Tartuffe

est « un gueux, qui quand il vint n'avait pas de soulier ». Ainsi pendant les deux premiers actes, tous les personnages en présence défendent ou attaquent Tartuffe, Molière dénonce ici l’hypocrisie à travers les propos, les airs des personnages ; mais derrière cela, le spectateur doit pouvoir se faire une idée du personnage de Tartuffe. Dès les deux premiers actes, le spectateur est au courant de la duplicité de caractère de Tartuffe et se questionne sur comment les plus jeunes et honnêtes gens vont dévoiler la supercherie de Tartuffe. L’hypocrisie est représentée également à travers Tartuffe qui, des sa première apparition à l’acte III, parle comme un homme pieux et humble mais qui se trahit lui-même lorsqu’il demande a Dorine de « cacher son sein » : il montre sa faiblesse et son désir pour les femmes. Le spectateur connaissant déjà le véritable caractère de Tartuffe, peut rire de cette scène ou Tartuffe se dénonce sans s’en rendre compte. Mais sa véritable personnalité se montre également lorsqu’il dénonce Orgon ou bien dans la scène burlesque où Tartuffe fait la cour à Elmire et qu’Orgon est caché sous la table et ne se décide pas à se montrer malgré les appels de sa femme. De ça, le spectateur peut rire de Tartuffe qui se trahit, mais également d’Orgon qui n’ose pas se montrer, on a donc ici un comique de caractère et de situation.

La pièce contenant peu de didascalies, les interprétations de Tartuffe diffèrent selon les différentes mises en scène. Tartuffe est le personnage principal, mais son temps de présence sur scène est réduit : il occupe paradoxalement le premier rôle plus par son absence de la scène que sa présence. Mais si on prend la mise en scène de Stéphane Braunschweig (2008), il nous présente un Tartuffe moderne et dit lui-même qu’il a voulu montrer « la maladie d’Orgon » pour lui Orgon est donc le personnage principal et non Tartuffe. Aussi la scène d’introduction qui doit nous faire rire dans laquelle Madame Pernelle prend la tour de Babel pour celle de Babylone, dans la version de Stéphane Braunschweig parait avoir un air plus tragique, de plus le décor donne une atmosphère pesante et frustrante. Dans la mise en scène d’Ariane Mouchkine, il y a une transposition pas seulement de l’époque mais du contexte : Tartuffe est représenté comme un intégriste islamiste et non comme un dévot.

Tartuffe est une pièce qui met en scène le personnage éponyme, manipulant Orgon le maître de famille en utilisant la dévotion, et réussit à devenir son « directeur de conscience ».Tartuffe est donc perverti car ses intentions sont mauvaises envers la famille. On y retrouve des thèmes comme l’hypocrisie, le cynisme, l’absence de scrupules et la corruption de Tartuffe. Des sujets graves sont abordés comme la fausse dévotion ou les défaillances de l’autorité paternelle lorsqu’ Orgon donne tous ses biens à Tartuffe et non à son fils et refuse de croire ce que les autres pensent de Tartuffe, on y retrouve l’entêtement d’Orgon. Tartuffe exhibe les apparences de la dévotion mais se comporte comme un homme matérialiste dont le point faible est la femme et le désir charnel. Mettre en scène un Tartuffe à notre époque actuelle est un véritable défi, bien que les thèmes abordés soient toujours d’actualités, le fait que le texte soit écrit en français ancien peut poser problème. Ariane Mouchkine a sûrement compris cela en dénonçant dans sa mise en scène non pas le fanatisme catholique mais le fanatisme islamique, qui est plus présent à notre époque que l’est le fanatisme catholique de nos jours. Sa mise en scène permet aussi de montrer la violence des sentiments des personnages : une forte hypocrisie mais aussi les défaillances dans la famille et le chaos installé depuis l’arrivée de Tartuffe. Mettre en scène un grand classique est complexe car il faut garder l’authenticité de la pièce à l’époque où elle a été faite, tout en modernisant la pièce. Tartuffe décrit aujourd’hui