Loletranger
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3 : Le temps suspendu.
Le drame est ici lié à l'altercation qui a précédé et qui n'impliquait pas directement Meursault : « C'était le même soleil, la même lumière sur le même sable qui se prolongeait ici. ». La répétition de l'adversaire « même » signale que l'affrontement va se réitérer. De plus, le rythme ternaire de la phrase ajoute une profondeur dramatique à la scène.
Le temps semble de toute façon s'être même immobilisé : « il y avait deux heures que la journée n'avançait plus, deux heures qu'elle avait jeté l'ancre dans un océan de métal bouillant ».
Meursault lui-même renvoie cette journée à une autre ayant eu lieu au début du roman. « C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman ». Comme si le temps pas avancé.
Le hasard et l'immobilité du temps renforcent l'aspect dramatique de cette scène. Cependant, la pesanteur de cette présence incarne peut être une signification plus cruciale : le personnage serait le jouet du destin et le dénouement de la scène relèverait de l'absurde.
II : LA FATALITÉ.
1 : Omnipotence des éléments : un monde hostile.
Un décor immobile ( plage ), mais semble pourtant en mouvement, impression donnée par les nombreuses métaphores et personnification de la mer ( « océan de métal bouillant » ; « la mer haletait de toute la respiration rapide et étouffée de ses petites vagues » ; « vibrante de soleil » ; « murmure de son eau » ). Le décor est ainsi presque un personnage à part entière de la scène.
La lumière joue un rôle important puisqu'elle trouble la vision de Meursault. L'aveuglement tient une place importante dans la scène. Les verbes employés témoignent de l'imprécision de sa vision ( « je devinais son regard » ; « son image dansait devant mes yeux » ; « mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel » ). La luminosité n'éclaire pas, au contraire, elle est source de confusion : « il avait l'air de rire ». Ce qui conduit le couteau à devenir une « épée » et un « glaive », ce qui fait croire à Meursault qu'il est agressé. Le mot « soleil » est d'ailleurs répété huit fois dans le passage, comme pour l'accuser de la responsabilité des faits.
La chaleur a aussi un rôle dans le meurtre. C'est un élément vivant dans le passage ; les verbes d'action soulignent son influence néfaste « se pressait derrière moi » ; « s'opposait » ; « s'appuyait ». La brûlure assimile le personnage à une victime. C'est cette brûlure qui l'oblige à avancer vers l'Arabe. Le lien logique établi par l'expression « à cause de » montre bien la relation de cause à effet entre chaleur et premier pas vers l'Arabe. S'ajoute à cette chaleur « le voile épais » de la sueur qui coule d'un coup sur les paupières.
Le narrateur est dans l'incapacité à discerner ce qu'il voit et ressent, ce qui va le conduire à l'irréparable.
2 : Une figure du châtiment divin.
Une force transcendante semble peser sur le personnage. Un champ lexical indique ce rapprochement « glaive, lame étincelante, ciel ». Le texte souligne que c'est le front qui est touché, ce qui prouve que l'agression frappe en un point vital du corps. ( « lame... qui m'atteignait au front » ; « les cymbales du soleil sur mon front » ). Le vocabulaire et certaines expressions concourent même à évoquer la fin du monde, l'Apocalypse : « océan de métal bouillant » ; « la mer a charrié un souffle épais et ardent » ; « tout a vacillé » ; « il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. ».
III : L'ABSURDE.
1 : La rupture de l'équilibre.
Le temps suspendu et la structure en boucle de la première partie du roman qui se clôt sur la scène qui a commencé le roman, montre un équilibre défaillant, où le temps se referme sur lui-même. Ceci confère au passage le rôle d'une fermeture en boucle de la première partie. Tout ce qui s'est passé entre ces deux moments n'aurait donc pas eu d'importance.
Tout revient au même.
L'acte de tuer apparaît comme une rupture de l'ordre de la nature : « détruit l'équilibre du jour » ; le bruit du revolver crée une rupture, un avant et un après la faute. : « J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux ». Le plus que parfait d'aspect accompli signale une rupture, et montre qu'on ne pourra pas revenir en arrière.
L'expression hautement significative « quatre coup brefs sur la porte du malheur » peut faire penser au théâtre : le théâtre de la vie humaine se met en scène.
2 : La question de la responsabilité.
Le narrateur semble manquer de volonté propre : « j'ai pensé que je n'avais qu'un demi-tour à faire et tout serait fini ». Mais il ne le fait pas !
« Je savais que c'était stupide », mais il continue. Le crime n'est ni motivé, ni prémédité. « Rester ici ou partir, cela revenait au même ».
Il apparaît également comme un enfant : les termes « maman » et « épée » renvoient à l'univers enfantin. Cela dénote un manque évident de maturité. De plus, il transforme la réalité : « les cymbales du soleil » ; « la lumière a giclé ». « C'était comme » montre qu'il joue à métamorphoser le réel.
On a l'impression que c'est le corps qui a réagi sous
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