Le Vieillissement
Commentaires Composés : Le Vieillissement. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresmière correspond à la baisse séculaire de la natalité, parfois appelée vieillissement par le bas de la pyramide des âges. En France, la baisse de la fécondité a débuté dès la fin du XVIIe siècle, ce qui a entraîné jusqu'au milieu du XXe siècle une croissance démographique moins rapide que celle de ses principaux voisins. Aujourd'hui, en revanche, il naît proportionnellement plus d'enfants dans l'Hexagone que dans le reste de l'Europe. Avec 831 000 naissances en 2006 et un indice conjoncturel de fécondité de deux enfants par femme, la France assure pratiquement le renouvellement des générations.
Plus décisif désormais est le vieillissement par le haut de la pyramide: on vit de plus en plus longtemps. Depuis 1950, l'espérance de vie à la naissance a gagné en France près de 14 ans pour les hommes, chez qui elle atteint 77,2 ans, et près de 15 ans pour les femmes, pour qui elle s'élève à 84,1 ans. Autant d'années de vie gagnées sur la mort. Et de vie en bonne santé le plus souvent, car l'espérance de vie sans incapacité progresse au même rythme. Alors qu'hier, on était vieux à 50 ans, aujourd'hui, on entre dans l'âge des seniors avec a priori vingt à vingt-cinq années devant soi sans handicap majeur.
A ces deux évolutions structurelles - baisse de la natalité et de la mortalité -, se superpose un troisième phénomène, transitoire, mais décisif dans la période actuelle: l'arrivée des générations du baby-boom à l'âge de la retraite. De 1946 à 1972, on a enregistré plus de 840 000 naissances par an, contre 711 000 dans les années 30, et 760 000 en moyenne depuis 1973. D'où une "onde de choc" démographique qui a traversé les différents âges de la vie. Après avoir garni les bancs des écoles dans les années 50 à 70, puis gonflé les rangs des actifs, elle fournit à partir de maintenant, et pour une trentaine d'années environ, de gros bataillons de retraités, cumulant ses effets avec ceux du recul de la mortalité.
Pas d'appauvrissement
Résultat: alors qu'un Français sur six avait plus de 60 ans en 1950, ils sont un sur cinq dans ce cas aujourd'hui et seront près d'un sur trois en 2050. Les plus pessimistes redoutent que cette évolution pèse sur la croissance à long terme, en diminuant l'offre de travail disponible et la dynamique de la productivité. De fait, les 20-59 ans, qui représentaient 54,3% de la population en 2005, ne seront plus que 49% en 2025 et 46,2% en 2050, selon les dernières projections démographiques de l'Insee. Autrement dit, le taux de dépendance se dégrade: il y avait 3,3 personnes d'âge actif pour une de plus de 60 ans en 1950, il n'y en a plus que 2,6 aujourd'hui et 1,4 en 2050 (1).
Pour autant, la population active n'est pas vouée au déclin en valeur absolue. L'Insee considère désormais qu'elle devrait continuer de croître d'à peu près un million de personnes, avant de se stabiliser aux alentours de 2015 entre 28,2 et 28,5 millions de personnes en tenant compte de l'évolution des taux d'activité et du maintien des flux migratoires actuels. Elle pourrait même continuer de progresser au-delà de cette date si les frontières s'ouvraient davantage et, surtout, si les salariés âgés étaient davantage mobilisés.
Evolution de la structure par âge en France métropolitaine, en %
[pic]
A long terme, la croissance dépend avant tout des progrès de la productivité. Or "sur une quarantaine d'années, le niveau de production par actif, même dans des scénarios peu favorables, devrait en principe augmenter d'un montant qui ferait bien plus que compenser l'effet de la hausse du taux de dépendance", estime Didier Blanchet, économiste à l'Insee (2). Mais une population vieillissante ne risque-t-elle pas d'être "larguée" dans un monde où les innovations technologiques se succèdent à un rythme accéléré et exigent un renouvellement constant des compétences? L'exemple du Japon, où la productivité accélère sensiblement depuis le début de la décennie, dément cet argument largement psychologique. Celui-ci confond en outre vieillissement de la population et vieillissement de la population active. Or, l'augmentation de l'âge moyen des actifs est déjà largement derrière nous: après avoir fortement augmenté depuis une dizaine d'années, il devrait se stabiliser un peu au-dessus de 40 ans dans les années à venir, avec le départ en retraite des générations du baby-boom.
Le financement des retraites
Le vieillissement ne devrait donc pas entraîner une perte de revenu global au niveau de l'ensemble de l'économie. Les problèmes qu'il pose portent en revanche sur le niveau de vie relatif des actifs et des retraités et les transferts de revenus des uns vers les autres. D'après les projections réalisées par l'OFCE sur la base du dernier scénario démographique de l'Insee, les dépenses de retraites pourraient s'élever à 16,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2050, contre 12,3% en 2000 (à pouvoir d'achat constant de la pension moyenne). A cela s'ajoute la montée des dépenses liées à la dépendance des plus âgés, puisque la part des plus de 80 ans pourrait tripler ou quadrupler à l'horizon 2050. Les dépenses de santé seraient, elles aussi, affectées par le vieillissement, même si celui-ci ne constitue qu'un des multiples facteurs de leur croissance.
Un phénomène mondial
Toutes les sociétés vieillissent, mais pas au même rythme. En Europe, le processus a commencé il y a trois siècles. Dans le monde en développement, en dehors de la Chine promise à un vieillissement accéléré, la fécondité, bien qu'en baisse, reste toujours plus élevée, et la mortalité plus forte. Ces sociétés resteront donc jeunes plus longtemps. Dans des économies ouvertes, de tels décalages devraient susciter des flux d'épargne mutuellement avantageux. Selon la théorie du cycle de vie, en effet, les individus lissent leur consommation au cours du temps en adaptant leur comportement d'épargne: schématiquement, ils s'endettent au début de leur vie active, puis épargnent pour accumuler un patrimoine, qu'ils liquident une fois retraités.
Les pays du Nord, où dominent encore des classes d'âge actif en phase d'accumulation, devraient donc investir dans un Sud plus jeune et en phase d'endettement. L'épargne du monde industrialisé viendrait ainsi financer l'investissement productif du monde en développement. Dans un second temps, les revenus produits par cet investissement contribueraient au financement des retraites du Nord: les flux de capitaux s'inverseraient du Sud vers le Nord.
Ce monde de rêve d'économiste ne cadre malheureusement pas avec la réalité pour l'instant. Le système financier international actuel, marqué par l'instabilité des changes et la faiblesse des structures financières au Sud, ne favorise par les flux de capitaux du Nord vers le Sud, qui se soldent régulièrement par de graves crises financières. Au contraire, ce sont plutôt les pays en développement qui investissent aujourd'hui leur épargne au Nord, en particulier aux Etats-Unis. C'est le monde à l'envers.
Face à la poussée des plus de 60 ans, les réformes adoptées depuis 1993 ont diminué le montant des pensions, afin de limiter la montée des cotisations nécessaires pour assurer l'équilibre des régimes de retraite. Parallèlement, on a exigé des actifs qu'ils travaillent plus longtemps pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Mais, en pratique, compte tenu du haut niveau du chômage, le taux d'emploi des 55-65 ans reste faible en France: à 38%, il est bien en deçà de l'objectif européen de 50% et plus encore des taux atteints par le Royaume-Uni ou les pays scandinaves. L'âge moyen de cessation d'activité demeure aujourd'hui de 57 ans et demi, soit deux ans et demi avant l'âge légal de la retraite. Les entreprises continuent de se débarrasser de leurs salariés âgés, préférant les remplacer plutôt que les former, adapter leur poste ou faire évoluer leur carrière. Les départs anticipés demeurent pour les employeurs un moyen de gérer leur main-d'oeuvre au frais de l'assurance chômage...
Le départ en retraite des premières générations du baby-boom modifie-t-il la donne? Pour la première fois depuis les années 70, le nombre des sortants du marché du travail pourrait dépasser celui des nouveaux entrants. Avec des effets complexes: dans certains secteurs industriels, les départs risquent d'être l'occasion de supprimer des postes, voire de délocaliser des activités; la tentation existe également d'en faire autant au niveau de la fonction publique; dans le petit commerce et l'artisanat, comme dans l'agriculture, des entreprises et des exploitations risquent de disparaître faute de repreneurs. D'autres métiers cumulent au contraire la perspective d'importants départs à la retraite et d'importants besoins de main-d'oeuvre, ce qui pourrait inciter les entreprises à faire plus d'efforts pour conserver leurs seniors.
...