La Technique

e est vite compris l'usage de la technique et l'a maîtrisée et ils étaient loin de s’y perdre. Toute l'histoire de l’Homme semble montrer une évolution des techniques. L’Homme les améliore et ne cessent de les maîtriser de mieux en mieux. En plus de produire des outils, l’Homme produit de la culture, il construit des cathédrales, des pyramides ou encore des temples. Grâce à la technique, l’Homme va contre la nature et la défie.

De nombreux exemples qui nous montrent qu’à priori, la technique est loin d'avoir perdu l'Homme. Au contraire, l'Homme maîtrise la matière et en a tiré des effets positifs. Autrement dit, la technique a sauvé l’Homme car comme nous le savons, ses progrès dans le domaine de la médecine, par exemple, ont permis au fil de années, de sauver à tous âges, de plus en plus de vies.

Mais, il semble parfois que l'Homme soit dépassé par cette technique qu'il ne maîtrise pas parfaitement. La nature reprend parfois ses droits et lui montre de part des catastrophes naturelles par exemple, que le pouvoir de l’Homme sur la nature est bien fragile.

Comme nous l'avons vu, la technique donne un certain pouvoir à l'Homme, il semble que ce pouvoir ait pris le pas sur le reste. Ce pouvoir a en quelque sorte, dépassé l'Homme et l'a laissé perdu. L'évolution de la technique marque bien cette course à la puissance, au mépris de la nature et du travailleur. Sa capacité à libérer du travail est source de chômage et de déshumanisation, l’Homme disparait de plus en plus du monde du travail laissant sa place aux machines. L’Homme perd donc sa place et la laisse à la technique.

Rousseau pense que la technique qui a perdu l'Homme, qui l'a en quelque sorte dénaturé, éloigné de ce qu'il était vraiment. Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les Hommes, il fait partir la naissance de l'Homme moderne depuis la technique et montre que l'Homme, lorsqu'il était à l'état de « sauvage », tirait sa force de son corps, et non pas des outils puisqu’ils n’en avaient pas. Rousseau montre que c'est donc bien la technique qui a affaibli l'Homme. L’Homme « sauvage » est donc moins fort que l’Homme « civilisé » lorsqu’ils ont tous deux des outils mais l’Homme « sauvage » est plus fort que l’Homme « civilisé » lorsqu’aucune d’eux n’a d’outils. « Le corps de l'homme sauvage est le seul instrument qu'il connaisse ».

Finalement, Rousseau avait raison. La technique a pris de plus en plus sa place dans nos sociétés, en prenant parfois également celle de l’Homme. Les progrès techniques sont très inégaux dans le monde. Si nos sociétés occidentales sont techniquement très avancées, les pays du « Tiers-Monde » vivent encore dans des conditions bien inférieures. La technique est donc encore au centre du problème de l’inégalité aujourd'hui.

Il faut que l'Homme apprenne ce qu'est la technique, pour qu'il se rende compte de son danger et qu'il la reprenne en main. Cela semble être la solution face à l'aspect double de la technique, d’un coté salvatrice et de l’autre perdition.

En effet, lorsque Heidegger dans La question de la technique montre comment cette dernière a perdu l'Homme, il ne prône pas un retour à l'âge de pierre mais de contrôler l’avancer de la technique, en dénonçant son danger. Il savait bien que le rejet radical de la technique serait inutile puisque rejeter la technique c'est se couper de fait du monde et donc laisser libre champ au déploiement de la technique. Il ne faut donc pas laisser la technique de coté mais l’affronter en mettant en avant le danger dont l’Homme a du mal à saisir l’ampleur.

Donc on le voit bien, la manifestation du danger de la technique peut ne pas être négatif et se présenter comme une valeur salvatrice et libératrice.

L'essence de la technique est donc à la fois danger et salvation, mouvement dialectique qui a parfois amené Heidegger à présenter l’arraisonnement comme le visage du dieu Janus: d'un côté c'est la « continuation de la volonté de puissance » mais de l'autre « une préfiguration de l'avènement