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Voyage autour du monde (Bougainville 1771)

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un adverbe de lieu marque la généralisation : « partout nous voyions »…

Hormis les cris « tayo », Bougainville décrit une coutume exotique qui l’a marqué, concernant les lois de l’hospitalité : une espèce de fête païenne est organisée durant laquelle on offre une jeune fille, que Bougainville désigne par la périphrase qui montre sa gêne « victime du devoir hospitalier ». Dans cette cérémonie, tous les sens sont touchés : on mange, des fleurs sont répandues à terre, des musiciens chantent. Les métaphores employées par l’auteur renvoient aux cérémonies primitives : les chants sont « des hymnes à la jouissance », Vénus est la déesse de cette fête, chaque « jouissance » est une fête pour tous, de façon naturelle. D’ailleurs, les Tahitiens sont « surpris de l’embarras qu’on témoignait ». L’offrande sexuelle des jeunes filles, bien que décrite à mots couverts est suffisamment explicite et montre l’étonnement de l’hôte comme nous le verrons plus loin.

Mais le naturel du comportement des habitants va de pair avec la description d’un paysage et d’une vie qui évoquent le paradis originel, comme le dit d’ailleurs explicitement Bougainville, complètement sous le charme du lieu et de ses habitants : « je me croyais transporté dans le jardin d’Eden ». En effet, les habitants vivent en groupes, comme le montrent les nombreux termes génériques « la foule », « des troupes », « un peuple ».. . Tous semblent donc vivre en harmonie, sans jalousie et connaissant « le repos, une joie douce et toutes les apparences du bonheur ». La nature est une mère nourricière. L’accumulation des termes mélioratifs met ses bienfaits en valeur : « de beaux arbres fruitiers », une fraîcheur délicieuse », « un gazon »…

La personnification de la nature donne l’image d’un bienfait dont les habitants n’ont qu’à profiter sans se fatiguer. « des trésors que la nature verse à pleine mains ». L’utilisation du pluriel renforce d’ailleurs l’idée d’abondance ( et évoque la corne d’abondance de la mythologie ). Comme Adam et Eve avant la pomme, les Tahitiens peuvent donc rester « à l’ombre des vergers » et se reposer. On retrouve là un thème fréquent au 18ème siècle : celui du bon sauvage et du paradis perdu, fantasmes que les philosophes de ce siècle ont entretenus (dont Rousseau pour qui « l’homme est bon naturellement ; c’est la société qui le corrompt ») . D’ailleurs, Bougainville s’extasie aussi devant « le vieillard vénérable », fruit de cette civilisation. Tout est décrit en lui pour faire ressortir les bienfaits de cette vie harmonieuse. Tous les termes employés sont élogieux : « respectable », « belle figure », « corps nerveux et rempli ». Bougainville ne montre que les aspects positifs de l’âge : la respectabilité et la sagesse, caractérisée par la métaphore des « cheveux blancs et d’une longue barbe ». Les tournures négatives gomment par contre, les effets négatifs : « aucune ride » « aucun signe de décrépitude » : la négation totale est hyperbolique et traduit la subjectivité de l’auteur ».

Cet éloge d’une autre civilisation montre, tout d’abord, comme nous l ‘avons vu, la nostalgie d’un paradis perdu mais aussi la conscience des défauts et des paradoxes de la société occidentale. Ainsi, le fait que Bougainville prenne la peine de préciser que « chaque jour, nos gens se promenaient dans le pays sans armes » montre certes, d’un côté le caractère paisible des Tahitiens mais aussi la violence des français pour qui les armes font partie de l’équipement habituel.

De même, lors de la cérémonie d’accueil de l’hôte, Bougainville parle de l’ « embarras » de ses hommes qui n’ont pas l’habitude de montrer des marques d’effusions sexuelles en public : « nos moeurs ont proscrit cette publicité ». Deux civilisations se côtoient donc avec des conventions, des règles de bienséance qui sont différentes. Pourtant, alors que les Tahitiens semblent rester fidèles à leurs codes, la double négation employée par Bougainville pour atténuer sa confession dans la phrase suivante, montre que les marins ont eu vite raison de leur pudeur . « je ne garantis pas qu’aucun n’ait vaincu sa répugnance ».

D’autre part, la description du vieillard permet à Bougainville d’évoquer le pouvoir sournois de la civilisation occidentale sur les autres. En effet, « son air rêveur et soucieux semblait annoncer qu’il craignait que ces jours heureux […] ne fussent troublés par l’arrivée

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