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La Femme Au chapeAu

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n s’aperçoit tout de suite qu’il est inadapté au tempérament de Matisse bien que la palette soit celle qu’il emploiera pour peindre ses œuvres fauves. On peut la considérer comme un essai avant les grandes innovations de La Joie de Vivre.

* Le manque de vie académique du style est du à l’influence de Signac et de Cross. Mais si le style est un repli et même une trahison des efforts plus libres et plus personnels de Matisse juste avant et après 1900, le sujet, lui, est une ambitieuse anticipation sur les œuvres de cinquante années à suivre.

« Là, tout n’est qu’ordre et beauté Luxe, calme et volupté »

* Ces vers de Baudelaire extraits de l’Invitation au voyage, contiennent tout une esthétique. Matisse ne chercha pas une image visuelle pour englober le poème tout entier mais il créa un monde cythéréen à partir de la signification littérale de l’évocation poétique de ces mots choisis avec soin. Au premier plan nous découvrons une plage qui s’étend vers la gauche tandis qu’à droite s’ouvre une baie. Ce côté du tableau est limité par un tronc d’arbre qui est lié, par une technique de l’espace ambigüe et presque cézanienne, au mât et tangon du bateau échoué sur la plage. Un groupe de femmes dans des attitudes paresseuses et détendues occupe ce rivage. En bas à gauche, les restes d’un pique-nique trainent sur une nappe, un détail qui rappelle certaines compositions de Cézanne intensément suggestives. Mais Matisse débarasse son oeuvre de ces évocations érotiques en ne représentant que des femmes. Il rompra cette harmonie dans La Joie de vivre en peignant un couple enlacé que l’on peut voir en bas du tableau à droite.

* Il y développa le thème du Goûter, en adoptant un format horizontal et des dimensions plus ambitieuses. La figure principale y est reprise telle quelle, sur le même site, mais l’artiste élargit l’espace de la plage au premier plan, car il y ajoute six figures de baigneuses nues. Matisse ne peint plus une scène de la vie quotidienne, de type impressionniste, il compose une Arcadie méditerranéenne idéalisée, à la Puvis de Chavannes. La toile exprime un hédonisme sans précédent dans son oeuvre, elle évoque un âge d’or mythique. Ce thème qui va devenir récurrent chez Matisse, il l’a emprunté à la grande toile décorative de Signac, Au temps d’harmonie (1894-95, Montreuil, hôtel de ville) et plus encore à celle de Cross, L’Air du Soir.

* Du point de vue technique, cette composition est admirable. L’ombre noire derrière le personnage le plus proche de l’arbre et les ombres verdâtres sous les figures assises et couchées annoncent une technique que Matisse emploiera plus audacieusement encore dans les scènes mythologiques et pastorales qu’il peindra plus tard. La touche travaillée et les tensions entre l’illusion d’espace et la surface du dessin seront remplacées par une plus grande spontanéité dans La Joie de vivre.

* Néanmoins, l’habileté de Matisse à maîtriser un style qui ne lui appartient pas inspire plus que le simple respect. Même s’il n’était resté qu’un éclectique doué, il aurait eu sa place dans l’histoire de la peinture moderne. Mais son destin était tout autre.

* En exposant Luxe, calme et volupté au Salon des Indépendants de 1905, Matisse apparut comme un nouvel adepte du néo-impressionnisme, ce qui lui valut une réception critique très négative. Seul Maurice Delcourt, critique au Libertaire, s’efforça d’expliquer les retournements stylistiques de Matisse, » un inquiet et un chercheur » avant de commenter en ces termes L’Air du soir: » Un grand tableau au petit point, qui pourrait être de Cross, présenté dans une collerette de papier comme un bouquet de fête ou un gigot de dimanche ».

* Le rôle libérateur de l’exercice de la division dans l’œuvre de Matisse a souvent été souligné, mais ce n’est qu’après St Tropez, à Paris puis à Collioure, où il passa l’été de 1905, qu’il peignit ses œuvres les plus divisées. Au cours ce même été, Signac mit en place dans la salle à manger de La Hune un décor aujourd’hui célèbre. Il sélectionna trois grands tableaux: L’Air du Soir de Cross, Femmes au bord de la mer de Valtat (1898-1904 coll. Part.) et Luxe, calme et volupté. Aussi réfléchi que militant, cet accrochage soulignait, avant même la naissance officielle du fauvisme au Salon d’automne, sa paternité néo-impressionniste. (Source Marina Ferretti Bocquillon, De Seurat à Klee, le néo impressionnisme, Orsay, 2004

Luxe, calme et volupté de Henri Matisse

Jeudi, 13 janvier 2011

Luxe, calme et volupté de Henri Matisse - Musée d'Orsay

Ce n’est pas un tableau pointilliste

« C’est une toile faite avec les couleurs pures de l’arc-en-ciel. Toutes les toiles du divisionnisme produisaient le même effet : un peu de rose, un peu de bleu, un peu de vert, une palette très limitée. (…) Ceci m’amena à peindre par aplats.»

Là tout n’est que points et couleurs. Flamboyantes de vivacité : rose, jaune, rouge, orange, vert, violet ; primaires et complémentaires vibrent sous la lumière saturée de ce ciel d’été. Fin d’après-midi sans ombre, le thé est servi. Les formes alanguies se sèchent, se rapprochent, se mettent à danser, mais ne se mélangent pas. Serait-ce un adieu à Seurat ? Comment la couleur rythme-t-elle ce bonheur de vivre ?

1904 - 98 x 118 cm

Sujet

Il y a quelques études pour ce tableau, à l’huile, à l’aquarelle; si on les réunit on voit tout de suite le peu d’importance que Matisse accordait aux théories, et ceci pour une raison bien simple, c’est que pour lui tout est invention plastique et c’est cela qui le guide. Il y a d’abord plusieurs études du lieu dont une traitée à la manière impressionniste, deux aquarelles très Delacroix, puis dans l’été 1904 un petit tableau du sujet, lui même traité en grosses touches et qui a l’air à la fois fauve et pointilliste, enfin en automne Luxe calme et volupté, une toile qui reste d’allure pointilliste mais où pointe déjà quelque chose de fauve.

Matisse s’ est converti au monde méditerranéen et à son bonheur de vivre mais c’est aussi un lecteur de Baudelaire comme on peut le remarquer au titre qu’il donne au tableau. La scène se passe dans la lumière de la fin de l’après-midi au bord de la mer le paysage est celui du golfe de Saint-Tropez où Matisse avait rejoint Signac. Un groupe de femmes la plupart nues, tout ce monde s’est baigné dans la mer, on se sèche, s’essuie, une nappe est à même le sol, sur laquelle, semble-t-il le thé est servi. La scène représente un instant de bonheur mi-vécu mi-rêvé. Avant La joie de vivre (1906), Matisse donne ici sa première version de « l’Age d’or» , thème traité auparavant par Puvis de Chavanne, Cross et Signac.

Composition

Le tableau comprend trois zones, le ciel, la mer, la terre disposée de part et d’autre de la ligne d’horizon et de la diagonale de la côte qui fait l’espace de ce tableau, la technique du point, ici assez forte, empêche tout modelé et toute circulation de la lumière d’une chose à une autre. Matisse œuvre dans le sens du travail de décoration murale comme toute sa génération ou presque ; la profondeur optique, et tout illusionnisme est banni, la composition doit donc tenir « optiquement» par la répartition des formes dans le tableau, donc par le pur travail plastique. Une grande croix donnera la verticalité et l’horizontalité : l’arbre

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