Gommes Incipit

tion : "le patron"). Le portrait n'est que le portrait de l'image renvoyée par le miroir (pas le portrait véritable). Les objets bougeraient d'eux-mêmes : "les douze chaises descendent". Pourtant, ils n'ont aucune valeur particulière ; ils ne renvoient pas à l'homme (négation de l'anthropomorphisme prêté aux objets en particulier au XIXme siècle). Ou plutôt, les objets sont en accord avec l'homme quand celui-ci perd son humanité.

c) Quant à l'homme, il se démultiplie pour disparaître aux yeux de l'observateur de la rue. Il n'avait pas encore acquis d'identité et il perd, de plus, son unicité ("la kyrielle infinie des ombres) et jusqu'à sa consistance d'être humain ("nébuleuse triste").

Conclusion

Un début sans point de repère réel pour le lecteur : présence d'un personnage qui semble s'évanouir à la fin du passage ; récit atemporel (seules indications : matin de début d'hiver) ; aucune action en vue ! Tous les ingrédients qui rendaient rassurante la lecture d'un roman traditionnel semblent écartés pour plonger le lecteur dans un univers à la limite de l'hostilité.

Problématiques possibles posées les années précédentes:

EN QUOI CET INCIPIT EST-IL CARACTÉRISTIQUE DU NOUVEAU ROMAN?

QUELLE EST L'ORIGINALITÉ DE CE PROLOGUE?(LES GOMMES)

QUELLE VISION DU MONDE L'AUTEUR MONTRE-T-IL ?

COMMENT S'EXPRIME ICI LA QUESTION DU PERSONNAGE DE ROMAN?

Corrigé de la question au bac écrit sur ce passage:

Alain Robbe-Grillet, quant à lui, nous fait entrer de plain-pied dans le portrait de son cabaretier par une description en mouvement et par un présent d’énonciation (à valeur gnomique également par la répétition somnambulique de la mise en ordre matinale). Il prend soin d’opposer le rangement rituel qui appartient à la réalité ordinaire, sans surprise, à l’irruption de la fiction perturbatrice apportée bientôt par les clients du dehors. À la rigueur concrète et carrée des gestes machinaux s’oppose la « courbure » des « événements de cette journée, si minimes qu’ils puissent être », marqués de « l’incompréhensible et monstrueux » signe du possible. Alain Robbe-Grillet ancre son « unique personnage présent en scène [, qui] n’a pas encore recouvré son existence propre » de héros romanesque, dans son « décor » familier, avant que ne s’allument les feux du spectacle.