Le Role De La Viole Tout Les Matin Du Monde
Commentaires Composés : Le Role De La Viole Tout Les Matin Du Monde. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresmme Sainte Colombe conçoit l’interprétation : la musique est
à ses yeux l’expression de la douleur. En effet, quand ce dernier joue, il
pense douloureusement à son épouse défunte.
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2. Les fonctions symboliques de la viole
a) Un instrument de forme féminine
Bien que Sainte Colombe dise à Marin Marais que l’instrument ne compte
pas, Pascal Quignard évoque à plusieurs reprises les fonctions symboliques
de la viole.
C’est tout d’abord un instrument de forme féminine ; en effet, le film
montre très souvent en gros plan l’extrémité du manche de la viole qui
représente un très beau visage de femme. On peut penser que, lorsqu’il
joue, Sainte Colombe prend sa femme morte dans ses bras.
L’association d’idées viole/ barque/ figure féminine apparaît clairement
au chapitre VI où le narrateur, compare la barque de Monsieur de Sainte
Colombe à une grande viole : « La barque avait l’apparence d’une grande
viole que Monsieur Pardoux aurait ouverte ». Quelques phrases plus
loin, il ajoute : « Il songeait à sa femme (…), à ses hanches et à son grand
ventre ». Tous les symboles se mêlent et conduisent à la même thématique
obsessionnelle du roman. C’est en jouant de cet instrument qu’il va
pouvoir « héler » le monde des morts.
b) Un instrument en forme de barque
Dans le roman, il est fait allusion à la barque de Charon sous plusieurs
formes : elle est à la fois le titre d’une de ses oeuvres : « Il y avait Les
Pleurs. Il y avait La Barque de Charon. » (p. 81) et une référence mythologique
: dans la mythologie grecque, le monde des vivants et le monde
des morts sont séparés par un fleuve, l’Achéron. Lorsque les hommes
meurent, le dieu Hermès les conduit jusqu’à la barque de Charon. Ce
dernier est le batelier, qui, seul, peut faire traverser les âmes, moyennant
salaire. Ce personnage hante en effet Monsieur de Sainte Colombe puisqu’il
se trouve sculpté sur la lame de son épée : « On y voyait, bosselée,
en relief, la figure du nocher infernal, une gaffe à la main ».
C’est Marin Marais qui le remarque, lorsque Saint-Colombe ceint son
épée pour rendre visite à Baugin. L’intérêt que porte le jeune homme à
ce qui pourrait sembler un détail, est en fait un indice pour le lecteur, une
sorte de clé de lecture, soulignant un des thèmes principaux de l’oeuvre,
la quête orphique de l’épouse perdue.
3. Un chant orphique
Dans la mythologie grecque, Orphée, fils de la muse Calliope et du dieu
Apollon, est considéré comme le premier grand poète musicien : son
père, créateur de la lyre la lui offrit en cadeau. D’après la légende la
plus connue, Orphée, inconsolable de la mort de son épouse Eurydice,
décida de braver la mort en descendant aux Enfers, pour la ramener sur
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terre. Il joua si bien de la lyre et il chanta si bien, qu’il réussit à charmer
le chien Cerbère, gardien des Enfers, Charon le nocher infernal, jusqu’à
Perséphone et Hadès qui règnent sur le monde des morts. Il obtint de
la ramener sur terre à condition qu’elle marche derrière lui en silence
et qu’il ne se retourne pas avant qu’elle ait atteint la lumière du jour.
Hélas, pour des raisons mystérieuses, Orphée se retourne trop tôt et
voit Eurydice disparaître à jamais dans les ténèbres de l’Hadès. À ce
moment-là, son épouse redevient une enveloppe immatérielle, intangible
et froide (comme Madame de Sainte Colombe).
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