Introduction à l'Étude Du Xvii° Siècle

fficiel ( défendu par les Jésuites ) et le Jansénisme. Le couvent de Port-Royal sera détruit, et les religieuses dispersées ; cette décision s'inscrit dans le droit-fil de la conception centralisatrice du pouvoir : la pensée officielle n'accepte pas de forme de pensée qu'elle juge marginale ou contestataire. A l'origine du mouvement, un évêque hollandais, Jansénius, à la suite de saint Augustin, pense que toute société humaine, quelle qu'elle soit, est mauvaise, parce qu'elle est marquée par le péché et qu'elle est gouvernée par la soif de gloire mondaine et d'argent ; elle n'est que corruption et imposture. Jansénius insiste aussi sur la toute-puissance de la grâce de Dieu face à l'impuissance de la liberté humaine, et sur le petit nombre d'élus face à la masse des réprouvés, lors du jugement dernier ; c'est le motif de la prédestination. Au terme d'une longue querelle théologique, l'abbaye fut détruite et ses membres dispersés ; peu de temps avant la mort de Louis XIV, la bulle papale Unigenitus condamne irrémédiablement le jansénisme.

III / Baroque et classicisme.

L'esthétique baroque :

Elle est née dans les pays où la Contre-réforme s'est imposée ( Portugal, Espagne, Italie, mais aussi France ).

Elle se caractérise par la recherche des effets ( il s'agit de frapper l'esprit, de l'étonner par l'exagération ), par l'ingéniosité extrême ( c'est la « pointe », qui vise à l'originalité par des rapprochements de termes, des antithèses ), par la recherche de la diversité ( les auteurs aiment le mélange des genres : comédie et tragédie ).

La vision baroque du monde :

Elle se caractérise par l'importance accordée au mouvement, à la fluidité, au changement, à l'instabilité, par le motif récurrent de l'illusion et de tout ce qui s'y rapporte ( le jeu, les reflets, les chatoiements, la métamorphose, le passage, la mutation perpétuelle ), la théâtralisation de l'existence : la vie est un songe, et le songe est peut-être une autre forme de vie, le monde est une pièce de théâtre ( World is a stage, dira Shakespeare ), et par l'omniprésence de la mort : c'est elle qui préside aux métamorphoses, qui est le symbole de la vanité de l'existence ( la « vanité » en peinture est une représentation de tout ce qui préfigure la mort : sablier, crâne, livre ouvert, fleurs, bougie presque consumée … ).

L'esthétique classique :

L'art et la nature : il faut suivre les deux pour parvenir à la beauté parfaite ; « on ne va à la perfection que par les règles », père Rapin ;

L'étude de la nature et l'imitation des Anciens : il y a une nature humaine éternelle, indépendante des lieux et des époques, et pour en rendre compte, il faut se conformer aux modèles fournis par les écrivains de l'Antiquité ;

Les bienséances : elles peuvent être internes ( un personnage doit se montrer conforme à l'idée que le public s'est faite de lui, d'après son âge, sa condition, son pays … ) ou externes : il ne faut pas choquer le « goût » des honnêtes gens, et par conséquent, ne pas employer de termes bas, familiers ou brutaux ; pour plaire, il faut donc affadir la réalité ou la masquer ;

Les unités : elles ne sont qu'une application particulière du principe de vraisemblance : l'illusion théâtrale ne sera complète que si le lieu et le temps de l'action dramatique se confondent avec la durée réelle de la représentation ;