Verlaine En Mots Dits
Mémoires Gratuits : Verlaine En Mots Dits. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresffre affreusement. Plus rien ne l'intéresse, la nature, le charme des couchers de soleils, les arts. Il ne croit plus en rien. On sait Verlaine hypersensible mais instable, insatisfait dans sa quête d'absolu, dépressif, sans volonté. Il ne sait plus faire de différence entre le bien et le mal, le bon et le méchant, Dieu et Satan. En se réfugiant dans ce monde prétexte à la nuance, aux impressions, Verlaine nous peindra dès lors une réalité reflet de son âme et de tous ses cheminements. On voit ces perceptions dans cette image.
Promenade sentimentale
Le couchant dardait ses rayons suprêmesEt le vent berçait les nénuphars blêmes ;Les grands nénuphars entre les roseauxTristement luisaient sur les calmes eaux.Moi j'errais tout seul, promenant ma plaieAu long de l'étang, parmi la saulaieOù la brume vague évoquait un grandFantôme laiteux se désespérantEt pleurant avec la voix des sarcellesQui se rappelaient en battant des ailesParmi la saulaie où j'errais tout seulPromenant ma plaie ; et l'épais linceulDes ténèbres vint noyer les suprêmesRayons du couchant dans ses ondes blêmesEt les nénuphars, parmi les roseaux,Les grands nénuphars sur les calmes eaux.
Paul Verlaine, « Promenade sentimentale », Poèmes Saturniens (1866)
L'étang est un prétexte au thème du reflet et du miroir, deux sources lumineuses lui renvoient sa propre image, celle du soleil couchant et celle de l'étang. Il y a comme un écho entre les images qui jouent sur les jeux d'ombres et de lumières. Le paysage qui est une réalité va prendre une apparence irréelle presque abstraite au soleil couchant. Il y a une transfiguration du réel qui peut être comparé à l'impressionnisme, constitué de petites touches descriptives. C'est une promenade souvenir rappelant de merveilleux moments amoureux, on assiste à un épanchement mélancolique, presque funèbre. C'est cette sensation que véhicule également ce tableau La Grenouillère , peint par Claude Monet en 1869 (La Grenouillère était un restaurant de bains sur la Seine. Elle était fréquentée par la petite bourgeoisie parisienne.
Dans les bois
D'autres, - des innocents ou bien des lymphatiques, - Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux, Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux ! D'autres s'y sentent pris - rêveurs - d'effrois mystiques. Ils sont heureux ! Pour moi, nerveux, et qu'un remords Épouvantable et vague affole sans relâche, Par les forêts je tremble à la façon d'un lâche Qui craindrait une embûche ou qui verrait des morts. Ces grands rameaux jamais apaisés, comme l'onde, D'où tombe un noir silence avec une ombre encor Plus noire, tout ce morne et sinistre décor Me remplit d'une horreur triviale et profonde.
Surtout les soirs d'été : la rougeur du couchant Se fond dans le gris bleu des brumes qu'elle teinte D'incendie et de sang ; et l'angélus qui tinte Au lointain semble un cri plaintif se rapprochant. Le vent se lève chaud et lourd, un frisson passe Et repasse, toujours plus fort, dans l'épaisseur Toujours plus sombre des hauts chênes, obsesseur, Et s'éparpille, ainsi qu'un miasme, dans l'espace. La nuit vient. Le hibou s'envole. C'est l'instant Où l'on songe aux récits des aïeules naïves... Sous un fourré, là-bas, là-bas, des sources vives Font un bruit d'assassins postés se concertant.
Paul Verlaine, « Dans les bois », Poèmes Saturniens (1866)
La musicalité suggestive s'expriment dans ce poème. Modéré dans ses audaces, "Dans les bois" reste un poème émotionnel et musical harmonieux
La forêt lui renvoie une foule de symboles qui reflètent son état d'âme (paysages états d'âmes), L'univers mental de Verlaine est peuplé de fantasmes. C'est dont on retrouve dans cette peinture datant de 1639, peint par Nicolas Poussin. Ce tableau: La Manne .
Nevermore
Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L’automneFaisait voler la grive à travers l’air atone,Et le soleil dardait un rayon monotoneSur le bois jaunissant où la bise détonne. Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.Soudain, tournant vers moi son regard émouvant :« Quel fut ton plus beau jour ? » fit sa voix d’or vivant, Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.Un sourire discret lui donna la
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