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Les Paysans Du 16E Et 17E Siècle.

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les espaces non cultivés – sauf épisodiquement – donc couvertes d’herbes, de landes ou de forêts. Ils sont loin d’être négligés car ils fournissent aux paysans, outre une éventuelle réserve de terres, du bois, des feuilles, des fruits sauvages et une zone de parcours pour le bétail.

La mise en valeur du terroir reste fondée en premier lieu sur la céréaliculture. Les limites techniques du système productif sont connues. Le paysan ne dispose le plus souvent que d’outils manuels de conception simple. Pour ameublir le sol, l’araire[2] ou la charrue légère sont plus répandues que la véritable charrue à versoir : celle-ci, coûteuse, nécessitant un fort train d’attelage, reste l’apanage des exploitants aisés dans les régions à la terre épaisse et limoneuse. La moisson se fait à la faucille. Les blés sont battus au fléau, puis vannés[3].

La primauté des grains dans le système de culture ne laisse pas assez de surfaces pour les prairies, de sorte que l’élevage reste limité, donc également la fumure. Dès lors s’impose la pratique de la jachère qui consiste à laisser une partie du terroir improductif, un an sur deux ou trois selon le système d’assolement[4] qui prévaut. Ce système archaïque a le mérite d’éviter l’épuisement des sols, car la jachère permet à la terre de reconstituer ses éléments nutritifs, et aussi d’un peu d’élevage sous la forme de la vaine pâture[5]. Mais il s’agit d’un système bloqué qui limite les rendements. Extrêmement variables d’une année sur l’autre, ceux-ci ne dépassent pas, en moyenne, la valeur de quatre à cinq fois la semence, soit 8 à 10 quintaux par ha.

5. Du terroir aux paysages ruraux

Les trois éléments, enclos, labours, saltus, associés à des formes d’habitat, sont inégalement répartis selon les types de terroir. C’est en fonction de leur importance et de leurs rôles respectifs qu’on peut distinguer des paysages ruraux qui frappent par leur variété. Ainsi, on retient trois grands types :

Les campagnes céréalières du Nord et de l’Est : régions peuplées où prédominent les champs ouverts avec traditions collectives fortes dans la mise en valeur du sol, habitat groupé et parcelles dispersées dans un finage[6] sans haies.

Les bocages[7] de l’Ouest et une partie du Centre : espaces où les arbres et les haies entourent les parcelles plus massives et moins régulières, où les prés, le saltus et donc l’élevage occupent une place notable et où l’habitat est généralement dispersé en hameaux.

Les terroirs méditerranéens marqués par le morcellement et les contrastes, où les villages sont souvent ramassés sur les hauteurs à proximité des finages de bassins et où la production céréalière est complétée par les cultures arbustives et l’élevage extensif des ovins.

6. La communauté d’exploitants

Au terroir, réalité spatiale, est logiquement associé le groupe d’hommes qui le met en valeur. Sauf exception, le paysans n’est pas seul, livré à lui-même. Une discipline collective s’impose pour un bon fonctionnement du système. C’est le rôle de l’assemblée des habitants représentant la communauté d’exploitants. Son importance varie d’une région à l’autre en fonction du poids relatif des traditions collectives.

Le cadre paroissial

Le cadre agraire interfère avec la paroisse, cadre socio-religieux, dont l’importance s’explique non seulement par l’imprégnation chrétienne – plus précisément catholique – de la grande majorité des masses paysannes, mais également en raison de son rôle dans l’encadrement social des campagnes. La paroisse se définit normalement comme la « communauté des âmes » en même temps que comme un territoire correspondant à l’espace où s’exerce le ministère d’un curé. Mais les fonctions du curé dépassent le domaine de la pastorale. C’est ainsi que le curé est chargé de tenir l’été civil, sous le contrôle de l’administration ; c’est lui qui diffuse les ordonnances royales et joue le rôle « d’annonceur » lors des réunions dominicales. Habituellement, la paroisse possède quelques biens. Elle contribue fortement à la cohésion du groupe, surtout dans les zones d’habitat dispersé, grâce aux rassemblements qui ont lieu dans son cadre à l’occasion des multiples fêtes religieuses.

La seigneurie

Il s’agit d’un cadre particulièrement caractéristique de l’ancien Régime et fort contraignant pour le paysan. En dépit de la persistance de terres libres, le territoire français avant la Révolution est enserré dans une structure juridique et socio-économique de domination issue d’un lointain passé. La structure seigneuriale influe sur le statut des terres : en tant que « propriétaire éminent » le seigneur prélève des droits sur les tenures[8] paysannes. Mais l’espace seigneurial correspond aussi à une zone de juridiction. A ce titre, le seigneur dispose d’un pouvoir de justice et de police associé à un pouvoir économique et fiscal, notamment à travers les banalités[9]. Pour le paysan, cela se traduit par le paiement de redevances dites « féodales et seigneuriales ».

B. La société paysanne.

De la famille à la sociabilité villageoise

1. La famille

Elle se forme par le mariage religieux qui consacre son existence légale aux yeux de l’Eglise et de l’Etat. Le mariage paysan obéit à tout un rituel, depuis la « demande » faite par le garçon au père de la future, en passant par les « accordailles », éventuellement le contrat, les fiançailles, la publication des bans, jusqu’à la célébration. Deux règles fondamentales déterminent le choix du conjoint : l’homogamie[10] et l’endogamie[11].

Fondée sur la loi du sang, la famille peut prendre des formes diverses. Si la forme conjugale l’emporte assez largement, des structures familiales plus larges subsistent : famille souche où cohabitent deux générations, voire véritable association de plusieurs couples avec enfants constituant les « frérèches » du centre de la France et pouvant atteindre jusqu’à vingt personnes « vivant au même pot et même feu ».

Après la naissance, le baptême est presque immédiat, l’angoisse du salut étant omniprésente. Le choix du prénom n’est pas le fruit du hasard : il vise à assurer la permanence familiale. La famille reste aussi l’espace social où se transmet un patrimoine.

2. La sociabilité villageoise

Au-delà de la famille, la communauté villageoise est le cadre d’une sociabilité publique et collective. Celle-ci s’exprime de manière différente selon les sexes et les âges. Elle se déroule autour de quelques lieux symboliques : l’église paroissiale qui fait un peu office de « maison commune » à une époque où la différence entre le profane et le sacré reste floue, le cimetière qui associe les morts aux vivants, la place du village qui accueille les assemblées d’habitants, les foires et les fêtes, le cabaret enfin. C’est lui qui résume la sociabilité villageoise car c’est un lieu de rencontre privilégié où se concluent la plupart des affaires.

La sociabilité s’exprime aussi à travers des groupes spécifiques qui assurent la transmission des rôles sociaux : sociabilité des hommes mariés, « chefs de feux », qui contrôlent la communauté villageoise ; sociabilité des femmes autour du lavoir, de la fontaine ou dans l’organisation des veillées ; sociabilité des jeunes gens célibataires qui compensent leurs frustrations en organisant jeux et fêtes, en contrôlant le « marché matrimonial » et en surveillant la morale villageoise par les charivaris[12].

Les fêtes entrent naturellement dans le cadre de cette sociabilité villageoise : fêtes liturgiques, célébration du saint patron de la paroisse, feux de la Saint-Jean, fin des moissons, …

Ces diverses formes de sociabilité favorisent l’appartenance au groupe face aux éléments extérieurs ; elles contribuent à contrôler et à canaliser les multiples tensions sous-jacentes ou potentielles de la communauté villageoise ; elles procurent une compensation aux difficultés de la vie quotidienne.

Les conditions de la vie matérielle.

La majorité des paysans vit dans la précarité. La maison paysanne se présente comme un logis humble, souvent limité à une seule pièce, inconfortable, mal chauffée par une cheminée au tirage aléatoire, meublée très sommairement. Les matériaux utilisés pour sa construction sont fournis par les ressources locales.

L’alimentation est peu variée, déséquilibrée, à base de céréales consommées sous forme de pain, bouillie, galettes ou crêpes souvent associées à la soupe.

Les vêtements sont également très simples, de couleur sombre. Ils servent avant tout à protéger du froid.

La médiocrité et la précarité de la situation de la majorité des paysans proviennent des insuffisances techniques du système productif, mais surtout des conditions socioéconomiques de la mise en valeur du sol qui se traduisent par un lourd prélèvement sur les

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