La Chine Un Paradoxe De Croissance

ait peur parce qu’elle semble profondément instable.

Comment alors caractériser la croissance chinoise ? Quelles sont les sources d’une telle expansion ? En quoi la croissance chinoise est‐elle cependant instable et socialement coûteuse ?

Pour répondre à cela, nous ferons dans une première partie le constat de cette croissance exceptionnelle avec ses facteurs et ses caractéristiques. Dans un second temps, nous montrerons que cette hyper croissance n'est pas profitable à tous et que le prix social et environnemental d'une telle activité est aussi démesuré que l'hyper croissance chinoise qui l'a engendrée.

I. La Chine : Des performances économiques exceptionnelles

L’évolution économique récente de la République Populaire de Chine est l’objet depuis quelques années d’un regain d’intérêt avec une attention plus particulière sur l’explication de la croissance économique rapide et des modifications importantes qui ont accompagné la mise en place de la politique d’ouverture dans le pays, ainsi que les réformes qui ont été adoptées depuis 1978. Si cet intérêt est justifié du fait du caractère exemplaire de la Chine dans ces périodes de transition et de développement, la compréhension de cette évolution est toutefois indissociable de l’histoire moins récente de ce pays et en particulier des choix des dirigeants quant à l’importance relative accordée aux critères économiques et politiques.

Pour mieux saisir la nature et l’ampleur des changements que connaît la Chine, le constat des chiffres et l’examen des caractéristiques de la croissance de cette économie, en vue d'une évolution à long terme, s'avèrent nécessaires.

1. Une croissance forte et durable

a. Le constat de cette croissance

Au cours des trente dernières années, la Chine a connu une croissance économique très rapide, avec une croissance de 9,4% par an en moyenne de 1979 à 2004, dont 5 à 6 % étaient imputables aux facteurs de production et environ 3 à 4 % à l’augmentation de la productivité. La croissance économique chinoise n’est donc pas uniquement une croissance de type extensive, mais elle comprend une part non négligeable d’augmentation de la productivité. En 2010, la croissance économique du pays devrait atteindre 9.5%, chiffre en baisse dû au contexte économique et à la crise qui a touché la Chine et toutes économies mondiales

La forte croissance des dernières années n’a entraîné qu’une inflation limitée, et les entreprises ont dégagé d’importants profits. Pour beaucoup, la croissance chinoise apparaît donc comme le résultat de la hausse de la productivité et de l’optimisation de l’utilisation des ressources naturelles. Depuis 1978, le PIB par habitant est multiplié par deux tous les neuf ans, se plaçant derrière celui des États-Unis, mais devant celui du Japon selon les chiffres officiels.

Plus de trente ans après le début de son ouverture économique, la Chine, grâce à une croissance à plein régime, a successivement dépassé la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne pour devenir l'une des premières puissances économiques mondiales, et à put s'intégrer parfaitement dans cette sphère mondiale. Le pays a donc été un des principaux moteurs de l'économie mondiale avec une contribution à la croissance du PIB mondial qui a dépassé 10%.

b. Une machine à exporter

David RICARDO, dans « Principes de l’économie politique et de l’impôt » introduit la notion d’avantages comparatifs. Il montre à partir d’exemples de deux pays, l’Angleterre et le Portugal, que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il a le moins de désavantages par rapport aux autres pays avec lequel il commerce. Les spécialisations sont donc un facteur de croissance.

Cette théorie s’applique donc bien dans le cas de la chine et on voit que le pays s’est spécialisé dans les produits à faible valeur ajoutée, et à l’inverse importe les produits pour lequel il a le plus de désavantages comme les produits manufacturés.

Les exportations incluant principalement de l'électronique, des chaussures et du textile ont bondi de près de 44 % en juin par rapport au même mois de l’année précédente avec un total de 137,4 milliards de dollars. En mai, le rebond avait été de 49 %.

Les surplus commerciaux qui sont la différence entre les importations et les exportations sont eux aussi en hausse : la Chine a enregistré en juin un excédent commercial de 20 milliards de dollars (soit 15,5 milliards d’euros) d'après les statistiques des douanes chinoises, chiffre le plus élevé en neuf mois après un déficit en mars. Sur le premier semestre, les excédents commerciaux devraient toutefois être inférieurs à ceux de la même période en 2009.

c. L' «Usine du monde»

Les industries exportatrices chinoises ont réussi à se positionner sur les secteurs les plus porteurs car elles font partie intégrante des réseaux de production d'entreprises multinationales. Les filiales d'entreprises étrangères, implantées pour la plupart dans les provinces côtières de Chine, réalisent plus de la moitié des exportations chinoises.

Cette proportion atteint 80% dans les exportations de matériel électronique, activité qui résulte de la délocalisation de productions auparavant réalisées dans les économies avancées d'Asie, comme le Japon ou la Corée du Sud. En effet, ces activités se sont déplacées vers la Chine pour tirer parti des bas coûts de la main d'oeuvre locale. Les pays asiatiques fournissent donc désormais pièces et composants à des usines d'assemblage situées en Chine, activité qui conduit ce dernier à avoir des excédents commerciaux massifs vis à vis des États-Unis et de l'Europe, mais déficitaires avec les pays d'Asie qui lui fournissent l'essentiel des produits intermédiaires nécessaires à sa production de produits de haute technologie.

d. Un marché intérieur en expansion rapide.

Les importations de la Chine sont destinées soit aux industries d'assemblage, soit à satisfaire les besoins du marché intérieur. Seule cette seconde catégorie d'importations est soumise à des droits de douanes. Pour devenir membre de l'O.M.C en 2001, la Chine a dû ouvrir son marché en abaissant ses tarifs douaniers. Dès lors,la progression des importations pour les besoins du marché intérieur s'est accélérée. La chine a notamment importé en 2007, 28.4 milliards de dollars US de services et occupe avec ce chiffre la 6ème place mondiale en terme d’importateur, juste derrière la France.

La forte croissance économique de 2003 à 2005 a accru ses besoins d'importation en produits agricoles et alimentaires, en matières premières et en combustibles. La Chine est devenue un acheteur de premier plan sur de nombreux marchés de matières premières (nickel, cuivre, aluminium) et de denrées agricoles (soja, coton, huile de palme) où elle a contribué à la hausse des cours. Ses importations de pétrole et produits pétroliers ont presque doublé entre 2002 et 2004 (passant de 90 millions à 160 millions de tonnes).Selon les statistiques douanières de 2009, la Chine aurait importé un total de 204 millions de tonnes de pétrole brut. En la matière, sa dépendance devrait s'accroître et peser davantage encore sur les équilibres mondiaux. La Chine importe actuellement 40% de ses besoins et cette proportion devrait atteindre 75% d'ici à 2030, selon l'Agence internationale de l'énergie.

On peut donc dire que la Chine mène une politique visant à diversifier ses approvisionnements et à assurer sa sécurité énergétique, en établissant des liens économiques (sous forme d'aides notamment) et politiques avec des pays producteurs de pétrole (en Amérique latine, en Afrique et au Moyen-Orient).

2. Les facteurs de la croissance chinoise

a. Un modèle de croissance basé sur l’investissement et la productivité

La croissance chinoise est conditionnée par la mobilisation de trois facteurs : le capital, le travail et la productivité. L’investissement a été le principal facteur de croissance depuis 1978 et se traduit depuis le début des réformes par une accumulation du capital. Cela signifie que la croissance chinoise est en grande partie une croissance extensive : on rajoute des capacités de production plus qu’on améliore véritablement la productivité des unités existantes.

Pour une grande partie, les hausses de productivité résultent d'un transfert de facteurs comme le travail par exemple, d'un secteur à basse productivité vers des secteurs plus productifs et se traduisent moins par une hausse de la productivité dans tous les secteurs. La Banque mondiale a en effet démontré qu'en déplaçant un grand nombre de travailleurs de l'agriculture vers les secteurs de l'industrie et des services, ce transfert suscitait une croissance de 1,5% par an puisque la productivité d'un ouvrier ou d'un employé dans