Tenu Vestimentaire

étaient envoyées aux oubliettes (oubliettes dont on a la clef au cas où, elles pourront peut-être servir par la suite), et puis le plus souvent, il restait une quille à la fin sur laquelle reposait notre espoir de tenir quelque chose de bien.

Alors voilà, nous sommes partis avec l'idée de nous intéresser à la musique puisque c'était l'intérêt que nous partagions à peu près tous. Le tout est de savoir de par quel angle s'attaquer à la musique ? Après quelques pistes, nous sommes partis sur celle des vêtements. Pourquoi les vêtements ? Ils sont plusieurs objets. En effet, ils peuvent être simplement le seul moyen pour ne pas être nu car il est interdit de se montrer dans son plus simple appareil dans l'espace public. Pour d'autres, le vêtement est perçu comme une manière de revendiquer une cause en arborant des badges, des chaînes ou encore des couleurs significatives comme par exemple l'écharpe rouge fait référence au communisme. En outre, certains préfèrent voir les vêtements comme un moyen de se démarquer de la masse, c'est à dire de la culture mondialisée d'aujourd'hui (jean, tee-shirt et basket au pied). C'est sur ce dernier point que nous nous sommes arrêtés.

De fait, nous avons senti en abordant ce point que quelque chose se jouait au niveau de la question identitaire. Si nous nous retournons dans la rue sur quelqu'un que l'on vient de croiser et qui porte un style plutôt orienté "gothique" ou quoi que ce soit, c'est que quelque chose se joue en rapport avec la norme, avec l'identité, avec la musique et les vêtements.

L'idée centrale commençait à prendre forme. Le squelette de notre étude se dessinait doucement et nous sentions à ce moment qu'on était sur quelque chose de bien et qui plus est, nous intéressait. Nous sommes donc ressortis de cette séance de réflexion avec plusieurs questions en tête et toutes tournaient autour de celle-ci : qu'est ce qui fait que certains s'habillent différemment de la norme ?

Ce sujet était encore trop vaste et c'est pourquoi nous nous sommes focalisés sur le rôle de la musique dans cet acte. En attendant la prochaine séance pour se retrouver ensemble et parler de nos avancées sur le sujet, nous essayons, à chaque fois que l'on se trouvait dans la rue, de regarder la réaction des gens en voyant passer à côté d'eux une personne habillée de telle sorte que cela pourrait retenir leur attention, du moins un regard quel qu'il soit. Étonné, choqué, admiratif ou ironique, les sourires et les regards en disaient long sur le sentiment des gens à l'égard de ces personnes...Dans tous les cas, il y avait une réaction, contrairement à la normale.

Nous arrivons donc vers une séance qui fut riche en débats. Débats qu'il y a eu à cause d'un seul et même mot. Mot imaginaire. "Musicalo-vestimentairement". Pierre Antoine, qui voulait trouver une seule question qui pourrait résumer notre sujet se disait qu'il serait plus simple de condenser en un mot le rapport entre la musique et les vêtements. Après s'être secoué les neurones, il lui est venu ce mot. Bien sûr, la prof n'était pas de notre avis malgré la verve de Pierre Antoine qui défendait son mot comme un enfant et qui voulait écrire à l'Académie Française, s'il n'y avait que ça.

Après avoir vite pesé le pour et le contre, nous avons abandonné ce mot même s'il résumait bien notre pensée. En effet, la question que nous avions trouvée était : comment et pourquoi certains jeunes Tourangeaux se démarquent-ils "musicalo-vestimentairement" des autres jeunes ?

De par ce terme, nous voulions exprimer l'idée d'un rapport très étroit entre la musique et les vêtements chez ces jeunes gens. Ce n'est ni la musique qui forge une identité vestimentaire ni les vêtements qui forment une identité musicale à la personne, ce sont les deux en même temps. Cependant, après avoir réfléchi là-dessus, nous avons établit trois types de personnes que Pierre-Antoine s'était empressé de dessiner sur le tableau de salle comme ceci :

* 1 : Personne qui s'habille de telle façon en adéquation avec la musique qu'elle écoute

* 2 : Personne qui s'habille de telle façon sans rapport avec la musique qu'elle écoute

* 3 : Personne qui s'habille de telle façon afin de se démarquer de la masse.

Finalement, nous n'avons gardé que les deux premières affirmations car la troisième peut s'inscrire dans la deuxième. Cette séance fut donc capitale car c'est ce schéma qui va être le ciment de notre étude.

Lors de la séance qui a suivit, nous avons noté quelques questions que nous aimerions poser au moment de l'entretien telles que : "la musique influence-t-elle votre manière de vivre ?", nous nous sommes aussi posés des questions à nous-mêmes : "Comment la musique peut-elle être à la base d'une identité ?", "La musique est-elle le socle identitaire des jeunes qui se démarquent par le biais des vêtements ?", "L'apparence comme signe d'appartenance à un style musical ?" ou encore "La musique est-elle le socle des jeunes qui revendiquent une identité ?".

Pendant cette même séance, il nous est venu l'idée du terrain de la population, etc...

"Terrain : Vieux Tours (aux alentours de la place Plumereau)

Population : 18-25 ans qui portent des vêtements qui nous font penser à une musique"

A la fin, Antoine (élève en thèse qui nous accompagnait) nous a conseillé quelques lectures afin de pouvoir poser un cadre théorique à notre recherche. C'est donc ce que nous avons fait, nous sommes ressortis avec quelques références littéraires comme :

* David Lebreton, Cultures adolescentes, entre turbulences et construction de soi, Broché, 2008.

* Badaoui et Lebrun, L'identité sociale au cœur des comportement de consommation des adolescents, le cas des styles vestimentaires, Thèse, Université de Bourgogne, 2007.

* Pierig Humeau, Le mouvement Punk indépendant, apprentissages, représentations et engagement contre culturel, Thèse, Université de Poitiers.

Quelques semaines se sont passées après cela et notre sujet était au point mort. Il était alors temps de faire le point sur ce qu'on avait déjà et sur ce qu'il nous restait à travailler avant de pouvoir aller sur le terrain et rencontrer des personnes afin de les interroger.

Clément, qui avait regroupé toutes les feuilles où l'on avait écrit depuis le début, pris la parole :"Bon, on en est là : On a à peu près notre sujet ! C'est à dire en une question "Comment et pourquoi certains jeunes vont se démarquer par le biais des vêtements et de la musique"...mais vous ne trouvez pas que le rapport entre la musique et les vêtements n'est pas assez clair ?"

"C'est pour ça que musicalo-vestimentairement c'était parfait" rétorqua Pierre-Antoine, toujours aussi attaché à sa trouvaille.

Nous avons retravaillé une dernière fois notre sujet.

Il nous fallait nous concentrer sur deux types de personnes car pour une question de faisabilité, ce sera plus facile. Nous avons donc choisi de se focaliser sur les personnes qui, à première vue, quand on les croise dans la rue, nous font penser aux styles que l'on appellera "Métal" et "Roots" :

* Métal : Vêtements dans l'ensemble sombres, chaînes apparentes, cheveux souvent longs, piercings, grosses chaussures.

* Roots/Reggae : Vêtements plutôt colorés, Cheveux coiffés de dreadlocks, pantalons amples

Voilà les critères vestimentaires et de l'apparence des personnes que nous allions interroger.

Pour ce qui est du terrain, nous avons décidé de ne pas en déterminer un en particulier pour la simple raison qu'il n'y a pas de lieu établis où l'on peut rencontrer ces personnes même si, évidemment, il est facile de remarquer qu'ils se retrouvent plus ou moins aux mêmes endroits pour ces personnes qui se sentent parfois proches du concept de "communauté". Nous verrons par la suite que nous avons eu raison de faire ce choix.

Quant au sujet en lui même, plusieurs questions centrales à poser lors de l'entretien nous sont venues et elles sont définitives (…) Par la suite la formulation finale de notre recherche a été établie, ce sera : « Les jeunes, le rapport identitaire entre la musique et les vêtements. »

Au cours des différentes séances, nous nous étions écartés du problème identitaire pour nous focaliser sur le style et la manière de vivre des gens que l'on placerait dans les catégories "Métal" et "Roots". Puisqu'on revient toujours sur nos premières idées, qui sont souvent les meilleures, les questions de l'identité, du regard des autres et du cadre familial par exemple, nous sont revenues en tête.

Pourquoi