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Commentaire princesse de Cleves incipit

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2 : Une figure d'exception. ( vocabulaire mélioratif ) 3 : Une beauté fragile.II : Mais une héroïne fragile dans l'environnement de la cour : le portrait comme spectre d'une vision du monde. 1 : La figure de la mère, porte-parole des idées de l'auteur ? 2 : Une démystification de la société de la cour. 3 : Une écriture à double visage : un romanesque soucieux de réalisme. |

Le portrait qui présente l'héroïne est souvent assuré dans le récit traditionnel par un narrateur omniscient qui présente le corps, l'esprit du personnage et aussi son passé. L'enfance du héros est un moment essentiel de la narration car le personnage y révèle ou annonce ses futures vertus. Le romancier peut alors multiplier les signes qui révèlent la grandeur native du personnage et annoncent son destin ( comme dans Stendhal ), tantôt y analyser les déterminismes qui pèsent sur son histoire ( Balzac / Zola ). Madame de Lafayette expose d'abord la stupéfiante beauté de son héroïne mais elle éclaire aussi son personnage par le récit de son éducation exemplaire. C'est alors que la figure maternelle envahit le portrait de la fille et on sait de quelle façon cette éducation influencera ses futurs choix.

L'accent est d'abord mis sur « une beauté » qui ne détaille aucune description. Lorsque la narratrice veut donner des précisions, elle ne donne que de très vagues indications, indices d'aristocratie, plus que des caractères distinctifs : « blancheur de son teint », « cheveux blond », « régularité de tous ses traits ». C'est comme si en détaillant une telle beauté, on risquait d'en affaiblir l'attrait. Cependant, des hyperboles en nombre qui ne décrivent rien mais qui imposent l'intensité d'un éclat. Abondance du vocabulaire mélioratif « parfaite », « grande » et si on observe la dernière proposition, en 2octosyllabes, lancée par le redoublement solennel du « et », on tombe sur l'accentuation portée sur la sonorité [a], de « grâce » et « charmes ».

→ Ces deux mots désignent ce qui échappe à tout discours, c'est l'indicible. On ne peut pas parler vraiment de description : elle utilise un autre procédé. L'éclat de sa beauté sera accrédité par l'effet qu'il produit sur les personnages déjà présentés. La narratrice souligne qu'elle se fonde sur le témoignage des connaisseurs qui sont les courtisans « l'on doit croire », « les yeux du monde ». On voit la surprise du vidame ( L_26 ) que la narratrice justifie d'un commentaire « avec raison ».

En plus de la beauté, elle a la noblesse la plus authentique ( ligne 4 ) et la richesse la plus fabuleuse ( ligne 5 et 6 ). Elle a autant d'esprit que de beauté. ( ligne 8 et 9 ) → Le portrait glisse vers la figure maternelle, peu à peu, qui nuance la perfection de l'atmosphère romanesque.

Elle n'a que 16 ans et pour satisfaire l'ambition maternelle, elle vient à la cour, dans un espace où se déchaînent les haines et les intrigues. La construction du portrait a fait d'elle l'objet des regards qui sont témoins de sa beauté, tous a désirent, tous l'épient. Cela l'isole et cela fait ressortir une certaine solitude : le personnage est sous la menace. On voit la mère qui décide par ambition de contenter sa gloire en risquant à la cour.

Le portrait de la princesse de Clèves renvoi à une double idée : une personnalité exceptionnel mais aussi une grande fragilité. Sa description, son portrait et les effets qu'elle produit sur les autres traduisent la vision du monde de l'auteur.

Madame de Chartres se distingue « de la plupart des mères » par sa façon de concevoir l'éducation de sa fille. Au lieu du silence, elle se donne tous les moyens de provoquer une prise de conscience chez sa fille. « Elle faisait souvent des peintures... », « elle lui montrait... », « elle lui contait... », « elle lui faisait voir... »... Elle lui présente d'abord les séductions de l'amour avant d'en présenter les dangers.

Pour la mère, la vertu c'est d'abord « la lucidité ». Ce que l'amour a « d'agréable » dissimule ce qu'il a de « dangereux ». Les hommes sont définis par leur « peu de sincérité » « tromperies et infidélité » ( ligne 14 ). La seule vertu est conjugale. Conclusion : il faut se méfier de tous ceux qu'on n'a pas épousés et s'exercer à « une extrême défiance de soi-même ». ( ligne 18 et 19 ).

Derrière ce portrait, on perçoit une vision tragique de l'être humain ; infiniment fragile, lancé dans un monde trompeur et cruel. L'être humain ne peut chercher sa tranquillité que dans une méfiance continuelle envers soi-même. Cette défiance, sorte d'anti-humanisme classique, se retrouve chez Racine et Molière ou bien encore La Fontaine.

Le discours sur la vertu fait voir a contrario la vision que l'auteur a de la cour. ( ligne 11 à 20 ) Le passage est construit en deux temps dans une sorte de symétrie : « Elle faisait souvent à sa fille... » « et elle lui faisait voir, d'une autre côté...

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