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Les Déterminants De La Profitabilité Des Banques

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ational, Clermont-Ferrand (France), nasser.ary_tanimoune@u-clermont1.fr Au moment de la rédaction de l’article, l’auteur était ATER au Laboratoire d’Economie d’Orléans (France). Sans engager leurs responsabilités, je remercie MM. J-P. Pollin et T. Montalieu au LEO, les referees anonymes de la BCEAO, ainsi que les participants à la Conférence Internationale de Finance et d’Economie Financière à Hammamet, (Tunisie, 13-15 mars 2003) et ceux du Workshop National «Actualité de la Banque et de la Finance» à Nancy, (France, 12 -13 juin 2003) pour leurs suggestions et commentaires.

Notes d'information et Statistiques - N° 539 - Août/Septembre 2003 - Etudes et Recherche

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INTRODUCTION Face à la crise financière et bancaire que traversaient les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine1 (UEMOA), les Autorités monétaires de l’Union ont opté pour une politique de libéralisation financière (au sens de McKinnon 1973 et Shaw, 1973) à la fin des années 80. Selon la théorie de la répression financière, les banques doivent pouvoir tarifier librement leurs services de façon à s’assurer une marge suffisante, nécessaire aux financements des emplois. Dans l’UEMOA, la libéralisation financière a été amorcée en 1989 avec la Nouvelle Politique de la Monnaie et du Crédit et affirmée avec les réformes de 1993. La BCEAO a significativement modifié sa politique de taux d’intérêt d’abord avec le remplacement du taux d’escompte préférentiel et du taux d’escompte normal par un taux d’escompte unique (1989) et ensuite la mise en place du taux de prise en pension (un taux intermédiaire entre le taux du marché monétaire et le taux d’escompte, 1993). Par ailleurs, le fonctionnement du marché monétaire de l’Union a été adapté avec la création d’un marché interbancaire, d’un guichet d’appel d’offres et la fusion des trois compartiments en un seul guichet hebdomadaire (1993). Du point de vue des taux débiteurs, ils ont été totalement libéralisés, suite à la suppression des niveaux planchers en 1989 et des niveaux plafonds en 1993, même s’il existe un taux d’usure que les banques sont tenues de ne pas dépasser. En outre, à l’exception de la rémunération minimale pour placements privés de moins d’un an et inférieurs à 5 000 000 de F CFA et le taux fixe pour les placements contractuels, toutes les autres conditions créditrices ont été libéralisées en 1993. Il est tout aussi intéressant de noter que les programmes sectoriels de crédit ont été supprimés en 1989 et l’encadrement du crédit a été remplacé en 1993 par la constitution des réserves obligatoires en règle générale non rémunérées. Au total, toutes ces mesures sont donc de nature à permettre aux banques d’évoluer dans un environnement concurrentiel et de tarifer librement leurs services d’intermédiation dans la perspective de dégager des marges suffisantes pour remplir leurs fonctions d’intermédiaire financier. Le but de cette étude est de proposer, suivant la méthodologie de Demirgüç-Kunt & Huizinga (1999) et en utilisant les techniques d’estimation récentes de racines unitaires et de coïntégration sur données de panel, une analyse empirique de la profitabilité des banques dans l’UEMOA depuis 1989. Ce papier permet non seulement d’analyser leur évolution, mais aussi d’identifier leurs principaux déterminants. L’article se présente comme suit : dans la section I, nous donnons un aperçu de la littérature sur les déterminants de la profitabilité des banques. La section II présente les grands traits du réseau bancaire de l’Union. L’évolution de la marge bancaire est analysée dans la section III. Nous présentons la modélisation (Section IV) puis les résultats et les interprétations des estimations économétriques des déterminants de la profitabilité des banques (Section V) avant de conclure. I - REVUE DE LA LITTERATURE La théorie de l’industrie bancaire souligne la nécessité de modéliser les comportements des banques pour une meilleure compréhension de la formation des marges optimales. Dans ces conditions, contrairement au modèle du multiplicateur du crédit, il apparaît que la banque n’agit plus comme un agent économique essentiellement passif (Lavigne & Pollin, 1998). Elle doit notamment tenir compte du coût du refinancement et des coûts de gestion afin de réaliser des marges optimales2. Pour l’essentiel, les études empiriques concernant les déterminants de la profitabilité des banques sur des données de comparaison internationale consistent à régresser différentes variables structurelles de leurs activités ou/et des variables macroéconomiques sur leur profitabilité. Hanson & Rocha (1986) ont présenté une analyse empirique dans laquelle ils mettent en évidence les déterminants de la marge bancaire dans 29 pays, de 1975 à 1995. Ils trouvent, notamment que les impôts et taxes implicites jouent un rôle positif dans l’accroissement des marges bancaires. Barth & alii (1997), dans le cas de 19 pays développés ont établi que les changements relatifs à la position dominante des banques, leur degré de concentration ainsi que l’existence d’un dispositif d’assurance de dépôts explicites n’ont pas d’impact significatif sur le rendement des titres

1 : l’UEMOA est composée de huit pays : Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Les statistiques ne tiennent pas compte de la Guinée-Bissau à cause de son entrée récente dans l’Union (1997). 2 : voir Freixas & Rochet (1998) pour une analyse théorique détaillée concernant l’industrie bancaire.

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bancaires. Plus récemment, Saunders & Schumacher (2000) ont analysé les déterminants de la marge d’intermédiation de 614 banques dans six pays européens plus les Etats-Unis, sur la période 19881995, suivant la méthodologie proposée par Ho & Saunders (1981). Cette méthode, dite en deux étapes, consiste d’abord à dériver l’effet pur de la profitabilité des banques capturé à travers le terme constant dans la régression de la marge bancaire essentiellement sur des variables de structures bancaires. Ensuite, les auteurs proposent de régresser l’effet pur par rapport à des variables essentiellement macroéconomiques, de façon à mettre en évidence l'impact de l’environnement économique sur la marge bancaire. Ils trouvent que les différents mécanismes de régulations (restrictions sur les taux d’intérêt créditeurs, fonds propres minimums) ont un important impact sur la marge des banques. En particulier, ils obtiennent une corrélation négative entre les niveaux de fonds propres et la marge d’intermédiation bancaire, alors que le taux d’intérêt y a une influence positive. Suivant la même méthode, Brock & Suarez (2000) se sont intéressés au cas des banques de cinq pays d’Amérique Latine, de 1991 à 1996. Ils trouvent, 2 fois sur 3, que le ratio des créances douteuses sur le total des crédits est négatif et significatif, justifiant cela par une insuffisance de provision pour créances douteuses. Le coefficient de l’inflation est positif et significatif dans trois pays sur cinq. L’analyse empirique des déterminants de la profitabilité des banques, proposée par Demirguç-Kunt et Huizinga (1999) est certainement la plus importante. Elle porte sur 80 pays développés et en développement, sur la période 1989 à 1995. Ils mettent en évidence une corrélation positive entre la capitalisation et la profitabilité des banques, ainsi qu’une relation négative entre cette dernière et les réserves constituées par les banques. Ils trouvent, entre autres, que les banques étrangères réalisent de meilleures performances que les banques nationales dans les pays en développement, tandis que c’est plutôt le contraire qui est observé dans les pays développés. En outre, leurs résultats montrent que le ratio de concentration bancaire est lié positivement à la profitabilité des banques. Concernant les variables macroéconomiques, les auteurs identifient un impact positif de l’inflation sur les marges bancaires. Aussi, le taux d’intérêt débiteur réel présente une corrélation positive avec la profitabilité des banques, en particulier dans les pays en développement. II - LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DU RESEAU BANCAIRE Le réseau bancaire de l’UEMOA est constitué de banques et établissements financiers avec des structures différentes (tant au niveau des bilans que de l’intermédiation financière) à l’échelle de toute l’Union et à l’intérieur d’un même pays. Au 31 décembre 1999, treize banques présentaient chacune un bilan individuel de plus de 100 milliards de F CFA, alors que le bilan moyen des 88 établissements de crédit en exercice était de 51,8 milliards de F CFA3. Les dix plus grandes banques de l’UEMOA assurent en moyenne plus de la moitié de l’intermédiation financière (53% des crédits octroyés et 54% des dépôts mobilisés en 1997) et un peu plus du quart pour les petites et moyennes banques. Aussi, en 1999, le nombre de banques en activité en Côte d’Ivoire représentait le quart de toutes les banques de l’Union soit autant que ceux du Sénégal et du Bénin (respectivement 16,7 et 8,3%), alors que le réseau bancaire du Burkina, du Niger ou celui du Togo, représentait chacun un peu plus de 11,5% et 15% pour celui du Mali. Les établissements de crédit en activité en Côte d’Ivoire

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