Mécanisme de la récompense et de l'échec
Analyse sectorielle : Mécanisme de la récompense et de l'échec. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar nabu • 21 Janvier 2018 • Analyse sectorielle • 1 316 Mots (6 Pages) • 980 Vues
Sur le mécanisme de recherche de la satisfaction comme moteur du vivant et condition de création de l’intériorité (du masochisme primaire à la pensée et l’altérité)
Le fantasme est un mécanisme adaptatif qui permet le coping avec le réel.
Le « plaisir de désirer (Chagnon) est le plaisir de jouer avec des représentations mentales auxquelles sont rattachées de petites quantités d’affect, plaisir qui va équilibrer le déplaisir résultant de la non satisfaction immédiate de la pulsion et du désir. Ce qui distingue les processus primaires, à l’œuvre dans la psychose, des processus secondaires engagés dans la névrose, c’est la quantité d’affects associés : dans la psychose, elle est plus grande, allant jusqu’à retirer le sujet de tout contact avec le réel, le dé-réaliser dans l’accomplissement de l’extase fantasmatique, la toute-présence du fantasme (le délire).
L’excitation (c’est-à-dire la charge pulsionnelle) peut se transformer en action par le biais du fantasme, entendu comme représentation.
Chez l’enfant jeune, la dépression est consécutive à une perte d’objet : à la fois interne et externe. Plus l’enfant est jeune, plus il a besoin et dépend de l’étayage des objets externes pour étayer son fonctionnement en objets internes. L’objet interne est un pôle d’investissement. Lorsqu’un objet est perdu, ce n’est pas tant l’objet externe, la personne, qui est perdu, que le pouvoir d’investir tout objet externe, le pouvoir d’aimer et d’être aimé, puisque l’objet externe étaye l’objet interne. C’est l’objet interne perdu qui écorne la capacité à investir encore des objets – susceptibles de se perdre encore. L’enfant perd alors le « plaisir de désirer ».
Sur le masochisme primaire, « gardien de la vie »
C’est un masochisme de vie, qui fait défaut dans plusieurs psychopathologies : la dépression par exemple, mais aussi les conduites masochistes ouvertes comme la scarification, les troubles alimentaires etc. Dans ces conduites, l’investissement de la fantasmatisation a fait défaut.
La fantasmatisation permet de contenir, maintenir et traiter l‘excitation pulsionnelle. Ce processus permet au sujet de renoncer à la satisfaction immédiate pour préparer une satisfaction ultérieure. Il fait le fond de l’investissement du registre des représentations mentales dans leur ensemble (Benno Rosenberg, Claudia Schäffer).
Au nourrisson, toute bonne mère permet de supporter l’attente devant la satisfaction. De retenir une certaine tension interne, ce qui permet que le bébé ne fonctionne pas ultérieurement dans le registre primaire de la décharge immédiate. Petit à petit, dans le fonctionnement normal, le processus secondaire va prendre le pas sur le processus primaire et l’inhiber.
Cet engagement processuel débute par l’hallucination de la satisfaction (Freud), lorsque le bébé suce son pouce ou un autre objet que celui qui le nourrit (c’est l’hallucination du sein du nourrisson) après que l’expérience de la tétée se soit reproduite un certain nombre de fois. Pour que ce système hallucinatoire fonctionne (que le bébé y trouve suffisamment de plaisir pour le perpétuer), il faut en effet qu’une autre satisfaction du besoin, à un autre moment, survienne, et pas une fois unique. Cela lui permet de ré-utiliser l’hallucination de la satisfaction.
De l’hallucination à la représentation
Après un certain temps, le bébé va apprendre à se re-présenter l’objet du désir/besoin pour aller vers une satisfaction. C’est ce passage en processus secondaire qui va inhiber le processus primaire de l’hallucination. La mère, par ses soins, va apprendre au bébé l’attente. Celui-ci va devoir accepter le déplaisir. Il va, de plus, apprendre à investir ce déplaisir. Retenant son excitation pulsionnelle, il va apprendre à investir cette rétention : d’abord par le mécanisme de l’hallucination(qui lui fournit du plaisir s’il est soutenu par une reproduction de la présentation de l’objet qui le sous-tend), puis par celui de la représentation (re-présentation) qui lui permet, n’étant plus la reproduction similaire à l’objet (hallucination), de s’en détacher, de s’en distancer.
Ce faisant, elle installe l’espace (comme jeu entre elle et la représentation précédente ou autre de l’objet ; et comme espace entre l’objet de l’attente et le sujet qui attend), le temps (dans la succession des représentations ; et dans le temps de l’attente), la logique (dans le mécanisme associatif entre ces différents instants et points de vue qui déclinent l’objet dans toutes ses représentations et pourront l’associer à d’autres représentations, d’autres objets), et bien sûr l’objet.
La représentation permet, de l’objet premier qu’est le sein, une re-présentation qui diffère de la présentation première qui s’est montrée au bébé (objet de l’hallucination). Elle instaure un point de vue qui fait le socle de la pensée, un jeu à l’intérieur du système d’organisation des objets qui s’initie chez l’enfant. Elle permet que se constitue l’embryon d’une intériorité contenante, d’un sac à représentations différentes d’objets de la réalité matérielle en autant d’objets internes dont la liaison fait le jeu même de l’intériorité.
Intériorité, pensée, altérité
L’intériorité est constituée d’objets internes dont la différenciation constitue sa troisième dimension, la dimension contenante, qui s’exerce peu à peu par l’espace entre les différentes représentations liées à un objet qui pourra être catégorisé comme même.
Elle naît et se reconduit dans le déplaisir, l’absence de satisfaction immédiate de la pulsion qui inféode à l’objet unique qui la contente absolument. C’est dans le mystère de l’objet constitué, dans son jeu d’ombres et les associations continues nécessaires pour le constituer comme tel que naît la pensée.
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