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Capital naturel et développement durable en Afrique

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es pays émergents et sur le développement durable. Il est l’auteur de sept ouvrages et de nombreux articles. Parmi ses derniers livres : L’Inégalité du monde. Économie du monde contemporain (Gallimard, 1996) et Le Commerce des promesses. Petit Traité sur la finance moderne (Seuil, 2001). Denis Loyer est ingénieur agronome et halieute. Il est responsable depuis quatre ans de la division Environnement et Ressources naturelles à l’AFD. Il a été antérieurement responsable de projets de développement rural, pêche et environnement dans des agences de l’AFD dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et centrale ainsi qu’à Madagascar. Son engagement dans la gestion durable des ressources naturelles, biodiversité, sol, forêts, eaux ou halieutiques a contribué à développer les financements de l’AFD dans ce domaine. Il développe actuellement la prise en compte de l’environnement de manière générale dans les opérations de l’AFD.

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Capital naturel et développement durable en Afrique

Pierre-Noël Giraud, Denis Loyer

Avant Propos, par Serge Michaïlof _____________________________________________________ 4 1. Introduction ____________________________________________________________

___________ 6 2. Les paradigmes actuels des politiques d'aide au développement __________________________ 7 2.1. Les objectifs___________________________________________________

_________________ 7 2.2. Les raisons politiques des ODM ____________________________________________________ 8 2.3. ODM et croissance économique ____________________________________________________ 8 2.3.1. Le paradigme du triangle « pauvreté-croissance-inégalités » __________________ 8 2.3.2. L’expression opérationnelle du paradigme _______________________________ 10 2.4. La production de biens publics globaux (BPG) ________________________________________ 11 3. Le rôle du capital naturel dans le développement : typologie et esquisse de modélisation ____ 12 3.1. Le lien entre Ressources Naturelles et pauvreté ______________________________________ 13 3.2. Capital naturel et richesse en Afrique _______________________________________________ 13 3.3. Le « Triangle du Capital Naturel »__________________________________________________ 16 3.4. Le « Modèle aux Elastiques », un exemple de modélisation de la relation entre capital naturel et croissance__________________________________________________

______________________ 18 4. Pour une approche plus « naturelle » de la lutte contre la pauvreté en Afrique ______________ 20 4.1. Une industrialisation qui se fait attendre _____________________________________________ 20 4.2. Préserver le capital naturel est une priorité dans la lutte contre la pauvreté en Afrique_________ 20 5. Conclusions opérationnelles_____________________________________________

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Capital naturel et développement durable en Afrique

Pierre-Noël Giraud, Denis Loyer

Avant Propos, par Serge Michaïlof

Dans cet article introductif très original, Pierre-Noël Giraud et Denis Loyer soulignent l’importance des ressources naturelles pour les plus pauvres en Afrique. Ils s’appuient en particulier sur plusieurs rapports récents de la Banque mondiale et des Nations Unies qui mettent en évidence le rôle des ressources naturelles (telles que la fertilité des sols, la biodiversité etc.) en tant que composante essentielle de la richesse des pays en développement. Ces rapports soulignent aussi l’importance des revenus issus directement de ces ressources naturelles pour les populations les plus déshéritées. P-N. Giraud et D. Loyer nous rappellent ainsi que s’il faut une expertise spécifique, donc un capital humain significatif pour être agriculteur, pasteur ou pêcheur, lorsque le capital naturel disparaît, le capital humain correspondant ne vaut plus rien et seul subsiste une force de travail non qualifiée qui ne peut guère trouver à se valoriser que par l’émigration vers les villes ou l’étranger.

Les auteurs s’étonnent à juste titre dans ce contexte, de l’oubli quasi systématique des actions de préservation de ces ressources naturelles dans les stratégies de lutte contre la pauvreté financées et souvent suggérées par les donateurs internationaux dans le cadre des DSRP. Or de nombreuses trappes à pauvreté sont en premier lieu dues à un accès insuffisant des plus pauvres au capital naturel ou cas encore plus fréquent, à la dégradation de celui qui est à leur disposition. En effet, d’une part les plus pauvres dégradent leur capital naturel pour tenter de survivre en coupant par exemple les arbres de leurs terres en cas de sécheresse ; d’autre part les entreprises locales ou étrangères exploitent le plus souvent de manière non durable ce capital naturel parce que les droits de propriété correspondants ne sont pas définis. Les auteurs

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Capital naturel et développement durable en Afrique

Pierre-Noël Giraud, Denis Loyer

s’alarment dans ces conditions du sacrifice inconsidéré de ces ressources naturelles dans des stratégies de développement à courte vue, qui à la fois privilégient le très court terme et méconnaissent les facteur constituant la richesse des pays africains. Dans ces conditions les auteurs réintroduisent le capital naturel dans le célèbre triangle croissance- pauvretéinégalités et tentent de modéliser la relation entre capital naturel et croissance économique en introduisant un séduisant et amusant « modèle aux élastiques ».

Certes depuis quelques années, les raisonnements fondés sur les biens publics globaux qui remettent au cœur du débat le capital naturel sont devenus l’un des axes importants de justification de certaines politiques d’aide au développement comme nous l’avons souligné dans l’introduction de cet ouvrage. Pour autant les conflits entre intérêts locaux et globaux et les considérations de court terme s’opposent souvent à la prise en compte de ces aspects. Les financements par l’aide internationale de biens publics globaux restent dans ces conditions limités à un nombre restreint de secteurs environnementaux et ne mobilisent in fine que marginalement l’aide publique au développement via quelques fonds spécialisés et quelques ONG. P-N. Giraud et D. Loyer plaident par conséquent pour que la préservation du capital naturel soit remise au cœur des priorités de la lutte contre la pauvreté en Afrique. Ils en tirent un ensemble de conclusions opérationnelles pratiques qui sont illustrées par certains des exemples ultérieurement développés dans ce chapitre.

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Capital naturel et développement durable en Afrique

Pierre-Noël Giraud, Denis Loyer

1. Introduction

Les thèses malthusiennes font un retour en force, on nous promet des catastrophes inévitables, à moins de bouleverser dès aujourd’hui nos modes de vie. Or le monde est déjà entré dans une longue phase de transition, qui va durer près d’un siècle, mais qui verra l’extinction de ce genre d’inquiétude malthusienne. En effet, la planète est certes finie, mais l'humanité aussi. Elle se stabilisera avant la fin du siècle entre neuf et onze milliards d'hommes, et pourra même décroître après. La question est donc : avec les techniques actuelles, avec les ressources actuelles, une humanité de dix milliards d’hommes peut-elle vivre correctement sans détruire la planète ? La réponse théorique, tout le monde le sait, est oui. Elle est encore plus fermement positive si l'on prend en compte l'hypothèse d'un progrès technique dans le siècle qui vient, ce qu’on peut faire sans grands risques. Le problème, s’il y en a un, n’est donc pas technique, mais économique et politique. Le monde est en transition vers un nouveau stade de son développement où la démographie et la consommation de ressources au sens large, incluant les « capacités d’absorption » (« carrying capacities ») de la nature, sera stabilisée, et non plus en croissance exponentielle comme depuis le début de l’ère industrielle. Ce cadrage par le très long terme est indispensable pour éviter des discours apocalyptiques et millénaristes très fréquents de nos jours et cependant hors de propos. Mais la question essentielle, qui reste très ouverte, est celle de l’état dans lequel se trouvera la planète à la sortie de cette transition ! De ce point de vue, il est certain que les trois à cinq prochaines décennies seront à elles seules beaucoup plus décisives que toutes celles qui se sont écoulées depuis le début de l’ère industrielle quant à la qualité de la planète que nous livrerons à l’exploitation « nécessairement soutenable » du prochain siècle. Nous avons de ce fait deux lourdes responsabilités. Nous avons d’abord, à l’égard des générations futures, la responsabilité de pouvoir éviter, si nous le voulons vraiment, des dégradations irréversibles de l’environnement, c'est-à-dire telles que les générations futures, malgré toute leur science et leurs techniques, ne pourront pas les réparer

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