Renforcer l'Estime De Soi Des Jeunes

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Des actions diverses et concrètes de promotion de l'ES ont été menées depuis plusieurs années dans le Rhône auprès de jeunes. Nous avons souhaité que les acteurs de terrain concernés puissent les mettre en lumière et les partager avec les acteurs institutionnels et associatifs du département. C'est pourquoi l'Ades a organisé avec Chronique Sociale une journée de réflexion "Favoriser l'estime de soi à l'école, au collège, au sein du quartier - Des fondements, des pratiques", le 24 mai 2007 au CH St-Jean-de-Dieu. Pour une meilleure appréhension de l'estime de soi, des professionnels* présents à cette journée nous ont livré des éclairages théoriques et ont évoqué les enjeux psychologiques, sociologiques et de santé publique des démarches de promotion de l'estime de soi.

(* Dr Agnès Oelsner, psychiatre, Centre Némo à Vénissieux et Patrick Pelège, sociologue, Directeur du Centre Jean Bergeret notamment).

L’ESPACE prévention SANTÉ PAGE 16

ADESDURHÔNE

Edition : Association Départementale d’Education pour la Santé du Rhône 71, quai Jules Courmont - 69002 Lyon Tél. 04 72 41 66 01 - Fax 04 72 41 66 02 Web : www.adesr.asso.fr Email info@adesr.asso.fr Directeur de publication : Dr Jérôme Fredouille Rédacteur en chef : Sylvain Jerabek Secrétariat de rédaction : Jean-Pierre Gourdol Mise en page : Valérie Miraillet Impression : Aprime Issn : 1241-6606 L’Ades du Rhône est financée par : le Conseil Général du Rhône, la DDASS et la Préfecture du Rhône, l’Assurance Maladie, les HCL, la DRASS Rhône-Alpes, la MSA, les Villes de Lyon et de Villeurbanne, l’URCAM, l’INPES, la Région Rhône-Alpes.

Nous n'avons en aucun cas la prétention de vouloir retranscrire ici l'intégralité des interventions. Notre propos est plutôt d'en rapporter quelques éléments qui illustrent notre argumentaire

… une démarche d'éducation pour la santé à promouvoir ?

Dossier réalisé par J.Pierre Gourdol

Estime de soi (ES) : de quoi parle-t-on ?

L'ES se définit comme le sentiment que chacun a de sa propre valeur

C'est le processus par lequel un individu porte des jugements positifs ou négatifs sur lui-même, ses performances, ses aptitudes et ses mérites … Avoir une bonne image de soi augmente sa capacité à se faire confiance et donc à faire face à l'adversité et à surmonter les épreuves. et psychothérapeutes, les 5 domaines recouverts par l'ES chez l'adolescent. La comparaison de soi-même avec les personnes de son environnement représente l'un des mécanismes fondamentaux de l'ajustement de l'ES. Plus le sujet pense qu'il est l'objet d'une évaluation favorable par les autres, plus cela améliore son ES.

L'ES se développe au fil de la maturation

L'enfant lit très tôt dans le regard de ses parents les sentiments qu'il leur inspire. Leur amour, inconditionnel et stable, lui permet d'intérioriser que sa valeur représente une donnée stable, relativement indépendante des notions d'échec et de réussite. A partir de 5 ans, l'enfant prend conscience d'avoir une pensée singulière. Puis il devient progressivement capable de se représenter et d'adopter d'autres points de vue que le sien. Ce développement de la cognition sociale se fait notamment en fonction d'une bonne estime de soi. L'adolescent doit choisir de nouveaux objets d'amour, mais aussi se choisir lui-même en tant qu'objet d'intérêt, de respect et d'estime (établissement du narcissisme adulte). Les psychologues soulignent que dans la pyramide des besoins fondamentaux, on retrouve ces besoins d'estime, de reconnaissance et de respect. Cette représentation de l'ES comme un besoin fondamental est liée au courant de recherche qui s'est attaché à démontrer la nécessité de développer l'estime de soi des enfants et des adolescents dans un objectif de prévention.

Les différents niveaux de l'ES et le travail avec les jeunes enfants

Sentiment de confiance, d'appartenance à un groupe, de compétence et connaissance de soi, sont les éléments qui forment le socle de l'ensemble des compétences psychosociales, à partir desquelles peuvent se développer l'empathie et l'altérité indispensables à la communication interhumaine. Ce sont ces 4 niveaux qu'il faut travailler avec des jeunes enfants.

Une ES élevée est un facteur protecteur

Elle augmente la compétence à faire face aux difficultés de la vie. Un enfant ayant une bonne ES apprend et retient plus facilement et fait preuve d'un plus grand sens des responsabilités dans son comportement social. Il peut puiser en lui les ressources internes lui permettant de mieux appréhender le monde extérieur. Une partie de son bien-être naît de l'investissement qu'il fait de sa propre personne. Dans ce cas, le narcissisme est une force constructive et adaptative qui permet au sujet l'ouverture à l'autre dans sa différence, la possibilité d'aimer et d'être aimé, une pleine acceptation de son identité et un sentiment de continuité et de cohésion de soi.

Les domaines de l'ES chez l'adolescent

L'apparence physique, la réussite scolaire ou le statut social, les compétences athlétiques, la conformité comportementale et la popularité sont selon C. André et F. Lelord, psychiatres

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LE DOSSIER

Renforcer l’estime de soi des jeunes ...

... une démarche d’EPS à promouvoir ?

L'importance - dans le processus d'ES des enfants - du regard, de la parole, de l'aide prodiguée par les adultes, de l'instauration d'un climat de confiance, de la place donnée à l'autre

Il n'y a pas d'image de soi sans le regard de l'autre. Les signaux émis par les autres apprennent à l'enfant s'il est digne d'estime ; ils vont faire qu'il peut prendre confiance, et avoir conscience de ses capacités ou de ses facultés. Mais le langage aussi, dans sa dimension cognitive, affective et sensorielle participe aussi à la construction de l'ES. Quel bonheur de se rappeler la parole réconfortante de l'infirmière, le compliment de la maîtresse ou de l'instituteur, la satisfaction des parents à la réussite d'un examen …". Dans nos cités où règnent en maîtres télévision, jeux vidéos et grandes marques publicitaires, je peux affirmer que parler, se parler, s'écouter, s'exprimer, est presque un luxe. Passer une heure avec des élèves pour qu'ils puissent exprimer leurs sentiments, émotions, idées, rêves … c'est déjà de la prévention. Et oser parler de soi c'est déjà retrouver un peu d'estime ".

Soutenir les entourages pour favoriser une bonne ES des enfants

L'entourage se sent parfois mésestimé, fragilisé, dépassé, voire disqualifié qu'il s'agisse de la famille ou de la communauté éducative. Comment alors soutenir, accompagner, aider des jeunes à grandir ? Rappelons ici qu'en matière de prévention, les soutiens aux parents pour assumer leur fonction parentale et celle de support identificatoire sont primordiaux. Pour accroître l'ES des enfants, l'une des pistes d'action serait le soutien à la fonction parentale en veillant à maintenir une image valorisée et valorisante des parents. La communauté éducative doit aussi être soutenue pour que des climats de confiance puissent s'instaurer.

Les conséquences néfastes du manque d'ES

Un enfant ayant une ES déficiente manque de ressources internes. Ce peut être alors pour lui une quête éprouvante : "je n'y arriverai jamais", ou un renoncement "je suis nul"… Dans le cadre scolaire, cela peut se traduire par 2 attitudes opposées : soit une timidité excessive, soit des comportements hostiles, voire agressifs qui nuisent aux apprentissages. A l'adolescence, ce manque d'ES, couplé à une dépendance affective aliénante (quête constante de reconnaissance de la part de son entourage), peut se traduire par la dérive vers des conduites addictives, pour calmer instantanément les tensions internes. A l'âge adulte, la mésestime de soi concentre des sentiments d'insatisfaction et est source de blessures narcissiques qui alimentent toute la pathologie mentale.

ES, éducation et empowerment

Le respect de soi et des autres se forge et se structure dans des interactions primaires et dans la confrontation à l'expérience sociale. C'est donc prioritairement d'éducation qu'il s'agit. Apprendre et aimer, transmission et réciprocité, ES et respect d'autrui ne peuvent être détachés de la relation affective et éducative. Essayer d'avoir un minimum d'espace psychique et social pour avoir le souci de l'autre