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Le concerto pour la main gauche de Ravel

Cours : Le concerto pour la main gauche de Ravel. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  25 Avril 2022  •  Cours  •  4 679 Mots (19 Pages)  •  368 Vues

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Option musique à l'école, au collège et au lycée

Bac 2017 : le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel

[pic 1]Maurice Ravel et Igor Stravinski, deux figures majeures de la musique du XXe siècle © Fondation Maurice Ravel

Le Concerto pour la main gauche fait partie des œuvres inscrites au programme de l'épreuve facultative du bac 2017. 

Commandé au compositeur Maurice Ravel par le pianiste autrichien Paul Wittgenstein, amputé du bras droit durant la Première Guerre mondiale, ce concerto fait partie du répertoire pianistique depuis sa création en France en 1937.

Au-delà de la prouesse technique que suppose son interprétation, le concerto se distingue par son caractère sans cesse sous tension.

Cette fiche pratique a pour objectif d'accompagner les lycéens dans leur préparation à cette épreuve, mais aussi de leur faire mieux connaître l'œuvre de Maurice Ravel, l'un des piliers de la musique française.

Maurice Ravel : repères chronologiques

[pic 2]Maurice Ravel au balcon du Belvédère © Fondation Maurice Ravel

Né à Ciboure (Pyrénées-Atlantiques) le 7 mars 1875, mort à Paris le 28 décembre 1937, Maurice Ravel entra en 1889 au Conservatoire de Paris, où Gabriel Fauré (1845-1924) fut son professeur de composition.

Après la Première Guerre mondiale, il s'installe définitivement dans son « Belvédère » de Montfort-l'Amaury (Yvelines). Reconnu comme l'un des plus grands compositeurs de son temps, Ravel demeure l'un des piliers de la musique française, aussi bien pour ses œuvres pour piano que pour ses œuvres pour orchestre, dont le fameux Boléro.

La chronologie qui suit retrace la vie du compositeur au travers de ses compositions. Ce travail a été développé à partir de deux ouvrages essentiels : le Guide de la musique de piano et de clavecin et le Guide de la musique symphonique, tous deux réalisés sous la direction de François-René Tranchefort et publiés aux éditions Fayard dans l’excellente collection Les indispensables de la musique.

Un certain nombre des commentaires de ce chapitre sont empruntés à Michel Parouty, qui a signé l’article consacré à Ravel dans le Guide de la musique symphonique.

  • 1892-1893 – Sérénade grotesque pour piano
  • 1895-1897 – Sites Auriculaires pour deux pianos
  • 1895 – Menuet Antique pour piano. Œuvre dédiée à Emmanuel Chabrier (1841-1894), que Ravel admirait, cette pièce sera orchestrée en 1929
  • 1896 – Sainte, mélodie pour baryton et piano, sur un poème de Stéphane Mallarmé (1842-1898)
  • 1897-1899 – Deux épigrammes de Clément Marot, pour soprano et piano (Clément Marot, 1496-1544)
  • 1897 – Sonate posthume pour violon et piano
  • 1899 – Pavane pour une infante défunte (piano), orchestrée par Ravel en 1910 – chef-d'oeuvre qui était pourtant peu apprécié par Ravel lui-même. « Dès les premières mesures s’installe un climat de mélancolie et de noblesse, de tendresse et de gravité, qui en fait tout le prix (dans la version orchestrale, plus encore que dans celle pour piano). » Michel Parouty (op. cit.)
  • 1899 – Shéhérazade, ouverture de féérie. Prévue pour devenir un opéra oriental, l’ouverture de Shéhérazade est la seule rescapée du projet initial
  • 1901 – Myrrha , cantate qui lui vaut seulement le second prix de Rome, auquel il s'est présenté avec le soutien de Gabriel Fauré
  • 1901 – Jeux d'eau pour piano
  • 1902 – Alcyone, scène dramatique présentée au Prix de Rome mais que le jury ne distingua pas. Selon Marcel Marnat , sa cantate ne constituait rien de plus qu'une « anthologie des pratiques musicales du XIXe siècle ».
  • 1902 – Quatuor à cordes en fa majeur, remanié en 1910 et dédié à son professeur Gabriel Fauré
  • 1903 – Alyssa, cantate pour soprano, ténor et baryton
  • 1903 – Shéhérazade, trois poèmes pour voix et orchestre sur des vers de Tristan Klingsor (1874-1966, à l'état-civil, le poète se dénommait Léon Leclère). Dans cette Shéhérazade, Ravel réutilise certains éléments de l’ouverture de féérie composée en 1899.
  • 1903-1905 – Sonatine pour piano
  • 1904-1905 – Miroirs, recueil de plusieurs pièces pour piano : Noctuelles, Oiseaux tristes, Une barque sur l'océan, Alborada del gracioso, La Vallée des cloches. Une barque sur l’océan est orchestrée un an plus tard. Alborada del gracioso le sera également en… 1918.
  • 1905 – Introduction et allegro pour harpe, flûte, clarinette, 2 violons, alto et violoncelle
  • 1906 – Ravel se présente pour la 3e fois au Prix de Rome, convaincu que ses premiers succès aboutiraient à cette récompense tant convoitée. À son grand désarroi et celui de ses maîtres, il fut éliminé à l'issue des épreuves éliminatoires (une fugue à quatre voix et une pièce vocale avec orchestre), et ne fut pas même admis à l'épreuve de la cantate. Cette décision fit scandale et la presse s'en empara, déclenchant ce que l'on nomma « L'Affaire Ravel ». L'une des conséquences de ce scandale fut la démission de Théodore Dubois (1837-1924) de la direction du Conservatoire de Paris, où il fut remplacé par Gabriel Fauré
  • 1906 – Histoires naturelles, pour voix et piano sur des textes de Jules Renard (1864-1910)
  • 1907 – Rhapsodie espagnole, pour orchestre
  • 1907 – Cinq mélodies populaires grecques (en grec), pour voix et piano
  • 1907 – L’Heure Espagnole, fantaisie lyrique
  • 1908 – Gaspard de la nuit, trois poèmes pour piano d'après Aloysius Bertrand : Ondine, Le Gibet, Scarbo
  • 1908-1910 – Ma Mère l’Oye, ballet. Maurice Ravel explique : « Ma Mère l’Oye, pièces enfantines pour piano à quatre mains, date de 1908. Le dessein d’évoquer dans ces pièces la poésie de l’enfance m’a naturellement conduit à simplifier ma manière et à dépouiller mon écriture. J’ai tiré de cet ouvrage un ballet qui fut monté pour le Théâtre des Arts » (aujourd’hui Théâtre Hébertot, 78 bis boulevard des Batignolles, dans le 17e arrondissement)
  • 1909 – Menuet sur le nom de Haydn pour piano
  • 1910 – Avec Gabriel Fauré (1845-1924), Charles Koechlin (1867-1950) et Florent Schmitt (1870-1958), Ravel participe à la fondation de la Société musicale indépendante (SMI), qui s’oppose à la trop conservatrice Société nationale de musique, dont le maître à penser est César Franck (1822-1890). La SMI se propose « de créer un milieu libre où toutes les tentatives artistiques, sans distinction de genre, de style ni d'école, recevront bon accueil ».
  • 1911 – Valses nobles et sentimentales (huit valses pour piano), orchestrées en 1912 et représentées pour la première fois le 15 février  1914 sous la direction de Pierre Monteux au Casino de Paris
  • 1912 – Daphnis et Chloé, ballet en trois parties. « Daphnis et Chloé, symphonie chorégraphique en trois parties, me fut commandée par le directeur de la compagnie des Ballets russes, M. Serge de Diaghilev. […] Mon intention en l’écrivant, raconte Maurice Ravel, était de composer une vaste fresque musicale, moins soucieuse d’archaïsme que de fidélité à la Grèce de mes rêves qui s’apparente assez volontiers à celles qu’ont imaginée et dépeinte les artistes français de la fin du XVIIIe siècle. »
  • 1912-1913 – A la manière de… 1. Borodine ; 2. Chabrier, pièces pour piano, deux pastiches suggérés par le pianiste et compositeur italien Alfredo Casella (1883-1947)
  • 1913 – Pavane pour piano, pièce destinée à l’épreuve de lecture à vue du concours d’entrée au Conservatoire de Paris
  • 1913 – Trois poèmes de Mallarmé, pour voix et orchestre de chambre (Stéphane Mallarmé, 1842-1898)
  • 1914 – Deux mélodies hébraïques, pour voix et piano
  • 1914 – Trio avec piano (piano, violon et violoncelle)
  • 1914 – Le Tombeau de Couperin, dernière pièce écrite pour piano seul. « Au commencement de 1915, je m’engageai dans l’armée et vis de ce fait mon activité musicale interrompue jusqu’à l’automne de 1917, où je fus réformé. Je terminai alors Le Tombeau de Couperin. L’hommage s’adresse moins au seul Couperin lui-même qu’à la musique française du XVIIIe siècle » déclarera le compositeur. La pièce est constituée de six pièces, dont chacune est dédiée à un ami mort au front
  • 1914-1915 - Trois chansons pour chœur mixte a cappella sur des textes de Maurice Ravel
  • 1918 – Frontispice, pour deux pianos et une cinquième main
  • 1919-1920 – La Valse, composée à l’origine pour deux mains, elle s’imposa par la suite pour deux pianos et fut rapidement orchestrée dans sa version la plus célèbre. Dans sa version orchestrée, elle était destinée à être chorégraphiée par Diaghilev, qui renonça à ce projet. C’est donc dans sa version orchestrale que l’œuvre fut inaugurée en 1920. Les thèmes (sept en tout) s’enchaînent sans rupture, animés par le rythme à 3/4 qui, véritable moteur, donne à l’œuvre toute sa dynamique ; mais ce tourbillon incessant est chargé d’une morbidité qui met mal à l’aise. D'ailleur, le compositeur et musicologue Roland-Manuel (1891-1966) n’hésitait pas à y voir la prémonition d’une danse macabre…
  • 1919-1925 – Composition de L’Enfant et les Sortilèges, fantaisie lyrique sur un livret de Colette (1873-1954). Chef-d'œuvre d'orchestration, L'Enfant et les Sortilèges est parfois donné en version de concert en raison des contraintes techniques que suppose sa mise en scène
  • 1920-1922 – Sonate pour violon et violoncelle
  • 1922 – Chansons madécasses pour soprano/baryton, piano, flûte et violoncelle sur des textes d'Évariste de Parny (1753-1814)
  • 1922 – Orchestration des Tableaux d’une exposition, suite pour piano de Modeste Moussorgski (1839-1881). Ravel se réapproprie ce chef-d’œuvre du répertoire pour piano pour en faire l’une des plus célèbres pages de l’histoire de la musique. Exemple parfait de la transposition / orchestration
  • 1922-1924 – Tzigane, rhapsodie de concert pour violon et orchestre. Déchaîné et conquérant, à travers les diverses transformations thématiques, le violon poursuit sa course diabolique, sans que jamais l’auditeur trouve le temps de reprendre son souffle
  • 1923-1924 – Ronsard à son âme, pour voix et piano sur un texte de Pierre de Ronsard (1524-1585)
  • 1924-1927 – Sonate pour violon et piano
  • 1927 – Rêves, pour voix et piano sur un poème de Léon-Paul Fargue (1876-1947)
  • 1928 – Le Boléro pour orchestre. « Je suis particulièrement désireux qu’il n’y ait pas de méprise au sujet de mon Boléro. C’est une expérience dans une direction très particulière et très limitée, et elle ne devrait pas être suspectée de viser autre chose que ce qu’elle vise. Avant la première représentation, j’ai fait paraître un avertissement précisant que j’avais écrit un morceau de dix-sept minutes consistant uniquement en un tissu orchestral sans musique, - un long et progressif crescendo. » (Lettre au musicologue Michel Dimitri Calvocoressi  (1877-1944) publiée dans le quotidien britannique Daily Telegraph le 16 juillet 1931).
    Nul doute que le soir de la création, les habitués de l’Opéra Garnier aient été quelque peu surpris – au point qu’une spectatrice s’écria « Au fou ! », ce qui fit dire à Ravel : « Celle-là, elle a compris ». Toutefois, le public de l’Opéra pensait-il que, ce 22 novembre 1928, il assisterait à la naissance d’une des pages les plus célèbres de la littérature orchestrale du XX
    e siècle ?
  • 1929 – Ravel entreprend simultanément le Concerto en sol majeur pour piano et orchestre et le Concerto pour la main gauche
    Le
    Concerto en sol majeur fut achevé au cours de l’automne 1931. Il fut interprété pour la première fois le 14 janvier 1932 à la Salle Pleyel sous la direction du compositeur (d’ailleurs piètre chef d’orchestre). Marguerite Long (1874-1966), dédicataire de l’œuvre, était au piano. Aussitôt, Ravel entreprit avec son interprète une grande tournée à travers l’Europe pour présenter l’œuvre, partout avec un immense succès.
    Ce
    Concerto en sol demeure l’un des chefs-d’œuvre de Ravel. Équilibré, attachant, cachant l’habileté technique derrière l’expression la plus vraie, on comprend aisément que l’œuvre figure très régulièrement à l’affiche des concerts.
    Le
    Concerto pour la main gauche fut écrit dans le même temps que le Concerto en sol. On peut noter qu’il existe, également de la plume du compositeur, un arrangement pour piano à quatre mains, publié à Paris en 1937. Nous abordons plus longuement les commentaires de cette œuvre dans le chapitre suivant.
  • 1932 – Don Quichotte à Dulcinée pour baryton et piano/orchestre sur un texte de Paul Morand (1888-1976)
  • 1932 – Suite à un accident de taxi, Ravel est atteint d’un traumatisme cérébral. Il n’écrira plus une note de musique au cours des cinq années suivantes.
  • 1937 – Maurice Ravel s’éteint le 28 décembre. Sa disparition suscita une immense émotion dans le monde entier. C’est Jean Zay (1904-1944), alors ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du Front populaire, qui prononça son éloge funèbre. Le compositeur repose au cimetière de Levallois-Perret près de ses parents et de son frère.

Ravel : Pianiste et orchestrateur

[pic 3]Maurice Ravel devant son piano du Belvédère © Fondation Maurice Ravel

Comme nous avons pu le constater dans la chronologie de son œuvre, le piano et l’orchestre se taillent la part du lion dans l'univers de Maurice Ravel. En effet, mis à part un quatuor à cordes et quelques mélodies de jeunesse, le compositeur semble avoir consacré toute son énergie au piano et à l’orchestre, adaptant l’un pour l’autre à de nombreuses reprises. Il est étonnant, dans ces conditions, qu’il se soit limité à seulement deux concertos pour piano (mais quels concertos !).

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