Les Formes Brèves
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Le parti pris des choses est une oeuvre publiée par Francis Ponge en 1942, après 10 ans d'écriture.
Ponge était un poète français du XX ème, et fait parti des auteurs qui ont été influencé par le Surréalisme.
Ce recueil poétique est composé de 32 courts poèmes rédigés en prose.
Dans ce poème, l'auteur a choisi de nous décrire des éléments quotidiens, banals aux yeux de tous, et qui n'avaient jamais vraiment été évoqués par des auteurs. Il s'agit d'objets, d'aliments, les différentes saisons ou encore la faune et la flore.
Parmi ces "choses", comme l'indique clairement le titre de son recueil, Francis Ponge veut avant tout montrer au lecteur qu'il a une conception du monde différente par rapport aux autres auteurs qui, selon lui, font toujours référence à l'homme dans leurs ouvrages.
Les choses pour lesquelles Ponge choisit de prendre parti sont les plus humbles : objets ou phénomènes naturels (pluie, orange, escargots, mollusque, bords de mer, galet), choses fabriquées (cageot, cigarette, pain), lieux précis (le restaurant Lemeunier rue de la Chaussée d'Antin), types humains (gymnaste, jeune mère). Trente-deux objets triviaux, symboliquement neutres, décrits non du point de vue de l'homme mais à partir d'eux-mêmes. C'est seulement lorsqu'ont été neutralisés tous les discours et valeurs socialement projetés sur elles, que les choses peuvent nous donner leurs leçons, nous apprendre quelque chose sur nous-mêmes. « Il ne s'agit pas d'arranger les choses (le manège) [...]. Il faut que les choses nous dérangent. Il s'agit qu'elles nous obligent à sortir du ronron. » (Méthodes, 1961
Un refus de la « poésie traditionnelle »
A la différence de Rimbaud, qui cherchait à retranscrire « l’Opéra fabuleux » de ses Illuminations,
Ponge ne travaille pas à « se rendre voyant ». Il ne cherche pas non plus, comme l’ont fait les
surréalistes, artistes de sa génération, à explorer les « espaces du dedans », à sonder les profondeurs de
l’inconscient.
Ponge reproche aux poètes d’avoir soumis leurs œuvres à la tyrannie des idées (« Sans doute ne suis-je
pas très intelligent : en tout cas les idées ne sont pas mon fort. » - Ponge se méfie des opinions, des
idéologies et des systèmes). Il regrette surtout que ces poètes aient exalté sous toutes les formes, et à
toutes les époques, les mêmes sentiments, émotions, clichés : l’Amour, la Mort, le Moi… Donc
l’Homme (le « ronron poétique »).
Un regard neuf porté sur les choses
Son activité poétique consiste simplement à se tourner vers le monde stable et rassurant des objets.
Selon Ponge, la poésie est affaire de lucidité, elle est une activité consciente, un travail soumis au
contrôle de la raison (on ne peut faire n’importe quoi). Elle permet de se détourner de soi pour
appréhender, avec plus d’objectivité, le monde qui nous entoure.
Les « choses », au sens large, sont toutes tirées d’une réalité commune et peuvent être classées en
plusieurs catégories :
- Les espèces de la faune courante : La Crevette, Le Papillon, Escargots, L’Huître, Notes pour
un coquillage
- Les minéraux : Le Galet
- Les objets fabriqués par l’Homme : Le Cageot, La Bougie
- Les comestibles : Le Pain, L’Orange
- Les phénomènes naturels : Pluie, Le Cycle des saisons
- Les lieux familiers : Le Restaurant Lemeunier rue de la Chaussée-d’Antin, Les Trois
Boutiques, R.C. Seine n°
- Les attitudes humaines caractéristiques : La Jeune Mère, Le Gymnaste
Ponge s’efforce de décrire chacune de ces « choses » de telle manière qu’il parvienne à établir entre
celle-ci et sa propre activité une correspondance, un point de conta
Analyse de Le Cageot
· Au début des années 30, Francis Ponge travaille aux Messageries Hachette, à Paris. Chaque matin,
il traverse le quartier des Halles ; il lui vient alors un jour l’idée de consacrer un poème au cageot.
Selon lui, il s’agit d’un objet qui mérite d’être redécouvert.
· Pour présenter brièvement l’objet (un court texte parmi le recueil), Ponge part d’abord du mot qui
le désigne, puis en propose une définition, s’intéresse à son destin et à sa relation qu’il entretient
avec l’Homme. Il parvient alors à rendre l’objet « sympathique ».
· Il voit dans le mot « cageot » un mot-valise avec « cage » (les denrées sont emprisonnées) et
« cachot » (les denrées sont privées de lumière). C’est l’association entre l’état et la fonction de
l’objet.
· Il ne nie pas le fait que l’objet est banal : il précise que le cageot n’est qu’une « simple caissette à
claire-voie », agencé pour qu’on puisse le briser sans effort. Il luit « de l’éclat sans vanité du bois
blanc. »· Il est simple, utilitaire, mais aussi éphémère et voué à la destruction, toutefois moins que les
denrées qu’il contient ; d’ailleurs, les denrées sont dites « fondantes ou nuageuses », et non
périssables (connotation méliorative qui amplifie le caractère sympathique). Le cageot « ne sert
pas deux fois » ; « tout neuf encore », il est « à la voirie jeté sans retour » (dernier paragraphe, fin
du poème).
· Il ne faut pas « s’appesantir longuement » sur le sort du cageot : le texte doit donc aussi rester
anodin, aussi léger que l’objet qu’il décrit. C’est un sujet qui mérite concision, simplicité, banalité.
Mais aussi, le cageot est un objet fragile sur lequel il faut éviter de peser, « rendre plus pesant »
(définition de « appesantir »). Ponge recommande au lecteur de respecter l’objet. On peut aussi
remarquer la place intrigante du mot « appesantir » dans le dictionnaire…
ð Ponge entend alors se faire l’interprète des choses muettes. Les objets les plus humbles, les
réalités les plus banales, les plus grossières, les plus insignifiantes, recèlent à ses yeux des
trésors de sagesse et des leçons de vie.
L’objectif avoué du poète est d’abord de rendre compte de l’épaisseur des
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