Population et croissance économique
Fiche : Population et croissance économique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Tom Ribes • 19 Septembre 2021 • Fiche • 1 356 Mots (6 Pages) • 464 Vues
Population et croissance économique
Documents associés - Textes de référence
Les relations entre croissance économique et croissance démographique
Chesnay, Jean-Claude (1985), Progrès économique et transition démographique dans les pays pauvres : trente ans d’expérience (1950-1980), Population, p. 1-21
Facteurs poussant à une corrélation négative
On retrouve sous cette rubrique les arguments habituels de la littérature néomalthusienne, selon lesquels une croissance rapide de la population empêche le développement économique. La plupart de ces arguments étant déjà relativement bien connus, nous ne les reprendrons ici que sous forme succincte :
■L'augmentation de la population accroît la pression sur des ressources naturelles limitées (terre, espace) ; dans le domaine agricole en particulier, elle a pour conséquence la diminution de la superficie moyenne de terres cultivables par actif et l'application de la loi des rendements décroissants; en allongeant les délais d'ajustement des institutions, elle constitue un obstacle à la détraditionnalisation (Brown, 1963).
■Le maintien d'une forte fécondité contraint la majorité de la population adulte à consacrer son temps et ses efforts à élever des enfants; l'activité productive extra-domestique s'en trouve singulièrement réduite, notamment chez les femmes.
■L'importance des investissements nécessaires pour garantir aux habitants supplémentaires le même niveau de vie (c'est-à-dire les investissements démographiques, selon la terminologie d'A. Sauvy) est telle que le potentiel de formation de capital productif privé et public est sérieusement entamé (avec un coefficient marginal de capital de 3 ou 4, un taux d'accroissement démographique de 3 %, par exemple, absorbe de 9 à 12 % du revenu national). Il en résulte une dégradation de l'équipement par travailleur qui, à son tour, retentit sur les progrès de productivité (inversement, une réduction de la fécondité dégage des ressources pour l'accumulation de capital : pour les Etats-Unis du XIX° siècle, par exemple, les deux mouvements de contraction des coûts d'éducation, d'une part, et d'augmentation du capital humain et non humain, d'autre part, ont été à peu près symétriques).
■Le développement économique tend à se traduire, à échéance plus ou moins longue, par une réduction du taux brut de natalité supérieure à celle du taux brut de mortalité (3° phase de la transition) d'où un ralentissement de la croissance démographique.
■Le handicap initial du monde peu développé est déjà considérable au stade préindustriel, le revenu par habitant y est nettement inférieur à celui des pays aujourd'hui dits développés à la veille de la révolution industrielle (Kuznets, 1954); or, les taux de croissance démographique en cours y sont 1,5 à 2 fois supérieurs à ceux qu'a connus le Vieux Monde dans sa phase d'apogée.
Facteurs poussant à une corrélation positive
Ces facteurs peuvent provenir aussi bien de l'effet du revenu sur la population que de l'effet inverse.
■L'influence de la croissance économique sur la croissance démographique
La croissance économique peut, de diverses manières, stimuler l'accroissement démographique : par relèvement de la natalité (régression de certaines formes de stérilité, recul de la mortalité intra-utérine, etc.) ; par encouragement à l'immigration (en stimulant à son tour la croissance économique, l'immigration contribue à renforcer la corrélation cherchée) ; enfin et surtout par réduction de la mortalité.
L'effet positif de l'amélioration de la condition sanitaire est, en réalité, fondamental, moins vraisemblablement par son incidence directe (disparition progressive des déperditions économiques liées à la mortalité précoce, réduction de l'action déstabilisante des maladies et des décès sur l'organisation familiale, élévation de l'aptitude psychophysiologique au travail on estime que dans certains pays tropicaux, la proportion d'individus atteints par la malaria a pu aller jusqu'à 3/5) que par son incidence indirecte sur le changement socio-économique (transformation du milieu : tant dans l'Europe ancienne que dans les actuels pays pauvres, la malaria a longtemps condamné à l'abandon d'immenses territoires cultivables ; recul du fatalisme millénaire : la maîtrise de la mort favorise l'émergence d'attitudes rationnelles; elle facilite la naissance de l'idée de progrès). En définitive, le recul de l'incidence multimillénaire des maladies est une rupture historique, dont la portée est incalculable ; c'est une condition préalable à la modernisation des sociétés. On se trouve là en face du cercle vertueux par excellence ; il existe une interaction cumulative puissante entre l'accès à une plus grande prospérité et l'amélioration de l'état de santé des populations : l'une et l'autre s'entretiennent mutuellement, mettant en jeu des mécanismes très complexes (ainsi, la croissance du revenu permet une meilleure alimentation et une meilleure formation, celles-ci en retour pouvant stimuler aussi bien la croissance du revenu lui-même que celle de la population). Cet argument a d'autant plus de poids que le recul de la mortalité est le moteur principal de la croissance démographique moderne.
Pour les pays classés comme peu développés, il a été établi, tout au moins pour les années 60, par différents auteurs (Weintraub, 1962 ; Adelman, 1963 ; Krishnamurty, 1966 ; Demeny, 1974) que la corrélation (négative) du revenu moyen par habitant avec le niveau de mortalité était très marquée, alors qu'elle était faible ou quasi inexistante avec le niveau de fécondité. Dans ces conditions, on doit s'attendre
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