Epreuve moniteur éducateur
Mémoire : Epreuve moniteur éducateur. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar jnalrf • 14 Avril 2022 • Mémoire • 4 362 Mots (18 Pages) • 575 Vues
Décrivez les actions collectives (actions menées auprès de groupes de personnes) que vous avez été amené à élaborer ou à mettre en œuvre? Sur quel(s) thème(s) spécifique(s), dans quel cadre et avec quels objectifs? Comment avez-vous procédé?
A partir d’une situation donnée, décrivez votre manière de procéder pour développer les capacités des personnes accompagnées.
Introduction
Pendant les vacances d'été, le quotidien est rythmé par des activités, des sorties ludiques, colonies de vacance ou des courts séjours que nous tentons d'ajuster pour être accessibles au plus grand nombre.
Dès lors, conformément au projet d'établissement, le service éducatif favorise les sorties tournées vers l'extérieur et l'intégration dans les domaines culturels, sportifs et associatifs. A l’approche des vacances, tous les jeunes accueillis, rêvent de partir. Ils manifestent l’envie de vivre de nouvelles aventures, de nouvelles rencontres et de nouveaux horizons. Par ailleurs, ils échangent du futur, quand ils seront adultes, projettent leurs vacances et me font part de l'envie de s'évader, de faire un break. Durant le mois de juillet, certains enfants profitent de colonies de vacances. Quant au mois d'août, d'autres sont en hébergement sur des petites ou grandes périodes en famille, dès lors que l'Aide Sociale à l'enfance en a validé le projet.
Un constat clair, un certain nombre d’enfants qui nous sont confiés, passent la majorité de leur temps de vacances dans l’établissement ainsi que leurs week-end, au regard des difficultés parentales. Les droits des parents n’étant que des droits de visite à l’intérieur de l’établissement et pour beaucoup, des visites médiatisées. Les enfants dont les parents ont des droits limités sont parfois envahis d’incertitude et d’inquiétude quant à leur avenir. Certains même comme les mineurs non accompagnés n'ont jamais eu la chance de partir en vacance.
Un projet pour s'évader...
En conséquence de cette configuration, beaucoup d’enfants vivent 365 jours par an dans la structure. Ce contexte amène pour certains d’entre eux à développer de la rancœur voire de la jalousie. C’est pourquoi, j’ai voulu créer un projet de séjour.
Un séjour pour permettre à un groupe de s'évader du CDEF, s'extraire de ce lieu de vie parfois pesant pour ces jeunes qui comme je l'ai dit, n'ont pas cette chance de partir. De permettre aussi, de créer un nouveau lien avec eux car depuis le début d'année, le groupe est sous tension. Il y a beaucoup de consommation de stupéfiant, des fugues à répétition. L'enfermement entraîne des jeunes dans un engrenage de colère permanent… Il est vrai que lorsque la plupart des jeunes arrivent, il leur est souvent dit que le CDEF est une petite étape, qu’ils ne resteront pas longtemps. Or la réalité du terrain amène à un constat clair: avec les retards administratifs, le manque de moyen et de structure, l’attente, la non réponse immédiate constituent une énorme frustration. Il est important d’essayer de soulager l’attente en proposant des alternatives.
« Au départ de tout projet, il y a la mise en évidence d’une situation sur laquelle l’on veut agir. Soit un dysfonctionnement, soit une nécessité nouvelle » Joseph Rouzel
L'hypothèse était que ce séjour pouvait mettre en place un contexte relationnel différent avec une autre dynamique de groupe pour leur donner confiance. Pour cela, Je me suis interrogé longuement sur ce projet, qui emmener? Pourquoi ? Quel but? …
Les objectifs étaient de réunir des conditions pour qu'ils puissent dépasser des difficultés de rapport à l'autre, les confronter à l'extérieur pour repartir sur des bases de respect et mettre en valeur leurs potentialités.
Un des moyens était de créer une relation de confiance avec un nouveau support pour couper avec le rythme institutionnel.
Selon Maurice Capul et Michel Lemay :
Quel que soit le cadre dans lequel se constitue un groupe, il ne peut se maintenir de façon cohérente que s'il remplit quatre conditions suivantes,
• Les membres doivent avoir un désir de participer à une vie collective
• Il leur faut établir des relations d'échanges entre eux
• Ils doivent définir des buts communs
• Ils doivent aboutir à un minimum de cohésion sous peine d'éclatement ou de tension insupportables
Ces conditions qui sont loin d'être toujours évidentes lorsqu'un éducateur prend la responsabilité de l'encadrement d'un groupe dont les enfants n'ont pas choisi de se retrouver ensemble. Les difficultés de socialisation ne contribuent pas à faciliter des interrelations harmonieuses.
Nous avons voulu faire le choix de prendre des jeunes qui n’avaient pas la possibilité de partir en vacances. Des jeunes avec qui nous avons pris le risque de partir dans un endroit nouveau et couper avec le quotidien. Nous avons choisi la ville de Bordeaux, située à trois heures de route de l'établissement. Un choix stratégique de part sa localisation non loin de l'océan et de part sa richesse culturelle. De plus, certains jeunes nous avait fait part de leur envie d'aller dans cette ville.
En réunion d’équipe, j’expose le projet de séjour à Bordeaux. La direction me donne le feu vert en prenant en compte un budget défini. A partir de là, les recherches commencent. Je me documente sur les activités sur le bassin bordelais, l’hébergement, restaurants…J’en informe aussi les jeunes susceptibles de partir afin de recueillir leurs attentes.
Le groupe
Selon J.D Campbell les groupes sont définis comme : " les groupes sont composés de personnes qui se perçoivent comme formant une entité qui persiste à travers le temps et l'espace"
R. Mucchielli a choisi de le définir par ses interactions, par l'émergence de normes, par l'apparition de buts communs, par le développement d'émotion et sentiments collectifs, par l'édification d'une structure informelle, par la constitution d'un inconscient collectif, par l'établissement d'un équilibre interne et d'un système de relations stables avec l'environnement.
Le groupe donne l’assurance nécessaire pour passer à l’acte (au niveau des consommations diverses, de comportements à risque ou d’actes délinquants, par exemple).
Dans une institution, le groupe de pairs est un lieu de socialisation privilégié dans le sens où les jeunes sont ensemble de façon régulière tout au long de la journée. L’effet de groupe est donc peut-être plus marqué qu’ailleurs.
En lien avec mes recherches, nous avons décidé de composer le groupe de 7 jeunes. Ils ont été choisis en raison de leur profil et des objectifs d'accompagnement à travailler avec eux. Le rôle que tient l'institution face aux problématiques des jeunes a son importance étant donné l’influence que peut avoir le groupe pour l’adolescent. Le CDEF a donc un regard à avoir sur les relations qu’entretiennent les jeunes entre eux. La composition du groupe n'a pas était chose simple, il fallait créer un groupe stratégique pour avoir une bonne dynamique et ainsi favoriser des nouveaux liens entre les jeunes.
Bruno jeune de 17 ans, venant de Mayotte arrivé en début d'année. Un jeune au caractère bien trempé qui en impose auprès des autres jeunes. Il peut se montrer taquin avec l'équipe éducative et charmeur avec un sourire éclatant. Cependant, il n'est jamais loin des conflits au CDEF et dans la consommation de stupéfiant. Bruno est qualifié comme meneur.
Dans une de ces œuvres, Michel Lemay parle des meneurs d’un groupe. Il les définit ainsi : « tout sujet qui, consciemment ou inconsciemment, par son attitude, par son comportement réel ou suggéré, est capable d’entraîner ou d’influencer l’attitude ou le comportement de la totalité ou d’une partie des individus qui vivent autour de lui. »
Le groupe au CDEF est tiraillé entre plusieurs forces et se retrouve souvent sous tensions, ce sont ces dernières qui créent des besoins, et donc la fonction du leader. Bruno est un talent certain pour la musique et veut partir en apprentissage dans le domaine de l'électricité. La plupart du temps, il aime participer aux activités et met une ambiance festive. L'objectif est d'observer sa capacité à être leader positif tout en sachant que Bruno est apprécié auprès des autres jeunes.
Pierre jeune de 16 ans, arrivé en mars 2019. C'est un jeune en décrochage scolaire qui a tendance à consommer des stupéfiants. En effet, sa situation familiale est sensible, ses parents étant séparés, le jeune adopte un conflit de loyauté : " Le conflit de loyauté est un sentiment que l'enfant ressent lorsqu'il a l'impression qu'il doit prendre parti ou qu'il doit choisir entre deux adultes importants pour lui.".
Au CDEF, il aide à apaiser les tensions ou à amplifier suivant qui est en face. Il peut aussi jouer avec les limites du cadre
...