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Introduction aux sciences sociales: L'anorexie

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Par   •  4 Octobre 2018  •  Fiche de lecture  •  1 353 Mots (6 Pages)  •  902 Vues

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Introduction aux sciences sociales

Licence SSS 1ère année

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Devenir anorexique. Une

Approche sociologique.

Muriel DARMON

  • Muriel Darmon est d’origine Française
  • Elle fait ses études à l’école normale supérieure ou elle obtient son agrégation de sciences sociales en 1996.
  • En 2001 elle obtient son doctorat en Sociologie à l’université Paris V
  • Elle est actuellement chargée de recherches au CNRS (Groupe de Recherche sur la Socialisation, Université Lumière Lyon 2/École Normale Supérieure de Lyon, puis Centre Max

Weber, équipe « Dispositions, Culture, Pouvoirs, et Socialisations »).

  • Elle est également membre du comité de rédaction de la revue Sociétés Contemporaines ainsi qu’à la direction de la collection « Corps Santé Société » mais aussi membre de la Commission Scientifique Spécialisée de l’INRA «  Science économiques, sociales et de gestion »

  • Le texte étudié est extrait de son livre Devenir anorexique. Une approche sociologique. Publié en 2003  (Paris, La Découverte, coll. « Textes à l'appui »)

  • Le thème abordé dans ce livre est l’anorexie
  • La thèse de l’auteur : L’anorexie est un fait social. Le travail de transformation de soi est donc  un travail socialement orienté.

A travers cet extrait Muriel Darmon tente bien démontrer que le travail de transformation de soi mis en lumière par les différentes pratiques anorexiques tel que l’alimentation, le sport ou le scolaire s’inscrivent dans une visée sociale et sont donc socialement orientées. L’auteur met dans un premier temps l’accent sur le domaine du corps et plus précisément sur l’alimentation. En effet le but principal de l’anorexique est de se « faire un corps » pour cela le corps est travaillé à travers des pratiques alimentaires, sportives et d’entretien du corps le tout dans un processus social. Tout d’abord on constate que le choix des aliments ainsi que le travail du gout et du dégoût n’est pas simplement le fruit de pratiques restrictives visant à perdre du poids mais bien au-delà il s’agit d’une  « sélection sociale » des aliments. De ce fait l’anorexique va changer d’alimentation en se dirigeant vers des produits « fins »,» raffinés »destinés aux classes plus aisées et abandonner les aliments « gras » perçus alors comme communs car le plus souvent consommés par les classes sociale inférieures. Ce changement peut donc être interprété comme une élévation sociale et une véritable entreprise de transformation du gout que l’on retrouve aussi au niveau vestimentaire comme on peut le voir avec le témoignage de Yasmine qui change son apparence vestimentaire afin de le travailler vers le haut de l’espace social. De plus, ce changement se traduit de manière volontariste afin de créer un principe de perception des sensations digestives et corporelles qui est celui des classes supérieures. Ainsi, la forme de la nourriture prend le pas sur la substance ce qui amène a créer un véritable clivage avec la classe ouvrière. Celle-ci ne sélectionne pas ses aliments son but étant de manger pour tenir le coup alors que les anorexiques gardent un total contrôle sur leur nourriture et ne finisse même souvent jamais. Cependant la forme du repas reste la même avec des horaires .On peut donc dire que l’aspect purement psychologique donnée de l’anorexie est remis en cause puisque l’auteur démontre à travers ses entretiens qu’il existe une affinité entre pratiques alimentaires anorexiques et position dans l’espace des classes sociales. A l’alimentation s’ajoute également  les pratiques sportives qu’il ne faut pas réduire à une simple dépense physique car le simple fait d’entamer une activité sportive suivie détermine un clivage puisque même de nos jours les catégories surreprésentés dans le monde sportif sont les classes supérieures. De ce fait, comme pour l’alimentaire, l’espace des classes et des genres joue un rôle important. Par ailleurs,  la différence de corpulence corporelle joue un rôle plus important chez les femmes que chez les hommes d’où la recherche de l’excellence chez les anorexiques qui cherchent à ressembler aux femmes de classes supérieurs plus minces. Néanmoins le regard et le jugement des autres finissent pas sanctionner et délégitimer un corps devenue trop maigre. Dans un second temps, l’auteur met l’accent sur la scolarité des jeunes filles anorexiques et nous expliques que ces dernières visent un travail de modification socialement orienté vers l’excellence qui se traduit par un surinvestissement scolaire auquel peut s’adjoindre un enjeu culturel dans le but de se faire une « culture béton » c’est-à-dire légitime et irréprochable. De ce fait le trajet d’ascension des aliments dans l’espace social  est similaire à celui de la culture. En témoigne une jeune fille qui a effectué un « nettoyage amical » car elle jugeait ses amis « superficiels » ils ne correspondaient donc pas aux nouveaux critères d’excellences visées. On peut dire qu’il existe un comportement scolaire spécifique aux anorexiques car ce sont toujours de bonnes élèves avec de très bons résultats valorisés par les enseignants. Cependant lorsque l’on interroge leurs professeurs plusieurs problèmes sont soulevés. Tout d’abord,  ils dénoncent l’hyper investissement scolaire présenté comme pathologie psychiatrique puisque la guérison amène un ralentissement scolaire. Cet investissement trop important crée donc un paradoxe et  un renversement de la situation scolaire normale puisque les enseignants sont obligés de freiner de par leur pathologie le travail de leurs élèves qui en demande toujours plus. Il serait aussi possible de rapprocher cet investissement aux propriétés sociales de genre des enquêtés puisque c’est plus particulièrement chez les filles que cela se produit qui dans les circonstances actuelles voient en la réussite scolaire le seul moyen d’émancipation individuelle. Ces jeunes filles s’adonnent donc à un investissement illimité dans le scolaire qui peut s’expliquer par un refus de s’en remettre à la prise en charge médical. De plus ce travail scolaire fait primer la forme sur le contenu car ces élèves font preuves d’un soin excessif et d’une rigueur qui se traduisent par une rigidité et une remise de soi complète et excessive aux directives scolaires. Cependant, cette forme de travail ne laisse donc pas de place au raisonnement personnel et à l’imagination et laisse place à une application strictement mécanique de l’apprentissage. Ces excès sont donc le résultat d’un manque celui d’une distance au scolaire caractérisant la « culture » de l’école. On peut donc caractériser les pratiques scolaires et la délégitimation du travail scolaire comme un ensemble de catégories qui empruntent des traits au jugement de l’éthos petit bourgeois pas l’ethos de l’élite. On remarque tout de même l’importance de la visibilité d’un travail sans relâche. Pour finir, l’auteur conclut en mettant en parallèle les pratiques alimentaires et culturelles qui dans les deux cas demandent un travail de tous les  instants et cette transformation peut donc aboutir à un « état de grâce » pour les anorexique qui est l’oubli de la faim, une maigreur extrême ainsi qu’une brillance intellectuelle.

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