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C'est une erreur de distinguer les passions en permises et défendues

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re qui lui permet de mettre en valeur les trois mots qui désignent les autorités morales à qui il revient de nous dicter notre conduite: la nature, la raison et conscience. Toutes nous défendent de nous laisser déborder par nos passions, qu'elles nous défendent, l'une "d'étendre nos attachements plus loin que nos forces", l'autre "de vouloir ce que nous ne pouvons obtenir" ou la troisième "de nous laisser vaincre aux tentations". Autrement dit, quel que soit le principe éthique que l'on invoque, on en revient toujours à définir la valeur morale par la maîtrise de soi.

La nature limite la satisfaction de nos désirs aux seuls objets qu'il est en notre pouvoir de nous procurer. Sa loi est celle de la force, physique. Désirer au-delà de nos forces nous est interdit de fait ! Voici donc bien démontré par Rousseau, qui tient la nature pour notre premier guide (le seul à nous tenir sous sa loi à l'état appelé précisément "de nature"), qu'il nous est interdit de perdre notre maîtrise affective.

La raison qui se doit de nous guider lorsque nous sortons de l'état de nature, limite la satisfaction de nos désirs au seul possible, nous contraignant de ne désirer que ce que nous avons la capacité et le droit de nous procurer. Si faute il y a dans nos attachements, en quoi consistent nos passions, elle n'est pas de désirer ce que nous ne saurions avoir. La faute est de vouloir ce qui est posséder, la faute est d'essayer donc d'obtenir l'impossible à obtenir. Il nous est ainsi interdit par l'autorité morale de l'homme civilisé de perdre notre maîtrise affective.

Il reste à présent la conscience. Il suffit à Rousseau de rappeler qu'il n'est pas défendu par la conscience d'être tenté, mais de céder à la tentation. Nous pouvons estimer que nous commettons une faute dans la faiblesse qui nous fait céder aux attraits du mal, car il est de notre devoir d'y résister. Avec l'étude de la conscience morale, nous constatons une fois de plus qu'il est interdit à l'humanité de l'homme civilisé de perdre sa maîtrise affective.

Rousseau termine ensuite son argumentation par un exemple dans lequel nous avons une illustration parfaite de sa thèse. En effet, il affirme qu'aimer une femme mariée en ne dépassant pas les limites qu'impose le fait qu'elle est mariée n'a rien de condamnable, alors que l'amour que l'on porterait à sa propre femme au point de tout lui sacrifier serait condamnable. Ainsi, si l'adultère peut légitimement être tenu pour coupable, c'est parce que ceux qui le commettent se laissent aller à exprimer et satisfaire un désir qu'ils auraient du contenir. Cependant, c'est bien par conformisme moral vis à vis du mariage que l'on interdit toute relation affective en dehors du couple.

Pour finir, nous pouvons revenir sur le fait que Rousseau ai adopté une position tout à fait originale sur les passions contrairement à la plupart des auteurs de son époque. Effectivement, il a, lui, conçu sa thèse en fonction du comportement de l'homme. Nous pouvons alors retenir que ce qui détermine la valeur morale d'une passion, selon Rousseau, n'est autre que la conduite de celui qui l'éprouve : S'il en reste le maître ou s'il en devient l’esclave. De cette façon Jean-Jacques Rousseau peut expliquer que toutes les passions

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