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Dessertation Sur l Immoraliste De Gide

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Bourneuf, Real Q u e 11 e t, L'Univers du roman. Paris, Presses universitaires de France,1972, p. 71. Roland Bourneuf, Real Quellet, ibidem,p. 72. Roland Bourneuf, Real Quellet, ibidem, p. 72. Roland Bourneuf, Real Quellet, ibidem,p. 86.

34 tion, à savoir celui de «l'inclusion d'une histoire à l'intérieur d'une autre»,5 ce qui caractérise les premières définitions du récit second. Jean Rousset rappelle un certain nombre de termes («digressions», «hors-d'œuvre», «longs récits intercalés», «histoires annexes», «récits-satellites»), tels que Valincour et Fontenelle croyaient les trouver dans La Princesse de Clèves.6 Au début de notre siècle, Moritz G o 1 d s te i n, un des premiers chercheurs qui ait soumis le procédé à une analyse approfondie et systématique, parle de «récit encadré» («umrahmte Erzählung») dans les contes de Theodor Storm, et de «récit dans le récit» («Erzählung in der Erzählung») dans des œuvres traditionnelles du genre des Mille et une nuits.7 Plus tard, V.-B. Chklovski parle de «nouvelles insérées» dans Don Quichotte et analyse procédé d'insertion de ces nouvelles.8 Dans son Essai sur le roman qui date de 1925, Georges Duhamel implique la perspective narrative en tant que critère lorsqu'il distingue trois procédés de narration, dont celui «où le romancier se confie pour raconter son histoire à un personnage supposé qu'il fait parler aussi à la première personne», ce qui est le cas dans La Rôtisserie de la Reine Pédauque d'Anatole France ou dans Les Humiliés et offensés de F.-M. Dostoïevski.9 Ces derniers temps, malgré le manque de cohérence terminologique qui persiste et qui est souvent de nature à créer des malentendus, l'accord semble s'être fait, en dernière analyse, pour retenir deux paramètres: l'organisation du texte et le niveau narratif. Parmi les chercheurs contemporains qui étudient les questions traitées ici, Barbara Hardy parle d'«histoires insérées» («inset stories») dans Gens de Dublin,10 Gerald Prince utilise le terme de «narration intercalée» («intercalated narration»),11 Elisabeth Gülich distingue le «cadre» («Rahmen») du «récit intérieur» («Binnenerzàhlung»), et rappelle le principe d'enchâssement («Einbettung») qui peut être multiple,12 Susan Sniader Lanser parle d'«histoires insérées» («inserted stories») ou «récits intradiégétiques» («intradiegetic narratives»),13 ou plus spécialement de «narration privée» («private narration»),14 terme inventé par elle pour désigner le récit fait par le «narrateur privé»,

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Roland Bourneuf, Real Quellet, ibidem, p. 73. Jean Rousset, Forme et Signification, Essai sur les structures littéraires de Corneille à Claudel. Paris, J. Corti, 1962, p. 28-29. Moritz G o 1 d s t e i n, Die Technik der zyklischen Rahmenerzählungen Deutschlands. Von Goethe bis Hoffmann. Berlin, Bernhard Paul, 1906, p. 109. V.-B. Chklovski, Návrat Odysseùv (Le Retour d'Ulysse). Praha, Lidové nakladatelství, 1974, p. 103-110. Georges Duhamel, Essai sur le roman. Paris, Marcel Lesage, 1925, p. 66—68. Barbara Hardy, Tellers and Listeners, The Narrative Imagination. London, The Athlone Press, 1975, p. 222. Gerald Prince, Narratology, The Form and Functioning of Narrative. Berlin-New YorkAmsterdam, Mouton Publishers, 1982, p. 35. Elisabeth Gülich, «Ansätze zu einer Komunikationsorientierten Erzähltextanalyse», in: Wolfgang Hanbrichs, Erzählforschung I. Gôttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1976, p. 236-237. Susan Sniader Lanser, The Narrative Act. Princeton, Nex Jersey, Princeton University Press, 1981, p. 37. Susan Sniader Lanser, ibidem, p. 139.

35 c'est-à-dire par le narrateur au deuxième degré selon la terminologie genettienne. Mieke Bal qui emploie les termes de «récit dans le récit»15 et de «récit intercalé» dont le prototype est constitué par le roman épistolaire,16 et Jaap Lintvelt qui, lui, parle de «récits encadrés» et de «récits intérieurs»,17 réagiront à la théorie formulée par Gérard Genette, et ne se contenteront pas des seuls termes mentionnés ci-dessus. L'étendue des publications en narratologie interdit bien évidemment toute prétention à une illusoire exhaustivité de ce bref examen récapitulatif. Disons, en guise de conclusion, que la variété terminologique traduit apparemment une certaine hésitation devant le phénomène à décrire. C'est ici la théorie formulée par Gérard Genette, système aboutissant à une synthèse ordonnatrice, qui marque une étape importante dans les recherches actuelles sur le récit dans le récit. Genette ne voit dans sa théorie des niveaux narratifs qu'«une systématisation de la notion traditionnelle d'enchâssement».18 Sans insister sur le principe compositionnel évoqué, c'est évidemment l'existence d'au moins deux plans narratifs qui, selon Genette, permet de définir le récit dans le récit comme le métarécit, c'est-à-dire comme un récit au second degré (le préfixe «meta» connote justement ce passage au deuxième degré).19 La terminologie proposée par Genette (diégèse, diégétique, homodiégétique, hétérodiégétique, instance narrative, etc.) a enrichi considérablement le vocabulaire narratologique, à une seule exception près — le terme même de métarécit. Ce mot-là ne se voit en effet utilisé que rarement (Genette lui-même parle couramment de «récit second» ou de «récit métadiégétique»), quelquefois même dans des acceptions erronées. Dans l'étude de Robert Scholes est désigné par le terme de métarécit le récit expérimental de notre temps, ou bien, pour reprendre les paroles de l'auteur, «l'œuvre consciente d'elle-même qui, en explicitant ou en parodiant, met à nu le procédé».20 Le procédé métafictionnel dans cette interprétation, qu'a-t-il en commun avec la distinction de plusieurs niveaux narratifs dans le texte? On se demande d'ailleurs si la traduction en français de l'anglais «metafiction», employé par Scholes dans le sens de «fiction nouvelle»,21 est correcte. En effet, Scholes caractérise comme métafictionnels les anti-récits post-modernistes qui mettent les codes eux-mêmes au centre de l'intérêt du lecteur, et il voit ce développement dans le contexte d'une tentative de destruction.22 Or, l'emploi du terme, comme le fait remarquer Mieke Bal, nécessite l'introduction d'un autre terme pour nommer le phé-

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Mieke Bal, Narratologie. Paris, Klinksieck, 1977, p. 2. Mieke Bal, ibidem, p. 29. Jaap Lintvelt, Essai de typologie narrative, «Le point de vue». Paris, José Corti, 1981, p. 223 et 226. Gérard Genette, Nouveau discours du récit. Paris, Seuil, 1983, p. 55. Gérard Genette, Figures III. Paris, Seuil, 1972, p. 239. Robert Scholes, «Métarécits», in: Poétique, 1971, No 7, p. 403. Cf. Robert Scholes, «Metafiction», in: The lowa Review, Fall 1970, Vol. 1, No 4. Robert Scholes, «Afterthoughts on Narrative II, Language, Narrative, and Anti-Narrative», in: W. J. T. M i t c h e 1, On Narrative. Chicago and London, The University of Chicago Press, 1981, p.207.

36 nomène en question, afin d'éviter la confusion qui en résulte.23 A mon avis, ce terme pourrait bien s'inspirer de l'anglais même, et devenir en français «métafiction» tout court, en désignant le texte qui fait référence à lui-même. C'est aussi dans cette acception que le terme est employé en anglais et en allemand. Pour Margaret Rosé, la métafiction veut dire la discussion, à l'intérieur de l'œuvre, du processus de composition et de réception des textes littéraires, et c'est justement ce reflet du procédé de réception entier dans le texte lui-même, explique-t-elle, qui distingue les métafictions, tel Don Quichotte, des analyses métalinguistiques du langage.24 Linda Hutcheon se sert du terme de «littérature autocentrique», tout en rappelant Robert Scholes (The Fabulators, 1967) pour son travail «enthousiaste et précurseur». Ces textes qui réfléchissent apparemment sur «leur propre genèse et leur propre croissance», peuvent être désignés par le terme de «récit narcissique» parce que celui-ci, «en dénudant ses systèmes de fiction aux yeux du lecteur, parvient effectivement à intégrer le processus de fabrication».25 Anthony Stephens recommande d'appliquer les termes de métafiction (Metaerzàhlung ou Metafiktion) à des œuvres qui thématisent le procédé de narration, ce qu'on fait dans la littérature du XXe siècle.26 Le premier élément métafictionnel surgit au moment où le texte renvoie à sa propre fictionnalité.27 Or, le métarécit ne réfléchit pas sur le récit premier. Il est lui-même un récit qui, bien qu'il ne soit pas indépendant, est un récit second autonome, clairement délimité, homologue au récit premier. Ce serait donc une erreur de confondre le métarécit avec la métafiction. C'est bien donc la traduction du terme de Robert Scholes en français qui pose un problème. En Roumanie, par exemple, Marcel Pop-Corniş qui étudie la métafiction de Scholes dans les œuvres des narrateurs-artistes américains qui assimilent la perspective de la critique dans l'acte même de l'écriture, éventuellement dénudent, déforment et manipulent ironiquement la narration,28 arrive à la conclusion que ce roman américain est une espèce métaromanesque (autoréférentielle en grande mesure et polémique envers lui-même),29

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