Commentaire Sociologie Du Travail : Le Temps Du Remue-Ménage. Conditions d'Emploi Et De Travail De Femmes De Chambres Par Isabelle Puech
Dissertation : Commentaire Sociologie Du Travail : Le Temps Du Remue-Ménage. Conditions d'Emploi Et De Travail De Femmes De Chambres Par Isabelle Puech. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresnc un contrat de sous-traitance. Certains acteurs syndicaux et associatifs ayant participé à la grève qu’a connue l’hôtel ont aussi été interrogés.
Les entretiens ont été réalisés de façons semi-directives, cela permet d’obtenir des réponses sur des thèmes précis.
Les entretiens se sont déroulés sur un an, pendant et après la grève.
Jamais dans son texte I. Puech ne donne son avis, elle retranscrit, et développe ce que lui ont dit les femmes de chambres.
Grâce à ces entretiens, Isabelle Puech va nous expliquer quelles sont les conditions de travail des femmes de chambre.
L’activité de nettoyage est tout d’abord connue pour être majoritairement exercée par des femmes. Cependant, 63 % des femmes sont à temps partiel, contre 14 % des hommes.
En outre, les activités de nettoyage diffèrent que l’on soit une femme ou un homme. En effet, les hommes vont avoir des tâches nécessitant un recours à des machines automatisées (jardin, couloir..), tandis que les femmes vont-elles avoir des tâches moins qualifiées et plus répétitives, mais aussi plus fines à réaliser. L’auteur dira même que « le travail des femmes s’insère ici dans le prolongement de leur activité domestique (p. 73) ».
En ce qui concerne l’activité de nettoyage en général, les principales contraintes sont : un travail précis, qui s’effectue surtout debout, dénué d’intérêt. Il impose aussi souvent des horaires décalés (tôt le matin, ou tard le soir).
Ces activités concernent surtout les femmes, jeunes, immigrées et non diplômées.
Nous avons donc vu que l’activité de nettoyage était marquée par une inégalité entre sexe des activités effectuées, mais il existe aussi des inégalités entre les femmes elle-même.
En effet, au sein des hôtels Sourire coexistent deux catégories de femmes de chambre : l’une employée par le groupe Sourire, travaillant à temps complet, et l’autre, employée par l’entreprise sous traitante Clean, travaillant à temps partiel.
Cette distinction est visible, chaque femme de ménage portant une blouse différente selon son entreprise d’origine.
Cependant, les différences entre ses femmes dépassent la simple couleur de leur blouse.
Tout d’abord, le temps partiel et la sous-traitance, qui concerne les femmes de chambre de chez Clean, ont un même but : assurer une flexibilité plus forte, une adaptation du temps de travail au plus près du marché, et plus important encore, une compression des coûts.
Les femmes de chez Sourire et de chez Clean ne connaissent donc pas du tout les mêmes conditions et contraintes de travail, tout en effectuant exactement le même métier.
En effet, les femmes de chez Clean sont plus contraintes. Tout d’abord, elles n’ont aucune maitrise de leur temps de travail. Elles savent quand elles commencent, mais jamais quand elles finissent. En effet, le nombre de chambre à faire varie d’un jour à l’autre, selon les réservations de l’hôtel, ce qui conduit parfois à un travail avec des cadences folles.
Chaque jour on leur donne un nombre de chambres précises à effectuer, pour avoir l’intégralité de leur salaire il faudra donc faire toutes les chambres. Elles font donc très souvent des heures complémentaires, qui les amènent parfois au delà des 35h (alors que cela est illégal).
En outre, quand elles ont beaucoup de chambre à effectuer, certaines heures ne sont pas payées, alors que quand il y a moins de chambre à faire, car l’hôtel est moins rempli, et elles ont donc moins d’heures à effectuer, l’hôtel considère cela comme des absences, et ne les rémunère pas.
Le cumul du temps partiel et du recours à une entreprise de sous-traitance font peser chez les femmes de chambre de Clean de nouvelles situations précaires. Tout d’abord une précarité par rapport à la vie familiale, mais pas par le statut de l’emploi : en effet, ici les femmes ont du mal à lier leur vie familiale avec leur emploi, mais leur statut de l’emploi lui est loin d’être précaire, elles ont un CDI. En outre, une précarité liée à des incertitudes existentielles à cause de faible revenu, comme vu précédemment les femmes de ménages n’ont aucune idée au début du mois de leur salaire.
Les femmes de chambre employées par Sourire sont elles beaucoup plus intégrées à leur entreprise. En effet, elles y travaillent depuis l’ouverture, et font partie intégrante du groupe, en outre, elles partagent une forte conscience et identité collective.
Il est important de noter qu’au sens strictement juridique les inégalités entre ces deux catégories de femmes exerçants le même métier sont totalement justifiées car la convention collective n’est pas la même applicable selon l’hôtel Sourire ou la société de sous-traitance Clean.
Nous avons donc vu comment le temps de travail et le statut de l’entreprise se combinent pour créer des inégalités entre salariées exerçant le même métier.
En effet, travailler à temps partiel est considéré comme avoir un « travail qui a une valeur moindre qu’un travail à temps complet (p. 76) ». Ces femmes n’ont donc pas la même reconnaissance.
Nous allons maintenant voir pourquoi les femmes de chambre de chez Clean acceptent de telles conditions de travail, mais aussi, quels sont les véritables enjeux de l’emploi pour elles.
Ces femmes sont majoritairement africaines, sans diplôme ni qualification. Elles ne parlent pas bien le français et sont pour la majorité illettrée. I. Puech explique même à la page 74 que l’illettrisme est considéré comme utile pour leur faire signer des contrats de travail qu’elles ne liront pas. Elles travaillent dans ce secteur par défaut, car il est juste nécessaire de savoir lire les numéros des chambres. Comme vu précédemment, ce travail ressemble à ce qu’elles font chez elles. En outre, parfois le travail de la femme représente le seul salaire de la famille.
Mais surtout, ce travail leur permet d’avoir un emploi. La précarité des conditions de travail est acceptée au nom de l’accès à l’emploi. En effet, dans une enquête de Paugam réalisée en 1995, 15% des cadres estimaient encourir le risque de perdre leur emploi contre 75% des ouvriers non qualifiés.
Ces femmes connaissent une situation de travail mauvaise et très contraignante, mais c’est une meilleure situation pour elle que de ne pas avoir de travail.
Malgré l’important clivage social entre les femmes de chambre de chez Sourire et de chez Clean, aussi bien au niveau de la flexibilité du travail (temps complet et temps partiel) qu’au niveau de sa rétribution (salaire fixe, salaire variable), les femmes de chambre de chez Clean ont pendant longtemps accepté leur sort sans broncher.
Cependant, un 7 mars 2002 une trentaine d’entre elles décident que le maintien de l’emploi n’est plus une raison suffisante pour accepter de telles conditions de travail. Elles veulent désormais une reconnaissance de leur travail, et de leur statut social.
On voit ici apparaitre une nouvelle sorte de conflit, en effet, il n’y pas de réel déclencheur. Le conflit s’est lancé suite à un ras le bol, mais surtout, grâce à l’existence d’un sentiment d’injustice collectif. Ce genre de conflit est aussi nouveau, car souvent les grèves ne sont pas faites par des salariées ayant une situation précaire car il n’y a, en général, pas de construction d’identité commune. Dans ce cas, les syndicats ont aussi joué une part importante dans ce conflit.
Ce sentiment d’injustice collectif s’explique par le fait que ces femmes ne sont aucunement intégrées grâce à leur travail. En effet, on peut définir le type idéal de l’intégration professionnelle comme la double assurance de la reconnaissance matérielle et symbolique du travail, et de la protection sociale qui découle de l’emploi. Dans le cas des femmes de chambre de Clean, elles ne connaissent aucunes des dimensions de l’intégration.
En effet, elles ne sont pas intégrées par l’activité de travail elle-même. Dans ce cas le travail intègre lorsqu’il procure des satisfactions à la fois en termes de reconnaissance symbolique (il existe un certain sentiment d’utilité), mais aussi en termes de relations de travail (or les femmes travaillant à temps partiel, et employées par une société de sous-traitance ont très peu de relations de travail).
Elles ne sont pas non plus intégrées par l’emploi comme statut. Les travailleurs sont intégrés dans la mesure où grâce à leur emploi, ils ont des protections face aux aléas de l’existence, et face à l’arbitraire des employeurs. Leurs faibles revenus ne leur garantis pas une protection face aux aléas de l’existence.
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