes migrantes. Cet étude a été réalisée par un observatoire se trouvant au sein d’associations de santé communautaire, qui travaillent à partir de besoins exprimés par le public.
De plus, pour construire son texte, F. Guillemaut suit une logique d'articulation des idées, qui selon moi est pertinente. En effet, elle commence par faire le constat d’idées préconçues sur le sujet puis réfute ces idées et pose ainsi la problématique citée précédemment. Elle explique sa méthode d’étude et de recueil d’information puis commence par une citation qu’elle illustre avec quelques statistiques. Elle aborde ensuite le premier temps de son article: les causes des migrations et le développement de la prostitution de ses femmes et nomme cette partie “Les migrantes et les autres”. Pour commencer, elle réfute un nouveau constat du sens commun en agrémentant d’exemples. Ensuite, elle évoque une hypothèse qui concerne le pratique de la prostitution lorsque les conditions de l’immigration et de l’accès au travail étaient moins difficiles et justifie son propos par des faits et par des dires de femmes prostituées. Pour le deuxième temps de son article F. Guillemaut aborde la question des conditions de vie de ces femmes et de leurs statuts, en insistant sur leur situation de dépendance. Elle nomme cette partie: “Femmes migrantes africaines et travail du sexe”. Elle illustre à nouveau son propos de deux exemples qu’elles analysent ensuite afin d’en tirer des conclusions. Elle explique alors que ces femmes se trouvent souvent dans une impasse due à leur instabilité financière et éclaircit son propos avec un exemple. Dans un troisième temps, F. Guillemaut en vient aux dispositifs de l’Etat facilitant l’expulsion et à ses conséquences, temps qu’elle nomme “Des contraintes à contourner”. Elle aborde ensuite la question des discriminations en tout genre subies par ces femmes. Enfin, elle finit sur une note “positive” en analysant le potentiel profit de la prostitution pour ces femmes.
Afin de rendre compte de cet article, nous allons donc nous intéresser à trois points. Dans une première partie nous aborderons la question de l’origine et du développement de la prostitution chez les femmes migrantes africaines en insistant sur l’émancipation de la femme vis à vis de son mari, de la pression du foyer et du pays d’origine et du processus migratoire avec ou non le recours aux intermédiaires.
Dans une deuxième partie, nous montrerons en quoi la prostitution de ces femmes est un gouffre vers l’assujetisation en abordant la question de l’oppression de leur parole, puis celle de la situation d’exploitation et de dépendance qui peut engendrer un abus de droits humain et enfin la question des assignations de genre.
Dans une troisième partie, nous évoquerons les prostituées en tant qu’”entrepreneuses d’elles-mêmes” à travers différents points: l’investissement financier, la tradition de solidarité matérielle et le principe de mobilité circulante.
I. A l’origine de la prostitution des femmes migrantes africaines
Pour commencer son article, F. Guillemaut exprime la présence de fausses représentations concernant la situation des femmes africaines qui se prostituent en France, découlant d’une “méconnaissance de l’histoire même des migrations associées au travail du sexe”. C’est ce qui explique son souhait de vouloir rendre compte du quotidien vécu par ces femmes. Elle exprime ainsi les différentes causes et origines de leur prostitution à travers la retranscription de récits de vies ou de discussions, d’arguments et d’exemples. L’auteure suit ici une certaine logique: elle respecte une idée chronologique en évoquant les causes de migrations des femmes prostituées puis la façon dont se déroule cette migration.
Une émancipation de la femme
Premièrement, F. Guillemaut explique que “60% des femmes arrivées depuis la fin des années 1990 sont des citadines” qui n’avaient pas de perspective dans leur pays car la scolarité est très chère. Lors de conditions de travail et d’immigration plus faciles, les prostituées exerçaient dans le cadre “d’engagements économiques importants”, c’est à dire qu’elle avaient une famille dont il fallait assurer le prestige et qu’elle se trouvaient dans “une position subalterne”.
L’auteure analyse également la venue des “anciennes prostituées’’ au cours des années 1970 et 1980 et parle d’émancipation vis à vis de leurs maris, ce qui les a souvent conduit à être les “pourvoyeuses principales de ressources de leurs famille”.
La pression du foyer, du pays d’origine
Deuxièmement, F. Guillemaut nous apprend que de nombreuses femmes ont migrées de leur pays d’origine à causes d'événements tels que les années de plomb en Algérie qui ont engendré des violences de rue, le développement de la lutte armée et des actes de terrorisme et qui ont “chassé” de chez elles de nombreuses femmes, venues se réfugier en France suite à la perte de leur emploi ou à la pression des islamistes. Un autre exemple est celui des femmes arrivées d’Espagne entre 1960 et 1970, qui ont subi ce que Laura Oso Casas a appelé “La pression consommatrice du foyer transnational”. Cette pression est engendrée par de fortes contraintes économiques dans leur pays d’origine qui les obligent à maintenir un rythme de transferts financiers. Elles se tournent alors
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