Commentaire de texte derniere page d'Une vie de Maupassant
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II - Le sens du dénouement
A. La ferveur de la vie retrouvée
Une nouvelle fois, c’est au printemps que la vie semble sourire à Jeanne. Des métaphores soulignent les couleurs dont s’orne le paysage, rempli de fleurs : " l’or des colzas en fleur ", " le sang des coquelicots ". L’hyperbole " inondant de clarté " indique l’intensité de la lumière. L’adjectif " tachées " fait penser au tableau d’un peintre. La vivacité des hirondelles (" comme des fusées "), les " sèves " qui germent donnent l’impression d’une renaissance. Le spectacle est d’autant plus doux que la vitesse de la carriole berce ses occupants.
A l’unisson du paysage, l’enfant qui vient de naître ranime la vie de Jeanne : son influence bénéfique est signalée par les expressions " une tiédeur douce ", " une chaleur de vie ", " la chaleur ". Le réchauffement physique et moral est exprimé par le champ lexical du mouvement : " traversant ", " gagna ", " pénétra ". La fragilité de l’enfant est attendrissante : " la frêle créature, frappée par la lumière vive ". La réaction de Jeanne est d’autant plus spectaculaire que Maupassant la fait attendre : l’enfant est d’abord invisible dans le linge, avant que sa chaleur ne rappelle sa présence et n’amène Jeanne, dans une apothéose d’émotion, à découvrir sa figure.
B. La continuation d’une vie
Jeanne passe dans cette scène de l’apathie à l’exaltation. S’agit-il d’une renaissance, d’une revanche sur le sort, ou d’un énième et vain espoir ? Le narrateur souligne la violence de Jeanne : " (elle) se mit à l’embrasser furieusement, la soulevant dans ses bras, la criblant de baisers ". Cet amour rappelle déjà celui, possessif et hystérique, qu’elle vouait à Paul. Le nouveau-né, traité comme un objet, offre un nouveau support à sa tendresse idéale. L’expression " la fille de son fils " évoque le penchant de la baronne et de Jeanne pour la généalogie, propice aux illusions de bonheur. L’hyperbole de l’ " émotion infinie " n’est pas non plus sans faire penser aux rêves nourris plus tôt dans le roman. Quant à la conclusion de Rosalie, concentré de sagesse populaire, elle consacre l’insignifiance d’une vie.
Avec cette fin larmoyante destinée à plaire au public, Maupassant revient à la convention qu’il a plutôt bien évité dans l’œuvre, et qu’il dénonçait justement dans l’esprit romanesque de ses personnages. Mais on peut lire ces dernières lignes avec le regard ironique auquel le narrateur nous a accoutumés précédemment.
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