Analyse de la dénomination du mot « ami » dans les réseaux sociaux

ose que les gens partagent, mais une chose à laquelle chacun d’entre nous se raccroche individuellement dans la solitude de sa grotte informatique, occupé à se rassurer en comptant ses amis comme un enfant solitaire joue à la poupée.

Face à cette vision particulièrement pessimiste, une question se pose : sommes nous réellement dupes de cela ? Prenons nous vraiment nos contacts FaceBook pour amis ? A.Casilli rappelait avec une pointe d’humour que « mon friend n’est pas mon ami », il veut ainsi dire par là que nous avons parfaitement conscience de ne pas considérer nos contacts en tant qu’ami. En effet, ces relations par écrans interposés sont émotionnellement moins investies que l’amitié en chair et en os. Comme le montre l ‘étude de C.Marlow, nous ne disposons sur Facebook que de quelques vrais amis, ces amis étant nos amis dans la vie réelle, les autres ne représentant alors que des contacts. Le réel péril que peut donc rencontrer le concept d’amitié dans les réseaux sociaux est de penser que l’amitié contemporaine se résume à ces réseaux virtuels.

L’utilisation d’un mot spécifique pour distinguer ces relations devient alors nécessaire, comme, par exemple, le terme de « Friending », utilisé par A.Casilli. Le Friending désigne alors exclusivement ce type de lien tout à fait spécifique aux environnements sociaux du web. En effet, si le terme d’amitié semble bien usurpé et galvaudé sur les réseaux sociaux, le fait d’utiliser un terme spécifique montre que le Friending ne remplace pas l’amitié, les deux pouvant aller de pair. Le Friending n’empêche d’ailleurs pas la proximité émotionnelle ou sociale entre les usagers.

Dès lors, on peut dire que les réseaux sociaux restent sociaux dans le sens où ils ne constituent pas une rupture avec nos relations, sous condition de discerner l’amitié de son ersatz virtuel, le Friending, mais représentent plus une extension des liens que nous connaissions déjà.