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Une société d’accompagnement – Guides, mentors, conseillers, coachs : comment en est-on arrivé là ? Maela Paul, avril 2021. Editions Raison et Passion.

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Par   •  28 Août 2023  •  Résumé  •  3 103 Mots (13 Pages)  •  230 Vues

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Une société d’accompagnement – Guides, mentors, conseillers, coachs : comment en est-on arrivé là ?

Maela Paul, avril 2021. Editions Raison et Passion.

Maela Paul, née le 28 aout 1947 à Avranches, est une docteure en sciences de l'éducation, formatrice auprès des professionnels de l'accompagnement. Elle est chargée d'enseignement à l'université de Nantes et intervenante pour la formation des professionnels de l'accompagnement. Elle œuvre à la professionnalisation de l’accompagnant dans tous les secteurs professionnels où il s’est développé (éducation, formation santé, travail social, orientation, insertion, entreprise).

Publications majeures :

  • L'accompagnement : une posture professionnelle spécifique, L'Harmattan, 2004
  • Chapitre I. L'accompagnement, ou la traversée des paradoxes, Presses Universitaires de France, 2007        
  • Accompagnateur/trice, Érès, 2009
  • Accompagner des adultes en formation. Du tiers inexistant au tiers inclus, De Boeck Supérieur, 2011
  • La démarche d'accompagnement. Repères méthodologiques et ressources théoriques, De Boeck Supérieur, 2016, 2020 : 2e édition
  • Ce qu’accompagner veut dire , Érès, 2018
  • Accompagnement, Érès, 2019
  • Une société d’accompagnement – Guides, mentors, conseillers, coachs : comment en est-on arrivé là ? Editions Raison et Passion, 2021.

Maela paul dans une approche socio-historique une étude de cette pratique sociale à travers sept chapitres donnés en « récits » qui sont autant de thèmes charnières dans la construction et l’utilisation de l’accompagnement que l’on connait actuellement, hérités de l’évolution de nos sociétés et du bouleversement des mœurs et des pratiques.

Elle s’interroge sur ce qu’accompagner est devenu, comment cette pratique ambiguë s’est construite, quels en ont été les grands moments, et quels en sont ses fondements « génétiques ».

L’approche n’est cependant pas historique mais mêle les évolutions de notre histoire, ses évolutions aux développements de pratiques d’accompagnement visant aujourd’hui la construction et l’émancipation des personnes.

Les sept récits sont :

  • 1) le récit du désenchantement du monde ;
  • 2) le mythe de l’individu ;
  • 3) les récits des Lumières : liberté, égalité, responsabilité ;
  •  4) le passage de la loi à la norme ;
  • 5) l’égalité comme projet ;
  • 6) le mythe de l’intériorité ;
  • 7) l’avènement de l’écriture de soi et des pratiques de l’identité narrative.

Résumé du livre

Maela Paul introduit le livre en « bornant » l’accompagnement comme une notion floue, « multi-référentialisée », héritage de multiples évolutions socio-historiques et d’influences théoriques multiples, voire anthropologique.

Elle le décrit comme la production de nouvelles modalités, comme culture de l’accompagnement qui implique autrui dans la démarche. Elle nous interroge aussi sur le champ ultra large de ses applications et nous plonge dans un mixte de problématiques (surveillance, résilience, institution, politique, religion...) auxquelles elle répondra par la suite.

Ainsi à travers des moments charnières elle nous montrera comment les cartes se sont redessinées et « comment notre société est devenue accompagnante », « qu’est-ce qui a conduit à l’apport massif de l’accompagnement ? » (p.14-15), et comment il fait partie des solutions mais aussi « du problème qu’il est censé réguler » (p.21).

Les sept récits sont conçus comme les héritages majeurs qui configurent l’accompagnement comme on le connait maintenant, et tenteront de nous faire saisir les « dynamiques transhistoriques » qui ont présidé à l’avènement d’une société de l’accompagnement.

Ils sont tous conclus par une leçon qui contextualise à notre société actuelle.

Récit 1 : le récit d’un monde désenchanté.

Ici, Maela Paul entame l’analyse de la fin d’une société religieuse, de la « sortie de la religion » (Gauchet, 2015) ou l’on passe de l’hétéronomie (tradition, dépendance sacrale, inégalités naturelles, soumission au collectif) à une société de l’autonomie, croire en soi-même(P31). L’école change la conversion religieuse en exigence de transformation de soi par l’éducation. Elle décrit cette émancipation comme l’invention de l’avenir et de la libre gestion de soi ou l’individu fixe ses propres règles et comment l’on passe alors d’une société qui voit son avenir au travers de croyances à une société qui prévoit et anticipe. Elle évoque aussi la notion de performance ou chacun doit alors modifier son comportement et répondre à l’injonction du dépassement de soi(P34) pour s’auto-construire dans les structures sociales, et les difficultés que cela engendre, « le déclin des religions se paie en difficulté d’être soi » Gauchet 1985.

Leçon 1 :

L’accompagnement va aider le sujet à s’accomplir hors du transcendantal en mettant la personne au centre dans une « intermédiation humaine » (p. 40) et son rapport individu/ressources/situation. Cette dissémination du sacré entraine donc l’homme à devoir gérer sa vie, à construire son sens.

Récit 2 : le mythe de l’individu

La renaissance entame la décroissance de la religion en Europe, et amène la figure de l’homme moderne. Que ce soit la philosophie, l’art, l’éducation, les mœurs, cette période entame la phase de conquête du soi par l’homme lui-même. Rabelais « soyez vous-même interprète de votre entreprise ». Ce mouvement de modernité où les savoirs doivent être écrits pour être lus par tous, influera les pratiques et conceptions éducatives où l’on doit programmer l’avenir de l’apprenant. Emergence du « moi » et de sa propre forme dans l’idée de se mettre à l’épreuve (Montaigne). Le concept de projet nait pour devenir obligé de nos jours. Cette « modernité » amène l’individu à chercher un sens à sa vie, « ne plus déléguer aux puissances transcendantes » (Balandier, 1994). L’auteur évoque les trois modernités. La première, de la Renaissance aux Lumières, met en place les valeurs fondamentales d’autonomie, de liberté, d’égalité, de progrès, mais aussi de devoir. La deuxième promeut la différentiation, l’individualisation et la psychologisation des normes, la mutation de la contrainte extérieure en consentement. Quant à la troisième, elle signe la fin des « grands récits » (le progrès, l’émancipation collective) et suscite des « petits récits », dans l’ordre de l’individuel. Être autonome et responsable de soi devient alors une norme sociale, « toute personne dans le monde a le droit à l’autonomie, commander sa propre vie (p. 62, Singly 2007). On passe alors de l’ordre collectif à la discipline individuelle d’autonomie auto construite tout en répondant à l’impératif, ce qui est commun ! l’accompagnement prend alors tout son sens, car celui qui doit se construire selon les préceptes de l’autonomie sans y être éduqué.

Leçon 2 :

 Le risque de construction individuelle au détriment du collectif n’est-il pas dangereux pour la démocratie ? « Les séparer, ce n’est pas comprendre qu’elles se renforcent ou s’affaiblissent ensemble » (P. 71 Fleury, 2015). L’humain ne se construit que par transformation du monde. « Non seulement chacun doit pouvoir être accompagné individuellement au sein d’un collectif (…) mais dans la perspective d’un collectif » (p.72 Paul 2020).

Produit de plusieurs héritages, l’accompagnement a montré sa capacité à s’adapter aux mutations des sociétés. Mais une contradiction persiste, accompagner les personnes dans leur singularité et promouvoir leur inscription au sein d’une action collective ou chacun trouve sa place.

        Récit 3 : l’héritage des lumières : un legs à s’approprier

Les lumières ont métamorphosé le rapport de l’homme à son milieu, ils ont permis de dépasser l’état de soumission religieux et entamé la construction du « moi » en tant qu’être social autonome ;

Locke (1632-1704), développe le thème de la responsabilité, ou la personne responsable et le garant de l’ordre social et des droits de chacun doit rendre compte de ses actes. La responsabilité juridique est alors orientée vers l’unité (le sujet), la personne devient un terme judiciaire. Kant (1724-1804) un peu plus tard, parlera d’émancipation intellectuelle, de penser par soi-même, sous condition qu’il y a un « autrui ». L’émancipation sera une dimension collective de citoyenneté universelle garante de la paix sociale. « Agis extérieurement de telle sorte que le libre usage de ta volonté puisse coexister avec la liberté de chacun suivant une loi universelle ». Rousseau (1712-1778) défend le terme de citoyenneté par soumission de l’homme à l’intérêt collectif. C’est ici une transcendance par le politique qui édicte ce qui et juste (loi) et qui gère son application. L’éducation devra permettre de former l’homme et créer un sujet éthique. Les droits de l’homme seront un « déploiement extraordinaire » du droit, ou la loi devient le pouvoir anonyme de sa mise en œuvre.

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