Définition de l'éco-conception, principes et analyse du cycle de vie du produit

Pouvez- vous nous définir globalement ce qu’est l’éco-conception ?

a) Définition

L’éco-conception est un mode de fabrication de produits qui se caractérise par une approche globale avec la prise en compte de tout le cycle de vie du produit (fabrication - distribution - utilisation - valorisation finale ) et de tous les critères environnementaux (consommations de matières premières, consommations d’énergie, rejets dans l’eau et dans l’air, production de déchets, productions de gaz...), tout en préservant la qualité d’usage du produit ou en l’améliorant. L'éco-conception constitue un axe majeur de prévention ou de réduction à la source des impacts environnementaux et laisse toute leur place à l'innovation et à la créativité des industriels.

Et quels en sont les principes professeur Cadéroly ?

b) Les principes de l’éco-conception

Il existe cinq grands principes qui sont :

1- La pensée cycle de vie

Ce principe est au cœur de la démarche d’éco-conception, consiste à prendre en compte toutes les étapes du cycle de vie et tous les impacts environnementaux (approche multicritères), et surtout à éviter les déplacements d’une étape vers l’autre ou d’un écosystème à l’autre. On utilise pour cela une analyse du cycle de vie (ACV)

2- Le processus d’éco-conception

Définition de la norme [ISO 2002] : « intégrer l’environnement à toutes les phases (et le plus en amont possible) du développement d’un produit (au même titre que les autres critères : qualité/coût/délai, sécurité, santé, etc.) »

3- Méthodes et outils

De nombreux outils sont disponibles : logiciels ACV (Analyse cycle de vie), quelques logiciels d’éco-conception (EIME, …), les recommandations (guide du COTREP, etc.), les check-lists, le benchmark, les tables de comptabilité des matériaux,…

Nom de l’outil oude la méthode | Principe | Valeur à ajouter |

AnalyseFonctionnelle | Répondre strictement à un besoinpréalablement identifié | Intégrer les contraintesenvironnementales |

Brainstorming(créativité) | Méthode de recherche d’idées oude solutions et de hiérarchisation | Introduire des critèresenvironnementaux dans la méthode dechoix |

Design forAssembly (DFA) | Réduire les coûts d’assemblage(nombre de pièces, matériauxdifférents…) | Retenir dans l’assemblage lesmatériaux les moins impactant surl’environnement ou à limiter leurnombre |

Conception à CoûtObjectif (CCO) | Reconcevoir un produit dans unobjectif de coûts fixes | Faire entrer les coûtsenvironnementaux directs dans le coûtfixé |

Analyse de laValeur | Analyse détaillée des coûts envue de les réduire et choisir lessolutions les plus économiques | Identifier les coûts environnementauxDirects |

4- Stratégies d’éco-conception

Il existe énormément de stratégie permettant un éco-conception comme :

- Choix de matériaux peu impactant et/ou renouvelables,

- Amélioration des procédés de production,

- Réduction de la quantité de matériaux utilisée (dématérialisation),

- Diminuer l’impact en phase d’utilisation,

- Allongement de la durée d'utilisation du produit,

- Prévention de la pollution et réduction des déchets,

- Diminution des consommations (ressources naturelles, énergies,…),

- Permettre l’optimisation de la collecte et assurer le recyclage,

5- Coopération et partenariat

L’éco-conception rassemble plusieurs disciplines : technique, organisationnelle, commerciale,

etc. De nombreux acteurs sont impliqués tout au long du cycle de vie, c’est pourquoi les

dialogues internes et externes et les partenariats sont cruciaux.

Monsieur Cadéroly, je vous ai entendu employer le terme « ACV » pouvez-vous nous l'expliquer ?

c) ACV du produit dans l’éco-conception

L'ACV est une méthode d'évaluation environnementale qui permet de quantifier les impacts d'un produit (qu'il s'agisse d'un bien, d'un service voire d'un procédé) sur l'ensemble de son cycle de vie, depuis l'extraction des matières premières qui le composent jusqu'à son élimination en fin de vie, en passant par les phases de distribution et d'utilisation. Outil normalisé et reconnu, l'ACV est la méthode la plus aboutie en termes d'évaluation globale et multicritère. Elle résulte de l'interprétation du bilan quantifié des flux de matières et énergies liés à chaque étape du cycle de vie des produits, exprimée en impacts potentiels sur l'environnement. L’ACV a pour but d’évaluer les impacts sur l’environnement dus aux flux élémentaires recensésdans l’inventaire du cycle de vie du produit étudié. L’ACV s’intéresse aussi bien aux fluxentrants qu’aux flux sortants et qui, lorsqu’il s’agit de leurs impacts, considère l’ensemble desêtres vivants, l’homme y compris.Bien des cas de figures sont en effet possibles en ce qui concerne les relations entre les fluxélémentaires et leurs impacts sur l’environnement :

- Les flux entrants (prélèvements dans la nature) peuvent avoir des conséquences surl’état des milieux naturels et, par ce biais, sur les êtres vivants ;

- Les flux sortants (émissions dans l’eau et dans l’atmosphère) peuvent eux aussi avoirdes conséquences sur l’état des milieux naturels et, par ce biais, sur les êtres vivants ;

De plus, un même flux peut entraîner plusieurs impacts et plusieurs flux peuvent contribuer au même impact, comme l’indique le schéma. Les contributions à un même support sont sommées sur l’ensemble du cycle de vie.

Partie II : Métiers et emplois de l’éco-conception

Très bien je comprends tout à fait ! bien maintenant rentrons au cœur du sujet si vous le voulez bien. Je commencerais d’abord par vous demandez si l’éco-conception se valorise au cours du temps ?

a) Valorisation de l’éco-conception dans les secteurs industriel

De nombreux éléments permettent de dire qu’aujourd’hui, on assiste à une valorisation de l’éco-conception :

1) Les écolabels

Les écolabels sont les signes officiels de reconnaissance des avantages environnementaux desproduits qui les portent. Mis en place par les pouvoirs publics, ils garantissent à la fois la qualitéd'usage d'un produit et ses caractéristiques écologiques.

Le produit éco-labellisé fait l’objet d’un contrôle par une tierce partie et satisfait à un cahier des charges préétabli fixant des critères pour la catégorie de produit considérée ; l’élaboration des cahiers des charges fait appel aux différentes parties intéressées (professionnels, associations, pouvoirs publics…).

Pour les produits mis sur le marché français et/ou européen, il existe deux écolabels :

Écolabel européen ou "la fleur"

Label écologique propre à tous les pays membres de l’Union Européenne

NF Environnement

Marque de certification écologique officielle française

Ils visent à :

- Distinguer les produits dont l’impact sur l’environnement est réduit,

- Encourager les industriels à améliorer la qualité écologique de leurs produits,

- Contribuer à un comportement de consommateurs "éco responsables".

Voici d’autres écolabels :

2) Les autodéclarations environnementales

Pour ce type de valorisation, les arguments écologiques sont avancés sous la seule responsabilité

des entreprises. Ils ne font l’objet d’aucun contrôle par un organisme extérieur. On peut trouver

dans cette catégorie aussi bien des déclarations correspondant à de véritables avantages

environnementaux que des déclarations vagues et imprécises.

Bouteille contenant

60% de matières recyclées

Le point vert signifie que leproducteur contribue financièrement

à un dispositif d'aide aux communespour la collecte.